Chariot - Transport public

Portraits croisés, le dépôt de tramway du Pont du Lion d’Or, Lille (59000)

Chariot - Transport public

Cette photo a été prise pas très loin du Pont du Lion d’Or. On peut d’ailleurs l’apercevoir en arrière-plan. Il est en travaux. Ce document est une curiosité. On pensait le genre disparu depuis la fin de la première Guerre mondiale, mais il s’agit d’une carte-photo très récente (2020), éditée en tirage limité. Elle est tirée d’un cliché de 1959 du photographe Jacques Bazin. Nous sommes rue du faubourg de Roubaix, à l’entrée du dépôt des tramways. On aperçoit les rails qui y mènent ainsi que ceux qui vont de Lille à Roubaix. En 1880, la Compagnie des tramways du département du Nord fait bâtir ce dépôt pour abriter les voitures et les chevaux de son réseau qui utilise la traction hippomobile. Le bâtiment sera bientôt modifié pour permettre de recharger les motrices à vapeur : de curieuses machines sans foyer de type Francq, que l’on ne pouvait trouver pratiquement que dans cet endroit. En 1908, on réorganise le dépôt pour l’adapter au nouveau matériel qui utilise désormais l’électricité.

Le tramway qui attend en plein milieu de la rue du Faubourg de Roubaix, c’est le « I barré », motrice n° 822.

Il a été mis en place pour soulager la ligne principale le « F » qui va de Lille à Roubaix. Le «I barré »suit un trajet voisin de Lomme jusqu’au « Moulin Delmars », à Villeneuve-d’Ascq (pas très loin de l’actuelle brasserie Heineken). Celui de la photo vient donc de Villeneuve d’Ascq pour se rendre place de Lomme comme on le voit écrit sur l’avant de la motrice. Suivant ses bonnes habitudes, le photographe a fait descendre le receveur avec sa sacoche, au niveau du Dépôt, pour donner un tour plus humain au cliché. Le conducteur est resté dans la rame qui attend le départ en compagnie de ses passagers pour Lomme.

Tarmac spécialisé - Maison

Le dépôt du Lion d’Or a été démoli en 1976 et remplacé par des logements collectifs. Ils sont hors-champ, juste à gauche du cadre. On ne voit pas non plus l’ancien bistro des traminots où, probablement, Jacques Bazin et les conducteurs des tramways avaient leurs habitudes. Il est en arrière du champ de la prise de vue. Il existe toujours, au n° 233, et s’appelle « Le Bistrot », un nom bien choisi. On peut y lire un pavé avec des lettres mystérieuses : CTLB (pour Compagnie des Tramways Électriques de Lille et de sa Banlieue.) Inutile d’attendre le bus à cet endroit : il n’en passe jamais ! Par contre à une centaine de mètres plus loin, vous trouvez la station métro Saint-Maurice – Pellevoisin. Désormais, c’est ce métro, cheminant sous terre,  qui remplace les tramways pour effectuer les trajets urbains. À droite, depuis de longs mois, un immeuble abrite le chantier d’une mosquée en construction. Pas question dans ce quartier, comme en 1959, d’arrêter un bus, ni même une voiture, en plein milieu de la chaussée, pour réaliser un cliché. La circulation entre Mons-en-Barœul et Lille est très dense à pratiquement toutes les heures de la journée. Exceptionnellement, quelques usagers épris d’écologie, se déplacent à pied ou à vélo. Pas sûr qu’il s’agisse d’une promenade de santé pour le jogger qui emprunte ce trajet. L’endroit est devenu un « Spot » remarquable pour respirer les gaz à particules des pots d’échappement.

Voyagez en tramway et en vidéo avec l’INA

https://fresques.ina.fr/mel/liste/recherche/tramway/s#sort/-pertinence-/direction/DESC/page/1/size/10

Bonus

Transport ferroviaire - Locomotive
Jacques Bazin (1927-2011) et son épouse dans une gare du Midi.

Nous sommes en 1954, quelque part entre Marseille-Saint-Charles et Vintimille. Ce train se nomme le Mistral et la locomotive qui le tracte est une Pacific. Devant ce matériel ferroviaire d’exception, le photographe, Jacques Bazin et son épouse se sont faits photographier. Avec un peu de chance, ce cliché a été réalisé grâce à la complicité du conducteur de la locomotive. Jacques Bazin avait deux passions : la photographie et le rail. C’est ainsi qu’il passait sa vie dans les trains réalisant d’innombrables photographies de gares et de matériel roulant à travers toute l’Europe. Quand il se lassait de l’univers ferroviaire des trains, il se précipitait dans les tramways. Il effectuait tous les parcours possibles en les émaillant de clichés des rames et de leur personnel roulant. Il n’existe pas un quartier de la métropole lilloise qui lui ait été inconnu. Il nous a laissé un trésor inestimable sur l’univers des trains et des tramways, ainsi que les paysages urbains des années 1950 – 1960 qui, désormais, ont bien changé.

Il existe un sujet similaire sur le Pont du Lion d’Or, situé à deux-cent mètres de cet endroit sur ce même blog :

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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