Pour fêter dignement leur centenaire, les cloches de l’église Saint-Pierre ont été remises à neuf

Pour fêter dignement leur centenaire, les cloches de l’église Saint-Pierre ont été remises à neuf

La Victoire, 860 kg, dernièrement rénovée. A gauche, on aperreçoit la Paix, la plus petite cloche

Les cloches de l’église Saint-Pierre ont été installées dans le clocher, un peu après la première Guerre mondiale, en 1921. Mi-décembre, on va célébrer leur centenaire.  Pour l’occasion, la commune a fait procéder à leur nettoyage. Ce n’était pas inutile.

L’histoire des cloches

de l’église historique de la commune est douloureuse.  En 1917, dans Lille et sa banlieue, l’occupant est aux abois. Afin de pouvoir poursuivre son effort de Guerre, le 8 mars 1917, il promulgue un arrêté recommandant la confiscation des « statues, cloches de bronze ou tuyaux d’orgue », et autres métaux non-ferreux, utiles pour la fabrication des canons et des munitions. A Mons, sont particulièrement visées, Henriette et Pierre, les deux cloches de Saint-Pierre qui, à elles seules, représentent plus d’une tonne de bronze. L’abbé Salambier, le Curé de l’époque, tente de sauver « ses »cloches. Il écrit à l’officier allemand chargé de leur enlèvement : « C’est la cloche qui est chargée de convoquer les fidèles à la prière, de pleurer avec nous sur nos morts. Elle est le centre de la vie paroissiale, et même communale, puisque par le départ des cloches, l’heure elle-même, qui règle la vie de tous, ne pourrait se faire entendre. Vous n’ignorez pas aussi, Monsieur le Commandant, que les cloches ont un caractère sacré, qu’elles ont reçu les bénédictions de l’Eglise pour être destinées complètement à des usages religieux ».Il a beau recevoir l’appui vigoureux de Monseigneur Charost, Evêque de Lille, rien n’y fait ! Les cloches seront mises à bas, puis fondues à Hellemmes, dans un complexe dédié à l’Artillerie, que l’Armée bavaroise avait installé en confisquant les Ateliers des Chemins de fer du Nord.

En 1917, dans les Ateliers de l’Armée bavaroise, on aperçoit les cloches d’Hellemmes, d’Ascq, d’Annapes, et de Mons-en-Baroeul (entre-autres), prêtes à être fondues pour les besoins de l’Artillerie.

Pendant trois ans et neuf mois, le clocher va rester muet.

Il faudra attendre le 18 décembre 1921 pour, que de nouvelles cloches, fondues par la maison Wauthy, deDouai, soient baptisées par, Monseigneur Margerin, Vicaire général de Lille. Cette fois, on leur a choisi des noms d’actualité :La Victoire et la Paix Elles pèsent respectivement 860 et 365 kg, soit 200kg de plus que les précédentes. Ces cloches, depuis un siècle, font la fierté des paroissiens de l’Eglise Saint-Pierre. Elles ont rythmé toutes les cérémonies de la commune, tristes comme joyeuses. Pendant les cent ans écoulés, leurs sonneries ne se sont jamais altérées. Mais la vie partagée avec les pigeons du clocher n’était pas sans petits inconvénients. Elles commençaient à avoir besoin d’un petit coup de neuf. 

L’une des cloches, il y a deux ans.

Pour célébrer dignement ce centenaire, la Mairie s’est mise en quête de l’entreprise adéquate pour procéder à un grand nettoyage. Grimper au sommet du clocher et accéder aux deux cloches,arrimées tout en haut de l’édifice est un travail de professionnel confirmé. C’est Bodet-Campanaire, une société de la région de Cholet, qui s’est chargée du travail. Il y avait beaucoup d’objets et de planches inutiles au premier étage. Au sommet, les cloches étaient recouvertes de scories épaisses, de telle sorte que les inscriptions du fondeur, étaient illisibles. Après un long travail de nettoyage minutieux, Roger Palavit, responsable du chantier pour la Mairie et les employés de Bodet-Campanaire, ont pu déchiffrer à nouveau les inscriptions écrites sur les deux cloches. Elles sont en Latin…

Nous ne vous garantissons par la traduction effectuée grâce à l’outil de Google, mais il y aura peut-être un lecteur, Latiniste, qui fournira le texte correct. Voici le premier paragraphe  :

« Je chante la Victoire, avec l’aide de l’oracle de Dieu, la force et l’esprit venus à l’aide du Monde gallo-romain contre une armée fédérée des Allemands, cependant que le sang a coulé. Je succède joyeusement à ma sœur, Henriette, emportée par des ennemis cruels et impies, en 1917… ».

Et la suite proposée par Madame Catherine Dhérent, suite à la publication d’une première version de l’article :

« Je suis appelée cloche de la Paix, ce 18 décembre 1921, par mon parrain Jean Hoet et ma marraine demoiselle Raymonde Demay que la guerre a fait orphelins. 
La paix retrouvée… après le… et  la monstrueuse guerre
Que Dieu fasse que j’annonce une concorde perpétuelle entre les peuples et les citoyens.
En présence des Révérends Hector Raphael Quilliet, évêque de Lille, Alfred Salembier, recteur de cette paroisse de Mons en Baroeul,
Joseph Fortin et René Doudermy, vicaires
Que ma douce voix exulte dans la sécurité de la paix… »

Désormais le clocher et ses cloches ont retrouvé leur jeunesse d’antan…

La Paix, la plus petite des deux cloches. Photo, Roger Palavit

Le samedi18 décembre, après-midi, cent ans jour pour jour après leur bénédiction, les Monsois seront conviés à l’église pour une conférence accompagnée d’une exposition-photo relatant l’aventure des cloches de Saint-Pierre. Comme l’accès au clocher est un peu compliqué, on pourra y voir les photos récentes deLa Victoireet la Paix, rutilantescomme il y a un siècle. 

L’église Saint-Pierre de Mons-en-Baroeul
Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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