11 novembre 2021, une cérémonie du centenaire pour la section des Anciens Combattants (59370)

11 novembre 2021, une cérémonie du centenaire pour la section des Anciens Combattants (59370)

Le 11 novembre 2021, au monument aux Morts de la commune

« Un pays qui oublie son passé est condamné à le revivre », Wiston Churchill

Le 11 novembre 1918, était signé l’armistice qui mettait fin à quatre années de guerre et de souffrances.  Ce n’est que le 11 novembre 1921 – trois années plus tard – qu’était créée l’Association des Anciens Combattants. Elle a perduré jusqu’à aujourd’hui.

À cette même date, on enterrait sous l’Arc-de-Triomphe de la place de l’Étoile, à Paris, le soldat inconnu.  Si la guerre était bien finie en 1918, elle était loin d’avoir été oubliée.Les 1 400 000 soldats français, morts au combat avaient laissé presque autant de veuves, mais aussi provoqué la souffrance de leurs enfants, de leurs parents et de leurs proches. La France était confrontée à un autre combat : celui de reconstruire le pays sur le champ de ruines laissé par l’occupant. Il fallait trouver le moyen de se souvenir de ces temps terribles, pour faire Nation et Communauté. Les anciens de Verdun ou du Chemin-des-Dames se regroupent dans les Associations d’Anciens Combattants.  Il y en naquit une dans chaque ville et dans chaque village. La guerre est quelque chose d’indicible que l’on ne peut partager qu’avec avec ceux qui l’ont vécue. L’une des premières actions de la section monsoise fut sa contribution à la construction du Monument aux Morts.  Il fallait un lieu symbolique où l’on puisse communier… se souvenir ensemble de ces années de destructions, de douleur et de deuils. 

11 novembre
L’inauguration du monument, le 24 août 1924

Le monument fut inauguré en août 1924.

Depuis cette date, les anciens combattants, les élus et la population monsoise viennent s’y recueillir, chaque 11 novembre.  Bien sûr au fil des années, les rangs des anciens Poilus des batailles mémorables des années 1914–1918, ce sont éclaircis… au fur et à mesure que surgissaient d’autres générations et d’autre guerres :  celle de 1939–1945, le Vietnam, l’Afrique du Nord. En 1976, pour le 60eanniversaire de la bataille de Verdun, il y avait encore dans la commune cinquante anciens combattants qui avaient connu la guerre de 1914–1918. Aujourd’hui, ils ont tous disparu.  Il ne reste plus qu’un seul ancien combattant vivant de la seconde Guerre mondiale.

La section des Anciens Combattants, le 11 novembre 1944. La plupart de ces hommes ont été engagés dans la Résistance active

Mais, au fur et à mesure que la section des Anciens Combattants s’éclaircit, de nouvelles générations prennent le relais pour célébrer chaque année l’anniversaire de cet armistice du11novembre 1918. Peut-être ont-elles en tête cette phrase de Winston Churchill :« Un pays qui oublie son passé est condamné à le revivre ».

Le discours du Maire :

Rudy Elegeest, le maire de la commune

11 Novembre 2021 

Au lendemain de l’armistice de 11 novembre 1918, si la fin des combats fut un soulagement, si elle suscita, du côté des vainqueurs, une certaine griserie temporaire, le pays, du nord à l’est, et de nombreuses familles se trouvent dans une profonde désolation morale et physique. 

Une nouvelle bataille, plus longue encore, commençait : celle consistant à relever les ruines et à consoler les âmes, celle du retour à la vie civile après avoir traversé l’enfer ; celle, bravant l’impossible oubli, de la vie qui se devait de continuer. 

« Ces civils vivants dont on avait fait des soldats morts » (selon les mots de Jacques Prévert), ceux qui n’en étaient pas revenus, pouvaient bien, à force de discours, être élevés au rang de héros auréolés d’honneur et de reconnaissance… leur place vide à la table de famille, au zinc des amis, à l’établi de l’atelier n’en était pas moins d’une froideur et d’une âpreté de pierre. 

Ceux qui en étaient revenus, étaient désormais des anciens combattants ce qui ne signifiait pas qu’ils n’auraient plus à combattre même si très peu d’entre eux ne pouvaient l’envisager. 

Aujourd’hui comme hier, l’épreuve du feu demeure une expérience incommunicable à ses proches ; « ceux qui ne l’ont pas vécue, ne peuvent pas même se l’imaginer » Il faudra attendre bien des années pour nommer, qualifier et prendre en charge les troubles résultant de l’exposition à des événements d’une extrême violence : les syndromes post traumatiques. A propos des survivants des attentats terroristes, on parle aujourd’hui parfois du « syndrome de Verdun »

La guerre resta donc collée à leurs basques mais ce n’était plus la boue des tranchées alourdissant les godillots, c’était autre chose, comme un voile de cendres, de sang et de larmes interposé entre eux et ce monde devenu étranger après 4 années de guerre et qu’ils nommaient « l’arrière ». 

