J’ai testé pour vous le « Mapping » du beffroi de Lille

J’ai testé pour vous le « Mapping » du beffroi de Lille

Si vous n’habitez pas le quartier de l’hôtel de ville de Lille, si vous n’avez pas d’autorisation particulière de vous déplacer ou si vous n’avez pas eu l’envie de prendre le risque de braver les interdictions liées au couvre-feu, le spectacle du « Mapping » du beffroi vous a échappé ! Réparons cette erreur !

D’abord, si on voulait profiter du spectacle, donné tous les soirs, dans la dernière quinzaine du mois de mars 2021, il fallait se rendre sur le parvis de l’hôtel de ville, du côté de l’ancienne entrée du bâtiment. Dit comme ça, cela a l’air simple ! Mais dans ces temps troublés, tout est devenu compliqué à cause de la Covid. Vous remarquerez que je fais l’effort de mettre le mot féminin alors que cela sonne horriblement mal et écorche mes oreilles de Français réactionnaire. La Covide, serait beaucoup plus beau… surtout prononcé avec un accent italien ! Mais voilà, l’anglais, c’est sec comme un coup de trique ! Exit, cette marque élégante du féminin. Si vous dites le Covid – ce que je fais volontiers quand vous n’êtes pas là pour me surveiller – vous voilà immédiatement châtiés par la meute des journalistes et des politiques. Les premiers sont très doués pour émailler leur discours de fautes de français récurrentes tandis que les seconds sont fâchés avec l’orthographe au point de se faire sermonner par les élèves de Collège dans les émissions de télévision ! Ne citons pas de noms pour ne pas se fâcher avec tout le monde ! Je me suis penché sur ce problème grammatical épineux. « Covid » est une abréviation de « COrona VIrus Disease ». Tandis que nous massacrons le français en important des mot anglais dont l’équivalent existe dans notre langue, les Anglais, de leur côté, massacrent la langue anglaise en la compressant, mode César, le côté artistique en moins ! Comme en anglais l’élément le plus important d’un mot composé est toujours le dernier, c’est bien « Disease », représenté en l’occurrence par un simple « D » qui indique le genre du groupe nominal. « Disease » avait toutes les chances d’être un neutre, mais c’est bien un mot féminin ! C’est comme ça ! Il suffit de le savoir ! L’élite autoproclamée qui torture la langue française est très chatouilleuse dès qu’elle perçoit un mauvais usage de la langue anglaise : Va pour « la Covid » !

Ensuite il nous faut expliquer le mot « Mapping » ! Plus rien n’est plus simple, de nos jours, avec cet emploi obligatoire de l’anglais. « Map » désigne une carte et « Mapping », la cartographie. Mais, en informatique le mot renvoie à la mise en cohérence de deux types ou séries d’informations, distinct(e)s. En génétique il s’agit de la structure d’un gène voire du génome entier. Enfin en vidéo, c’est une animation visuelle projetée sur une structure en relief ! Pile-poil, nous y voilà ! Nous sommes bien contents de savoir enfin ce que signifie ce mystérieux mot « Mapping » ! C’est ça le paradoxe de l’anglais ! Cela a l’air facile au premier abord parce qu’il faut très peu de mots pour dire beaucoup de choses, mais, d’un autre côté, si on n’a pas bien compris le sens premier, on se perd complètement dans toutes ses significations.

Pour revenir au beffroi d’Émile Dubuisson le voici drapé dans une robe chatoyante de lasers psychédéliques accompagné d’une bande-son qui ressuscite le groupe « Kraft Werk », cher à la jeunesse d’aucuns ! Évidemment, l’usage d’un beffroi, symbole issu de la tradition du XVIe siècle et du XVIIe siècle, peut surprendre. Mais, Émile Dubuisson, architecte de la modernité, contrairement à ses prédécesseurs, développait des formes géométriques… et le mariage de son travail avec l’univers du XXIe siècle peut se défendre ! Si la « Covid » rendait l’accès au « Mapping » très problématique, en revanche dès qu’on avait atteint la petite place, au pied du beffroi, pas un chat ! Par contre, des chiens, avec leurs maîtres, qui rôdaient du côté des pelouses, il y en avait quelques-uns. J’ai remarqué aussi deux cyclistes qui sont arrivés avec de lourdes valises sur leur porte-bagage. Ils ont déplié un drone qu’ils ont fait voler pendant la projection, tout autour du beffroi. Et puis, il y avait moi ! Et c’est tout ! Je n’avais pas vraiment pris le matériel adéquat pour ce genre de prise de vue. C’était un peu rageant parce que j’ai tout ce qu’il faut à la maison pour faire le « job » dans un temps minimal et sans le moindre défaut. Je ferai mieux la prochaine fois.

Le mapping de l’hôtel de ville est l’œuvre de deux artistes de l’agence allemande Ruestungsschmie, Philip Modest Schambelan et Michel Banisch.

Pour avoir le son

http://blog.prophoto.fr/sons/FORCE-MAJEURE%C2%B3_bande_son_mapping_beffroi.mp3

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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