La Chapelle-du-Planton, un héritage du passé soigneusement entretenu, Cormeilles 60120

La Chapelle-du-Planton, un héritage du passé soigneusement entretenu, Cormeilles 60120

La Chapelle a plus de cent-quatre-vingts printemps mais aucune ride. C’est grâce aux fidèles paroissiens ou laïcs qui se sont mobilisés au cours des siècles pour assurer la pérennité de l’édifice.

La chapelle a été érigée en 1840, au lieu-dit « Le Planton »

à l’intersection de l’ancienne route d’Amiens à Beauvais et de celle qui bifurque vers Cormeilles. Son histoire est singulière. A la fin des années 1830, une épidémie de choléra ravage la région. Elle va s’arrêter, juste à cet endroit, épargnant les villages de Le Crocq, Blancfossé et Cormeilles. Les paroissiens d’alors ont l’idée d’édifier un édifice dédié à la Vierge, Notre-Dame-de-bon-Secours, afin de la remercier de son action protectrice. On dénombre à Cormeilles environ un millier d’habitants à cette époque. C’est l’abbé Pointier, le curé du village qui, sur ses propres deniers, va financer la construction. Depuis presque deux siècles, l’édifice défie le temps grâce aux travaux d’entretien et de rénovation réalisés à différentes époques. 

Maurice Duneufgermain, second-Adjoint, a entrepris bénévolement les travaux de restauration.

En ce mois d’août 2022 un chantier de rénovation est en cours. Il est plutôt modeste par rapport aux plus anciens. Il s’agit de rejointurer la façade et de refaire les soubassements dégradés par le temps. Le second-adjoint au Maire, Maurice Duneufgermain, jeune retraité de son entreprise de bâtiments, tous corps de métiers, était tout désigné pour effectuer ces travaux. Son travail expert et bénévole va permettre à l’édifice du Planton de retrouver son éclat d’origine. La Chapelle du Planton s’est embellie au fil des ans grâce aux soins attentifs des fidèles. En 1886, elle est ornée de vitraux colorés et ouvragés, réalisés par l’entreprise Latteux-Bazin de Mesnil-Saint-Firmin (60).

En 1905, la chapelle plus que soixantenaire, commence à donner des signes de fatigue. Le toit et le clocher sont remis à neuf grâce à une donation anonyme. Mais, il existe une difficulté pour pouvoir financer les travaux de rénovation de cette Chapelle-du-Planton. Le dimanche 2 octobre 1859, l’abbé Pointier, convoque au presbytère de Cormeilles le Conseil municipal et son maire, Florentin Barbier. Maître Cason, notaire à Cormeilles, procède à la lecture d’une note établie en son Etude selon laquelle l’abbé Pointier lègue au Conseil de Fabrique de Cormeilles la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Mais la loi de 1905 qui acte la disparition des Conseils de Fabrique crée un vide juridique concernant l’entretien du bâtiment. Tandis que la parcelle sur laquelle il est construit appartient à la commune de Cormeilles, l’édifice n’appartient à personne. Il ne peut être entretenu qu’au moyen de dons généreux.

Calipet - Vineuil-Saint-Firmin
En 1905, on rénove La Chapelle. Les filles du catéchisme sont venues animer la photo.

Il existe une photo de cette première rénovation de 1905.

J’ai de bonne raisons de croire qu’elle a été réalisée par mon illustre voisin du n° 12 de la rue Neuve, Ovide-Marie Traversier. On y voit les ouvriers sur le toit et les jeunes filles du catéchisme en tenue du dimanche – bien que la photo ait été prise un jeudi – accompagnées de quelques mamans et de Marie Traversier, la sœur d’Ovide. Elle était chargée de l’instruction religieuse des jeunes dans la Paroisse. Ovide-Marie Traversier a aussi réalisé, vers la même époque, une photo des travaux de rénovation du clocher de l’église de Cormeilles. Au début des année 1930, l’abbé Corbillon grâce aux dons de mesdames Lecomte et Lequenne, fait procéder à des travaux de remise en état de la Chapelle-du-Planton.

Histoire - Arbre
Un pèlerinage dans les années 1930. Il est probable qu’il s’agisse de la cérémonie de la bénédiction des travaux de restauration de la Chapelle-du-Planton, en septembre 1932.

Cinquante ans plus tard, au début des années 1980, tandis que le Maire de Cormeilles est Maurice Cadet, l’édifice est à nouveau en péril. C’est pourquoi, il fut fait appel à la générosité de monsieur Marcel Dassault, député de la circonscription. Il fit un don important ce qui permit de refaire entièrement le clocher et la toiture. La maçonnerie et la voute intérieure furent aussi revues ou refaites. Ce fut enfin l’occasion d’effacer le vide juridique qui empêchait la commune d’entretenir le bâtiment au même titre que les autres biens communaux. C’est ainsi que fut créée une Association de Sauvegarde, réunissant divers conseillers municipaux – dont l’adjoint au maire, Claude Dépaty – et l’abbé Guibert, curé de la Paroisse, chargée à la fois de gérer les fonds du mécène et de faire en sorte que la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours devienne enfin la propriété de la commune… ce qui fut fait. La cérémonie de bénédiction des travaux de restauration de la Chapelle-du-Planton eut lieu, le 12 septembre 1982, lors du traditionnel pèlerinage qui se déroule chaque année à la même époque (on trouvera en annexe de ce texte le discours prononcé par le Maire, Maurice Cadet, ce jour-là. 

