Views: 25

Le trafic Transmanche-ferries, Calais-Douvres, sera 100% électrique en 2035

Les trois compagnies maritimes britanniques qui gèrent la ligne Calais-Douvres et en possèdent les ferries viennent d’annoncer qu’en 2035, tous leurs bateaux auront adopté la traction électrique. Comme on dit en bon français contemporain, « fingers crossed » !

A l’entrée du port de Calais, un nouveau ferry hybride.

En ce mois de janvier (2025), mois des bonnes résolutions,

le Port de Calais et les compagnies britanniques qui l’empruntent, ont convoqué la presse pour lui annoncer le passage des ferries qui sillonnent la Manche entre la France et l’Angleterre au 100% électrique. En 2035, plus une goutte de gasoil n’entrera dans ce port, premier en Europe pour le trafic des voyageurs. Les télés, les journaux et l’AFP ont pu, dans la foulée, tels les apôtres du temps jadis, prêcher la bonne parole à leur clientèle.

D’ailleurs, ces temps nouveaux ont commencé. Deux ferries hybrides sont déjà en service et ils consomment 40% de gasoil en moins. Cette évolution – qui est même une révolution – doit être d’abord mise au compte du Royaume Uni. On le dit, conservateur, mais il a toujours eu tendance à se projeter vers l’inconnu. On se souvient qu’à la suite des Espagnols et des Portugais, les Anglais se sont lancés à la conquête du Monde, en Amérique du Nord, en Australie, en Afrique, en Inde et en Chine, colonisant ces contrées lointaines. Ils y ont établi un Empire. L’Europe, telle qu’on la connaît aujourd’hui doit beaucoup à la Grande-Bretagne et à ses à-priori économiques. Elle s’est inscrite sans réserve dans un processus de Mondialisation qui a donné la main à la Chine et aux Pays émergents.

La Communauté européenne a adopté la doxa de privatisation totale de la Grande-Bretagne,

où même les toilettes de Victoria-Station ont été privatisées. Les effets sur les industries et la balance commerciale des nations ont été considérables : la France en est un bel exemple. Cet élan pour se projeter vers les contrées inconnues, sans retenue et sans possibilité de retour en arrière, vient de trouver une nouvelle illustration avec la décision de conduire le Royaume Uni vers le tout électrique. Les moteurs thermiques y seront totalement interdits à la vente, dès 2035. Le gain en terme de lutte contre le réchauffement climatique de la planète n’a rien de très évident car, plus de 40% de l’électricité produite en Grande-Bretagne provient de centrales au gaz, très prolixes en gaz à effet de serre. Quoiqu’il en soit, l’innovation et le modernisme font partie de l’ADN des sujets de de sa Gracieuse Majesté.

Le 17 mars 1816, la première traversée de la Manche par un navire à vapeur est réalisée par l’Élise, de construction britannique mais battant pavillon français.

Cette première liaison Transmanche en surface à propulsion électrique est une belle revanche sur la mise en service sur le détroit du premier navire à vapeur français, datant de 1823. Pourtant, nul ne peut regretter les navires à vapeur et même ceux au gasoil et au fioul. Les trois compagnies maritimes britanniques émettent 400 000 tonnes de carbone par an pour assurer le trafic transmanche.

C’est un chiffre important !  

Mais il est tout à fait marginal, comparé à la pollution générée par la flotte de tous ces navires du commerce mondial. Un seul gros porte-conteneur brûle entre 140 et 300 tonnes de carburant par jour, dans des moteurs hauts comme des immeubles. Ils sont presque 6 000 dans le Monde. C’est vertigineux ! Un bateau de croisière expulse la même quantité de soufre que l’équivalent d’un million de voitures par, jour. 

Un navire moderne de croisière.

On comprend mieux l’urgence de bannir les voitures thermiques en Angleterre !

Ces bateaux de haute mer qui utilisent le fioul marin, un résidu ultime du raffinage pétrolier – dont on ne peut rien faire d’autre – sont très polluants parce qu’ils expulsent force produits toxiques et gaz à effet de serre qui sont une cause majeure du dérèglement climatique. Dans ces conditions, les 400 000 tonnes du trafic transmanche, ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer du fioul lourd qui pollue la planète.

Tout cela a un coût !

Selon l’AFP et consorts, rien que pour Calais, il va falloir débourser 50 millions d’euros : 7 M€ pour le Port, 3 M€ pour Réseau de transport d’électricité de France et environ 40 M€ pour le raccordement du port aux ferries, via une technologie et une connectique révolutionnaires.  La presse souligne avec gourmandise la proximité du port de Calais avec la centrale nucléaire de Gravelines, un atout pour limiter les coûts. Côté anglais, le nucléaire même s’il est plébiscité par les écologistes britanniques, demande des investissements considérables. Il faut moderniser la centrale de Sizewell dont les vieux réacteurs sont en fin de vie tandis que deux réacteurs de type EPR sont déjà  en construction. Comme ils sont sur le même modèle que celui de Flamanville (France) dont on connaît l’Histoire, on ne peut qu’être optimiste : « Fingers crossed !» 

La carte du littoral publiée par « Climate Central ». Les zones rouges sont celles inondées.

En résumé, si tout va bien, en 2035, le trafic transmanche ne rejettera plus un gramme de carbone, ce qui sera excellent pour la planète. Mais, selon le GIEC, le réchauffement mondial atteindra + 1,5°C, dès 2030, ce qui risque de modifier considérablement la géographie du secteur. Différents modèles sont disponibles. Ils proposent des chiffres qui vont d’une hausse de la montée des eaux, de un à trois mètres. Un nouveau rapport de l’institut de recherche indépendant, « Climate Central », est très préoccupant. Selon cette étude, en 2050 (c’est-à-dire demain), les régions de Dunkerque et Calais seront sous les eaux tandis que Gravelines disparaitra.

Ce travail s’appuie sur l’IA et les premières observations de ce qui se passe dans les régions du globe les plus fragiles et les plus exposées. Elle n’est pas la plus pessimiste. D’autres prévoient le début des gros problèmes, dès 2035. Evidemment, prévision n’est pas certitude. Formons le vœu que ce modèle des scientifiques américains se révèle erroné. 

On ne sait pas où l’on va, mais on y va! Tout droit ! « Fingers crossed !» 

Sur le même sujet :

http://blog.prophoto.fr/cent-mille-pieds-sous-les-mers-ou-lhistoire-du-tunnel-sous-la-manche/

Laisser un commentaire