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Le Beffroi de l’ancien Hôtel-de-Ville de Lille, 1826, 1857 

Lille : Hôtel de ville et le Beffroi, 1854, BM de Lille.
La photo est prise au dernier étage du n° 25 rue de Paris, c’est à dire depuis l’atelier d’Alphonse Le Blondel, qui a documenté le Lille du XIXe siècle.
L’Hôtel de ville et le Beffroi, une lithographie des frères Boldoduc, BM Lille.
La source est explicite et l’image fait référence à la photographie de Le Blondel (même date, même adresse). Partir d’une photographie était un procédé très courant pour ces graveurs imprimeurs. En général la gravure est très fidèle à son modèle. Ici le graveur a pris beaucoup de liberté. Tandis que le bâtiment prend de l’importance. L’avant plan est abaissé, redessinné, rapetissé pour mettre en valeur le bâtiment municipal.

En 1664, pour 90 000 florins, le Magistrat lillois achète auprès du roi d’Espagne la plus grande partie du Palais Rihour.

Il s’agit de l’ancienne résidence des Comtes de Flandre. La municipalité veut en faire sa nouvelle « maison de ville » en remplacement de la Halle échevinale qui occupait un des angles de la Grand’Place. Ce bâtiment moyenâgeux avait perdu son beffroi en 1601, à cause du poids considérable de ses cloches, qui avait fragilisé la construction. Il faudra attendre 1826 pour qu’un nouveau beffroi soit érigé dans l’ancien Palais Rihour. Symbole de l’indépendance de la ville, le beffroi servait surtout de poste de guet pour détecter les incendies qui pourraient survenir. Mais il y avait un problème ! Si le guetteur pouvait s’installer sans problème au dernier étage du bâtiment, ce n’était pas le cas des cloches. L’énorme bourdon lillois ne passait pas dans l’escalier. Cette anomalie était un prétexte aux quolibets, particulièrement en période électorale. Ainsi, Debuire du Buc écrit : « Par eun feurniète on volot mette eun cloq  pendu dins ch’fameux nid d’gavus, ch’est alors qu’on s’a aperçu qu’cheul cloq avot un trop gros cu. » 

Restes du Palais Rihour (Hôtel de ville) Démolition du beffroi (juin 1857), BM de Lille

La déconstruction-reconstruction de Rihour de 1847 à 1859, sous la direction de l’architecte lillois Charles Benvignat devait sonner le glas du malheureux beffroi. Il est démoli en 1857.

Bonus :

La Halle échevinale et son beffroi, avant 1600.

Ancien hôtel de ville et beffroi avant 1600, gravure du XIXe siècle, BM de Lille.

L’oraison funèbre du beffroi par Alexandre Desrousseaux. 

Texte en patoisTraduction en français
Complainte d’un guetteu su’ l’démolition du beffroi
Quand j’ai vu défair’pièche à pièche
Min pauv’ beffro, j’étos saisi.
Mais faut-i’ l’ dire ? veyant cheull’ brèche
Faite à no’ vill’, tout l’mond a ri.
Pourtant (quoiqu’ ch’est bien assez drôle)
D’ vir un homm’ querre , on est joyeux…
Mais quand i’ s’a démis l’épaule,
On dit, du moins, ch’est malheureux
Mais min beffro, ch’est triste à dire,
N’a mêm’ point cheull consolation.
Malgré s’culbute, on n’cess’ de rire,
On n’fait qu’vanter s’démolition.
L’un dit : « Ch’ n’étot qu’un grand mont d’briques ! »
Un aut’ tariar ajout’ viv’ mint :
« Les plus vilains ballots d’fabriques
Sont aussi beaux que ch’ monumint !
Complainte d’un guetteur sur la démolition du beffroi
Quand j’ai vu défaire pièce à pièce
Mon pauvre beffroi, j’étais saisi
Mais faut-il le dire ? Voyant cette destruction
Faite à notre ville, tout le monde a ri.
Pourtant, c’est assez drôle
de voir un homme tomber
Mais quand il se démet l’épaule
On dit, du moins, c’est malheureux
Mais mon beffroi, c’est triste à dire,
N’a même pas cette consolation
Malgré sa culbute, on ne cesse de rire,
On ne fait que vanter sa démolition
L’un dit : «  ce n’était qu’un grand mont de briques ! »
Un autre moqueur ajoute vivement
« Les plus vilaines cheminées d’usines
Sont aussi belles que ce monument »

Un peu d’Histoire du lieu :

http://blog.prophoto.fr/gloire-et-malheurs-du-palais-rihour-ancienne-residence-des-comtes-des-flandres/

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