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Les dernières maisons qui longeaient la Brasserie ont disparu, 59370
Les maisons du rang impair de la rue du général de Gaulle, après le Trocadéro, ont disparu au fil des ans. On vient de démolir les trois dernières.
Au tout début du XXe siècle, grande route de Roubaix, passé le Trocadéro (actuellement, rue du général de Gaulle), il y avait quelques maisons.
Puis, c’était la campagne. Il y avait juste la brasserie Léon Delattre fondée dans les années 1880. Mais son activité n’était guère florissante. C’est ainsi que les époux Waymel, Louis et Louise, brasseurs ambitieux, font l’acquisition de la vieille brasserie et du vaste terrain qui l’entoure. Ils vont pouvoir y développer les « Bières Coopératives de Mons-en-Barœul ». Leur projet était d’en faire, en toute modestie, la plus importante brasserie de la Région. Ce sera chose faite à la fin des années 1930. Le site est inauguré en décembre 1903. On y accède par la Grand–Route de Roubaix, où ont été érigés les bâtiments administratifs. Pendant la seconde Guerre mondiale, l’entreprise périclite. Les locaux se révèlent surdimensionnés en regard d’une production brassicole sur le mode « peau de chagrin ». C’est ainsi que « les Bières du Pélican », à l’étroit dans leur petite brasserie du port fluvial de Lille, y délocalisent une partie de leur fabrication.
Petit à petit, elles entrent dans le capital des « Bières de Mons », jusqu’à contrôler l’entreprise.
Le Pélican est devenu le maître du lieu. Ce changement de pavillon est une seconde vie pour la vieille Brasserie Coopérative. Sous l’impulsion de Jean Deflandre, un jeune entrepreneur talentueux, de nouvelles marques séduisent le public, de nouveaux ateliers sont construits, de nouvelles chaînes de production sont mises en place. En 1970, on produit à Mons un million d’hectolitres par an ! Ce site – dit de la Pilaterie – d’environ 25 hectares – est un atout pour un développement important des activités brassicoles. Racheter les biens mitoyens permet d’imaginer des projets encore plus ambitieux. C’est ainsi qu’à chaque fois qu’elle en a l’opportunité, la brasserie – désormais sous pavillon Heineken – rachète les maisons du rang impair de la rue du général de Gaulle.
La plus médiatisée fut celle du Résistant Henri Poissonnier, mort en déportation. Sa femme, en 1944, avait caché une boite en fer où se trouvait le matériel servant à faire de faux-papiers dans le jardin de la maison, au nez et à la barbe des Allemands ! Année après année, maison après maison, il restait de moins en moins d’habitations sur ce côté impair de la rue du général de Gaulle. Ces derniers temps, on n’en comptait plus que trois. Dans le quartier du Trocadéro on les appelait « les trois irréductibles ».
Mais, de nouveaux projets donnaient un intérêt supplémentaire à une extension du foncier. De nouvelles cuves de fermentation ont été installées ; une installation de recyclage des résidus de fabrication est en construction. « Il y a très longtemps, la brasserie m’avait proposé le rachat de la maison, mais je n’ai pas donné suite » explique Bernadette Cazier, l’une des occupantes des maisons orphelines. « Dernièrement, elle a renouvelé son offre. Il y avait beaucoup de travaux d’entretien à prévoir et c’était devenu trop grand pour moi. Surtout on m’en a offert un prix correct. Alors j’ai accepté ».
C’est ainsi que, récemment, les trois dernières maisons ont été mises à bas.
L’entreprise de démolition a travaillé comme à l’époque de la construction de ces antiques maisons : aucun engin faisant du bruit et de la poussière. On a retiré les briques et les poutres, une à une. Le bâti de ces très anciennes maisons se prêtait à la méthode. Sur le rang pair de la rue, pour d’autres raisons, la plupart des maisons ont été démolies tandis que d’autres ont été reconstruites.
Mais la maison des époux Waymel, une sorte de château néo-gothique-rococo qui a traversé le siècle sans encombre vient d’être rénovée. Elle trône fièrement, face à la brasserie… comme toujours. Une page de l’histoire du quartier vient de se tourner.
Une histoire de bières et de photos :
http://blog.prophoto.fr/photographie-et-patrimoine-brassicole-andre-et-la-brasserie-de-mons/