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Du plomb dans nos assiettes ou la punition du Marché
Dans un contexte de fatalisme et de résignation favorable aux lobbies agricoles et industriels, toujours prêts à polluer plus pour gagner plus, il s’est produit un évènement inattendu. Une pétition contre la série de lois (dites Duplomb) légalisant l’emploi de produits toxiques a recueilli plus de deux millions de signatures. Le Conseil constitutionnel leur a donné partiellement raison en interdisant les néonicotinoides.

Plus de deux millions de signatures mobilisées pour un problème de santé publique, c’était impensable !
Il fallait s’inscrire sur le site officiel du gouvernement devenant ainsi un opposant visible à la politique en place ; on ne pouvait disposer que d’une seule voix par foyer fiscal, même si, deux, trois, voire plus, membres de la cellule familiale auraient soutenu la démarche ; il fallait être un familier de l’Internet. C’était bien des obstacles à surmonter ! Cette voie de recours, c’était surtout pour faire beau… pas pour changer les lignes ! Beaucoup de Français sont soulagés d’être protégés d’une nouvelle source de pollution chimique, tandis que d’autres, au nom de la libre concurrence non faussée et du libéralisme enragent. Cette histoire me rappelle ma grand-mère lorsque je n’étais pas sage. Elle me menaçait de « mettre des cailloux dans ma soupe ».
Cela ne me faisait pas vraiment peur.
Je pensais, qu’en réalité, ma grand-mère n’était pas assez zinzin pour mettre des cailloux dans la soupe de son petit-fils. Mais les politiques qui nous dirigent, si ! Les néonicotinoïdes dans vos assiettes, ce n’est pas leur coup d’essai ! Il y a quarante ans, leurs grandes sœurs et leurs grands frères, la main sur le cœur, juraient, croix de bois, croix de fer, que le chlordécone, un pesticide utilisé pour la culture de la banane, était sans danger pour la santé humaine. Aujourd’hui 95% des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais ont été contaminés par le produit. Le taux de cancers de la prostate, aux Antilles, est le plus élevé du monde ! Il y a deux ans, la même majorité a rejeté un texte visant à interdire les nitrites, responsables de 4000 nouveaux cas de cancers du côlon par an.

Comme la Commission européenne en permet l’usage, pourquoi introduire un dispositif de distorsion de la concurrence au détriment de l’industrie agro-alimentaire française et de son secteur de la charcuterie ? Les glyphosates et autres pesticides viennent d’être autorisés pour dix ans supplémentaires par la Commission Européenne avec l’appui de la France. Bienvenue aux cancers, lymphomes et autres maladies mortelles ! Un professeur de médecine lillois dans une interview récente se désole : « Les maladies de Parkinson et de Charcot vont doubler dans 20 ans dans notre région. On sait très bien que c’est lié aux pesticides, c’est prouvé. » Le citoyen est environné de dangers de toutes sortes : les nanoparticules des films et des bouteilles plastiques cancérigènes, les moteurs thermiques responsables de 40 000 morts supplémentaires par an, les gaz à effet de serre et le dérèglement climatique, etc. L’organisation du commerce mondial et européen ressemble à une grande roulette russe où l’on ne sait pas qui sera touché en premier ou provisoirement épargné ! Partout, la biodiversité et la santé humaine sont menacées !

Le coktail des pollutions industrielles est rendu plus dangereux par la prolifération des ondes électromagnétiques (antennes relais, smartphones, bornes Wifi, boxes Internet, compteurs dits « intelligents »), qui ont des effets voisins et cumulés de ceux de la pollution chimique. Dans cet environnement toxique, difficile d’y retrouver ses petits. Une séquence, vue à la télévision sur la chaîne parlementaire, m’a particulièrement frappé. Une députée, hostile aux lois Duplomb tentait d’expliquer à ses collègues les dangers de l’acétamipride. Elle leur faisait part d’une étude européenne qui constatait chez les enfants une rupture de la barrière hémato-encéphalique tandis que leur cerveau était bourré de néonicotinoides. Visiblement, cela ne faisait aucune image dans la tête de ses auditeurs (trices). Dans, la foulée, ils (elles) ont voté sans état d’âme les lois Duplomb.
On sentait même une certaine hostilité.
Peut-être, l’oratrice n’avait-elle pas elle-même toutes les clés du problème. Si l’acétamipride avait le pouvoir de briser la barrière hémato-encéphalique, ce serait étonnant ! D’après les physiciens, grands fans de la pollution électromagnétique, seules les ondes ionisantes (rayons X, Alpha etc.) ont ce pouvoir. Pourtant les ondes du commerce non-ionisantes (Wifi, Smartphone, etc.) le font très bien. Des études l’ont prouvé ! (Alan Frey, 1975). Ainsi, à partir d’une pollution électromagnétique, la barrière hémato-encéphalique détériorée permet-elle aux produits chimiques mais aussi à toutes les autres toxines d’envahir le cerveau, provoquant cancers et maladies neuro dégénératives de type Alzheimer. Dans ce contexte de grande fragilité de la santé du vivant, confrontée aux pollutions croisées, il faudrait pouvoir mener des études sérieuses et prendre des mesures de sauvegarde. C’est tout le contraire qui est en œuvre.

Cette décision, à contre-courant de la doctrine européenne des échanges mondialisés sans contrainte, n’est pas une si grande victoire qu’il y parait. A part les apiculteurs dont l’activité était menacée par ce produit tueur d’abeilles, les Français ne sont pas certains d’être débarrassés de l’acétamipride. Ils risquent de le consommer dans les produits turcs ou la Nutella italienne ou bien encore dans les dérivés des betteraves ukrainiennes et américaines. Les producteurs français pourraient être ruinés par cette concurrence déloyale, sans avantage pour les consommateurs et la santé du public. Cet argument – imparable – est repris par la presse et les médias qui, dans leur très grande majorité ont choisi leur camp.
Difficile de critiquer la pollution des super tankers, qui contribue aux dérèglements climatiques chez BFM-RMC dont le patron est un des grands armateurs mondiaux ; parler des nanoparticules des matières plastiques dangereuses pour la santé chez Radio-Télé-Journaux Bolloré dont l’activité s’est constituée à partir d’une affaire d’emballages de matières polymères, serait discourtois. Souligner le rôle toxique des champs électromagnétiques sur les antennes du groupe TF1, alors que la maison Bouygues contribue – entre autres – à la pollution des ondes est impensable. Les diverses formes de pollutions environnementales ont pour but de générer des profits. Les bénéficiaires du système ont des relais puissants dans les sphères de la politique et des médias. Cette pétition est une anomalie française.
Les décisions concernant les échanges commerciaux et les normes environnementales sont prises ailleurs…
à Bruxelles et à Washington. Elles reposent sur la doctrine de la libre concurrence, censée générer le progrès. Les résultats évidents : dérèglement climatique, atteintes à la santé, disparition du monde agricole sur le territoire français (on est passé de 1,6 millions d’agriculteurs en 1970 à 400 000 aujourd’hui), instillent comme l’ombre d’un doute dans les consciences d’une partie des citoyens. Ce qui est très étonnant, dans l’actualité récente, c’est que le grand marché mondialisé, présenté depuis les années 1970 comme l’aboutissement de la civilisation occidentale a du plomb dans l’aile. Il explose à coups de droits de douanes arbitraires pouvant dépasser les 100 %, de la part du pays qui a mis en place le système. Quant aux pollutions diverses qui mettent en péril le vivant, c’est désormais, « no limit ».