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Histoire pressée du musée des Récollets,1809 – 1847, premier musée des Beaux-Arts de Lille

Le Palais des Beaux-Arts de Lille est le plus grand musée de province. La richesse de sa collection de peinture, la plus importante après celle du musée du Louvre, doit beaucoup à l’époque de son ancêtre, les Récollets. Ce musée lillois est né, peu après la Révolution française. 

Le musée est une invention de la Révolution.

L’idée des législateurs de l’époque était de permettre au Peuple d’accéder à l’Art. Auparavant, celui-ci était réservé aux belles demeures aristocratiques ou aux bâtiments du clergé. Pour que cela soit possible, il fallait créer des lieux ouverts à tous. Le Louvre et Versailles furent les premiers musées de l’époque révolutionnaire. Restait à permettre aux citoyens des régions éloignées de Paris d’accéder aux œuvres. Dans la lignée de la Révolution, en 1800, le premier Consul – un certain Napoléon-Bonaparte – institue « les Musées de province ». Ils ont vocation à s’implanter dans les principales villes de France. Des pièces des musées nationaux, confisquées, qui provenaient des biens du clergé et de la Noblesse ou des prises de Guerre de l’état révolutionnaire, pouvaient être décentralisées, à condition que « la commune dispose d’une galerie convenable pour les recevoir.» La ville de Lille, fidèle à l’idéal révolutionnaire et dont l’esprit de résistance s’était illustré avec éclat lors du siège de 1792 par l’Armée autrichienne, fut parmi les mieux dotées. Elle reçut quarante-six œuvres de premier plan. 

Mais, Lille n’avait pas attendu les initiatives parisiennes pour œuvrer à la naissance de son musée.

En Flandres, aussi, la confiscation des œuvres d’art va bon train. Dès 1790, elles sont stockées dans l’ancien couvent des Récollets dans des conditions précaires. Le peintre Louis-Joseph Watteau – dit « Watteau de Lille » car il avait posé son chevalet dans cette ville en 1765 – en inventorie plus de deux-cents. En1793 il propose au Directoire du district de Lille de constituer un musée à partir du patrimoine artistique des Récollets. En 1795, il en est nommé officiellement le conservateur afin « d’assurer la gestion des œuvres » que détient le couvent. Il s’agit d’une collection de plus de huit-cents pièces ! La transformation de l’ancien couvent en lieu capable d’accueillir du public prend du temps et de l’argent. 

C’est seulement le 15 août 1809 qu’il ouvre enfin ses portes.  

Il propose cent-neuf œuvres de très grande qualité. La salle d’exposition est aménagée dans l’ancienne chapelle. C’est un local tout en longueur avec comme seules ouvertures, deux fenêtres en ogives à chaque extrémité. Au centre de la galerie, l’éclairage est défectueux, ce qui nuit à l’examen des œuvres. Pourtant elles sont remarquables et encensées par les visiteurs étrangers. En 1813, il se produit un évènement fâcheux : le baron Duplantier, préfet du Nord, décide de vendre aux enchères publiques trois-cent-cinquante-quatre tableaux. Cette vente rapportera à l’Etat de mille-trois-cent-soixante-cinq francs et cinquante centimes : une somme dérisoire comparée à la richesse de ce patrimoine. Certaines de ces œuvres seront rachetées beaucoup plus cher et d’autres sont disparues à jamais. En 1834, alors que le musée est dirigé par Isidore-Ernest-Joseph Bonnier de Layens, Jean Baptiste Wicar lègue à Lille sa riche collection parmi lesquels mille-trois-cents dessins d’artistes européens, un bas-relief de Donatello et une Tête de cire du temps de Raphaël considérée comme un chef d’œuvre de l’Art mondial. En 1847, le musée emménage dans l’Hôtel-de-Ville rénové. Quelques années plus tard le couvent des Récollets sera rasé. A sa place, on construira le lycée impérial qui deviendra plus tard le lycée Faidherbe.

Les Récollets, version longue :

Le présent article a été rédigé pour les besoins d’une publication papier. Il en existe une autre version plus détaillée.

http://blog.prophoto.fr/le-musee-des-recollets-le-premier-musee-des-beaux-arts-de-lille-1809-1847/