Un détachement allemand, rue Jeanne d’Arc. Derrière le mur il y a le bois Gras. Le mur existe toujours mais pas le bois qui a été remplacé par de belles maisons.

La dure vie quotidienne des Français occupés (1914 – 1918) 1/2

Vie quotidienne des Français occupés et les belles cartes postales de l’armée allemande (1914 – 1918)

Un détachement allemand, rue Jeanne d’Arc. Derrière le mur il y a le bois Gras. Le mur existe toujours mais pas le bois qui a été remplacé par de belles maisons.
Un détachement allemand, rue Jeanne d’Arc. Derrière le mur il y a le bois Gras. Le mur existe toujours mais pas le bois qui a été remplacé par de belles maisons.

Cette carte postale, découverte récemment est la 499eme connue, concernant la commune de Mons en Baroeul. Depuis une dizaine d’années, on n’en découvrait plus de nouvelles. Depuis peu, par l’effet d’Internet, on voit, près d’un siècle plus tard, réapparaître des images de la période 14 – 18. Longtemps enfouies dans les greniers allemands, elles retournent sur les lieux de leur production.

Celle-ci semble anodine. Elle est prise du haut d’une fenêtre, rue Jeanne d’Arc, face au bois « Gras », protégé par son mur. Elle représente une compagnie allemande, en ordre de marche, au pas, précédée de son officier,  à cheval. On peut y voir  un symbole de l’organisation et de la puissance de l’armée allemande. Dans  la commune voisine, Lille, d’autres moins aimables, d’octobre 1914, représentent les prisonniers français, exhibés plusieurs jours durant, de la Citadelle à la gare et de la gare à la Citadelle, sous la conduite de leurs gardiens. Cette production est l’œuvre d’éditeurs venus d’Allemagne tandis que l’on interdit aux Français de produire ou diffuser la moindre carte postale. Toute correspondance avec la France libre ou une autre ville occupée est interdite. Une ordonnance de février 1915 stipule : « Il est défendu, sous peine de mort, aux habitants des territoires occupés par les armées allemandes, d’entretenir n’importe quelle correspondance entre eux ou avec des personnes habitant en France ou à l’étranger. ». En avril 1915, la justice militaire allemande condamne trois lillois à 15 jours de prison pour « commerce de cartes postales ». Les transports « illicites » de lettres par les personnes circulant en zone occupée sont sévèrement réprimés. En début 1916 on ajoute : «La communication de photographies,  dans le but de les transmettre à des personnes habitant les territoires occupés sera considérée comme communication de nouvelles ».

Dans le parc Decoster « une belle demeure » monsoise, on s’adonne aux exercices physiques. La tenue blanche était la tenue de gymnastique.
Dans le parc Decoster « une belle demeure » monsoise, on s’adonne aux exercices physiques. La tenue blanche était la tenue de gymnastique.

Ces mesures sont une des illustrations de la politique allemande qui cherche à isoler les habitants des territoires occupés du reste du pays et à les démoraliser. Dès le 15 octobre 1914, le général Von Heinrich, gouverneur de la ville de Lille, fait placarder cet avis : « Il est défendu, sous peine de mort, de lancer des dirigeables, des aéroplanes des ballons montés, de lâcher des pigeons voyageurs, d’installer des appareils radio télégraphiques de faire des signaux optique ou de faire sonner les cloches ».  Les « Coulonneux », doivent tuer en toute hâte leurs chers animaux… l’un d’entre eux sera même fusillé pour ne pas l’avoir fait. On confisque aussi tous les moyens de transport : camions, automobiles et vélos. D’ailleurs il est strictement interdit, sans laissez-passer des autorités allemandes, de se rendre dans les villages voisins. Dans chaque rue ou chemin limitrophe entre deux communes, à l’endroit de la ligne de démarcation, un écriteau en français et en allemand rappelle cette interdiction. On verra même des enfants punis de prison pour s’être rendus chez leur grand-mère !

Dans le parc Decoster « une belle demeure » monsoise, on s’adonne aux exercices physiques. La tenue blanche était la tenue de gymnastique.
Dans le parc Decoster « une belle demeure » monsoise, on s’adonne aux exercices physiques. La tenue blanche était la tenue de gymnastique.

On réquisitionne aussi les charrettes en état de marche et les chevaux en état de les tirer. Les moyens d’assurer l’alimentation des populations font défaut. Pour les 5807 habitants du village (recensés à la fin de la guerre) comme pour les 2 millions de français résidant en zone occupée, les conditions de vie sont terribles et aux antipodes des belles cartes postales allemandes avec leurs soldats souriants, partageant un verre ou s’adonnant à des exercices physiques dans les parcs des belles demeures monsoises.

Détail du parc et du château
Détail du parc et du château

Alain Cadet

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

Publications: 379

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