Depuis le bâtiment est entretenu sans contrainte particulière. Le toit a été refait par la commune de Cormeilles en 2018.

Remerciements :

Merci à :

Maurice Duneufgermain, second adjoint au Maire, pour son accueil bienveillant à La Chapelle du planton.

Jean-Marie Tallon, ancien maire, pour le partage de sa grande connaissance du sujet et la communication de ses documents.

Annexes :

Le discours de Maurice Cadet, maire de Cormeilles, lors de la cérémonie de bénédiction de la chapelle rénovée.

Le 12 septembre 1982 marquera dans les annales de la commune de Cormeilles par cette cérémonie de la bénédiction des travaux de restauration de la Chapelle-du-Planton.

Il m’incombe donc l’honneur et le devoir d’accueillir monsieur Dessessart, suppléant de monsieur Marcel Dassault, député de notre circonscription, mes collègues messieurs les maires du canton et leurs épouses, messieurs les maires du canton de Breteuil des communes desservies par l’abbé Guibert, notre dévoué curé, messieurs les prêtres qui sont venus nombreux et en particulier l’abbé Huchez qui est un enfant du pays et le chanoine Finot qui est un peu de Cormeilles, puisqu’il y venait en vacances du temps de sa jeunesse.

Fac-simile du discours de Maurice Cadet. © Jean-Marie Tallon.

Je remercierai mes collègues du conseil municipal pour l’aide apportée à la réussite de cette cérémonie. Je voudrais remercier aussi la Musique de Bonneuil-les-Eaux pour sa brillante prestation ainsi que la Clique de Cormeilles qui est toujours de toutes les cérémonies. Je n’oublierai pas nos brillants cavaliers et pour terminer, je remercierai toutes les personnes présentes.

 Je présenterai les excuses de notre député, Monsieur Marcel Dassault, celles de mon ami, le Sénateur Jean Natali, Conseiller général du Canton qui regrette de ne pas être parmi nous ; les excuses de Monsieur Marcel Fournier, maire de Vieuxvillers à qui nous souhaitons de revenir bientôt parmi nous, de Monsieur Dujardin, maire de Luchy et de Monsieur Postoir, maire de Croissy, tous deux retenus, de Monsieur Chevallier, conseiller municipal, qui rentre de clinique depuis quelques jours.

 La chapelle de Notre-Dame de-bon-Secours fut construite au frais de l’abbé Pointier, alors curé de Cormeilles. L’inauguration et le premier pèlerinage datent du 8 septembre 1840.  Par son agrandissement, l’année suivante, elle prit sa forme actuelle.

Le dimanche 2 octobre 1859, au cours d’une réunion au presbytère, L’abbé Pointier fait part au Conseil de Fabrique  de son intention de donner la chapelle en  présence de Florentin Barbier, Maire et de Monsieur Cason, notaire  de Cormeilles, qui donne connaissance d’une note faite en étude, le 9 juin 1859.

Par suite de la disparition des Conseil de Fabrique, la Chapelle qui restera sans propriétaire est entretenue par des dons. Le clocher a été refait à neuf en 1905 comme l’atteste une photographie de l’époque. Vers 1930–1932 sous l’impulsion de l’abbé Corbillon et grâce au don généreux de Mesdames Lecomte et Lequenne, des travaux et réparations furent faits à cette époque.

 Cinquante ans plus tard, l’état de la chapelle nécessitait à nouveau d’importants travaux. C’est pourquoi, il fut fait appel à la générosité de Monsieur Marcel Dassault, député, qui fit un don important qui permit de redresser et de refaire le clocher entièrement, de réparer la toiture existante. Toute la maçonnerie fut remise en état et la voûte intérieure entièrement refaite, grâce aux couvreur, menuisier, et maçon qui sont des artisans que je n’hésiterai pas à dénommer des artistes, puisqu’ils ont su redonner l’aspect primitif à notre petite chapelle. C’est un devoir que de préserver le patrimoine que nos ancêtres ont édifié.

Mes compliments vont aussi à toutes les personnes dévouées et bénévoles qui ont consacré beaucoup de temps pour faire un travail impeccable. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, cette chapelle n’était attribuée à aucun propriétaire. Seul le terrain sur lequel elle a été bâtie appartenait à la commune. Nous avons été obligés de créer une association de sauvegarde qui n’était autre qu’une Commission du Conseil municipal, plus L’Abbé Guibert ;  cette association étant chargée de gérer le don de notre généreux donateur.

 Le conseil municipal à l’unanimité, après l’assentiment de Monsieur le Curé avait émis le vœu de faire jouer la loi trentenaire pour que la chapelle devienne propriété communale et puisse ainsi être entretenue au même titre que les bâtiments communaux. Cette demande vient d’aboutir et la transcription vient d’être faite au début de ce mois, au Bureau.

 Dans son beau cadre de verdure qui est le lieu-dit, le Planton, je souhaite qu’elle reste toujours pimpante et accueillante dans les temps futurs pour les habitants de Cormeilles et de la Région qui seront contents de retrouver la chapelle du Planton.

Cormeilles, Le 12 septembre 1982

Pèlerinage à La Chapelle, 8 septembre 1892. © Jean-Marie Tallon
La Chapelle aux alentours de 1905 avec Marie Traversier et les jeunes-filles du catéchisme.
Remise en état de la toiture, en 2018.
L’un des vitraux de 1886.
Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

Publications: 379

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