D’avoir côtoyé de si près la camarde, la faucheuse, ils ne purent jamais redevenir les mêmes, ceux d’avant 14… Car c’étaient-elles, la mort, les souffrances du corps et du cœur, les plus grandes gagnantes de ce terrible conflit. A chaque râle d’un gazé, à chaque cri déchirant d’un soldat démembré, défiguré, à chaque plainte éplorée de mourant, à chaque annonce de l’irrémédiable, de l’irréparable, c’étaient-elles qui remportaient une nouvelle victoire. 

Alors, une fois les régiments dissous, les uniformes repliés, les armes rendues, une fois soldé le « carnet de pécule », une fois perçue l’indemnité de 250 Francs plus 15 francs par mois de service, s’il était une nécessité, c’était pour les frères d’armes d’hier de rester unis et d’être fidèles à leurs morts.

Il leur fallait ce soutien, cette compréhension mutuelle pour surmonter l’absence des camarades disparus mais aussi pour combler ce fossé qu’avait pu creuser leur propre absence auprès de leurs proches.

Mais peut-on jamais rattraper le temps perdu ? Pour beaucoup ce retour de guerre ressembla à une lente réinsertion. 

Alors se constituèrent par milliers des associations, des amicales, des comités rassemblant, de l’échelon local à l’échelon national, ceux qui partageaient cette histoire commune. Elles ne réunissaient pas que des anciens combattants, mais aussi les veuves ou parents de disparus. La volonté, l’exigence d’entretenir la mémoire fut d’une ampleur sans précédent. 

En 1921, il y a un siècle, on dénombrait par exemple 387 journaux nationaux ou locaux qui leur étaient consacrés.

En 1921,il y a un siècle, la France, veuve de 1.400 000 combattants, inhuma un simple soldat inconnu, sous l’arc de Triomphe 

En 1921, il y a un siècle naquit dans notre ville la toute première association de Monsois enfin revenus de guerre.

Elle est la lointaine ancêtre de l’actuelle association des Combattants, Prisonniers de Guerre, Combattants d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, des Théâtres d’Opérations Extérieurs et de leurs veuves… Emmenées par leurs présidents successifs, aujourd’hui le lieutenant-colonel de réserve Claude Géry, ces associations auront accompagnées l’accomplissement de ce siècle marqué par d’autres douloureux conflits.

Leurs membres fondateurs avaient une immense charge mémorielle à porter… elle fut portée jusqu’à nous. Il leur fallait un lieu-symbole, ce monument fut inauguré en 1924 ; nous nous y retrouvons chaque année.

Ainsi, des années durant, a-t-il réuni, lors des commémorations annuelles, les camarades d’hier dans le recueillement des vivants et l’évocation des disparus. En 1976, pour le soixantième anniversaire de la bataille de Verdun, il y avait encore à Mons, cinquante anciens combattants de 14-18, mais plusieurs autres générations d’anciens combattants se mêlaient à eux 

Plusieurs fois ici, les fils ont succédé aux pères se transmettant le flambeau du souvenir et le drapeau pour lequel ils s’étaient battus : ceux de 14, ceux de 40, ceux de la résistance, ceux d’Indochine, ceux d’Afrique du Nord… mais aussi tous ceux des autres -multiples et divers- théâtres d’engagement de nos armées : l’Afrique subsaharienne (les opérations Barkhane et Serval), la première guerre du golfe, le Liban dans le cadre de la Finul, la Guerre de Yougoslavie, l’Afghanistan, … 772 morts depuis 1948 ; sans oublier ceux morts sous l’uniforme en dehors des théâtres d’opération. 

Citons par exemple la tragédie du sous-marin le « Prométhée » qui sombra lors de ces premiers essais en mer le 7 juillet 1932 entraînant dans les abysses, 62 marins dont Michel Enaeme, matelot mécanicien, un jeune Monsois de 18 ans, né à Mons.

Qui pour s’en souvenir hors de sa famille si durement éprouvée et peut-être aussi, dans ces années là, ces associations ?

Anciens combattants de Mons, vos rangs se sont éclaircis. Ces derniers mois furent marqués par de nombreux départs, aussi en est-il de la marche du temps !

Néanmoins, vous êtes là, toujours là, fidèles, loyaux à ceux qui ne sont plus, solidaires entre vous. Je les salue et je vous salue au nom de la population Monsoise qui, dans son immense majorité ne sera jamais, espérons-le, des vôtres. C’est sans doute à eux, dont les noms sont gravés ici, et à vous, que nous devons une part de cette précieuse espérance et de notre liberté.

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Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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