Le photographe a soigneusement mis en scène cette photographie de prisonniers civils au fort. Qui étaient-ils ?

1914 – 2014 : images croisées du Fort Macdonald

Le Fort de Mons en 1914Le Fort de Mons en 1914
Les douves du Fort de Mons en 2014
Les douves du Fort de Mons en 2014

Cent ans séparent ces deux photographies prises au même endroit, le regard dans la direction du nord. On aperçoit les fossés du Fort, pris en enfilade et en vue  légèrement latérale. Mis à part la forme générale, le mur en arceaux (à gauche), le pont devant l’entrée, presque tout est désormais différent. Le rideau d’arbres qui entourait la construction et séparait le domaine civil du domaine militaire a disparu, remplacé par des parkings ou des habitations. En revanche, la nature s’est invitée partout : sur les bords, sur les pentes et même sur le toit de l’édifice.

La photo du haut, datant de la première guerre mondiale, nous fournit beaucoup de renseignements sur le bâtiment d’origine. À gauche, il s’agit d’un mur à « arcs de décharge ». La succession d’éléments voûtés donnait une grande solidité à cette construction (qui d’ailleurs n’a pas bougé depuis 1880). Dans l’éventualité d’une poussée de terrain ou d’un tir ennemi, la partie endommagée restait circonscrite à un ou deux arcs. La faible masse des éboulis ne permettait pas le franchissement du fossé en cas d’assaut. Accessoirement, dans le cas d’un siège faisant des victimes parmi les défenseurs, le renfoncement protégé par chaque arceau pouvait servir à abriter des sépultures provisoires, ce qui permettait de laisser l’axe du tir dégagé.

À droite, c’est tout le contraire, le mur est le plus rudimentaire possible. Il est dit à « terre coulante ». C’est une simple pente de terre dans une proportion de deux tiers (le meilleur rapport contre les éboulements). Elle est simplement maintenue par la végétation. Au-dessous de ce monticule se trouvaient des magasins, actuellement occupés par le bureau d’Histo-Mons et les salles d’instruments à cordes du Conservatoire communal. À la base de cette paroi en pente, on avait installé une haute grille en fer (de couleur noire). Elle rendait le franchissement de ce mur oblique, malaisé pour l’assaillant. La paroi à « terre coulante » était d’un prix de revient sensiblement  inférieur à celle d’en face en arceaux de maçonnerie !

Au-delà du pont, on distingue une construction de briques avec deux meurtrières permettant le tir. C’est la batterie de flanquement (côté nord). Actuellement, elle est masquée par des arbres mais la batterie symétrique (côté sud) est toujours parfaitement visible. On y installait, balayant l’axe du fossé, un canon revolver de 12 mm (ancêtre de la mitrailleuse) et un canon de 40 mm capables de déblayer le terrain. Ces deux pièces prenaient le fossé en enfilade.

La façade ouest du Fort de Mons en 1914
La façade ouest du Fort de Mons en 1914

Comme on le voit, le fort Macdonald, à l’instar des autres forts Serré de Rivières, était bien défendu. Ce qui n’empêche, qu’au moment où cette photo a été prise, il était occupé par l’armée allemande. L’invention de nouvelles armes, les obus torpille à la mélinite (un explosif  dérivé de la nitroglycérine) avait rendu ce genre d’ouvrage indéfendable face à une artillerie moderne. On pense que c’est le même photographe venu de Dresde, identifié sur d’autres photos du Fort, découvertes récemment, qui est l’auteur de cette image.

Alain Cadet

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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