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Parc urbain de Villeneuve d’Ascq, la vie des poules d’eau, 59650

 « On a toujours besoin d’un plus petit que soi », un poète picard.

Au parc urbain de la métropole lilloise, on peut voir des gens et des animaux. Mon espèce préférée, c’est celle des poules d’eau.

Ce parc est situé dans la banlieue de Lille, pas très loin d’une bretelle d’autoroute. C’est très grand, avec un lac et des arbres tout autour. Il y a une sorte de canal qui rejoint un autre lac dans la campagne. On y trouve des animaux qui vivent dans les bois ou en milieu aquatique. Dans les allées, on rencontre des humains, à vélo, à poussette où à pied… des amoureux, des familles et des sportifs. C’est « un poumon de verdure dans la ville ». On y respire bien, loin des gaz d’échappement à particules des voitures et des camions. On est loin des ondes électromagnétiques, des antennes et des smartphones. Enfin, surtout en semaine, parce que, le dimanche, le parking est bondé. Y trouver un espace relève du coup de chance ! Il n’y a pas d’équivalent à des kilomètres à la ronde ! De l’autre côté de la ville, il existe un autre grand parc qui entoure une ancienne citadelle. Jadis, j’y pratiquais la course à pied avec mon labrador. La sale bête avait pris l’habitude de nager dans les fossés des fortifications au milieu des canards. C’était une époque très libre… il y a très longtemps ! Mais l’endroit a été aménagé avec des potelets de stationnement, des grilles et des barrières partout. Un grand parking en béton, concédé à une société privée et fort onéreux, est censé mettre du beurre dans les épinards des finances de la ville. L’accès n’est pas des plus pratique ! Je n’y vais plus et ne suis pas le seul ! 

Ce parc urbain de Villeneuve d’Ascq, c’est un vestige du monde d’avant. Il a été préservé  au milieu de la nouvelle ville qui date des années 1960. C’était l’époque des grandes manœuvres du relogement. On avait regroupé plusieurs petites communes pour en faire une grande. On y a construit de grands cubes de béton avec beaucoup d’appartements dédiés aux classes populaires, mais pas seulement. Une partie du bois a été divisée en lotissements de luxe pour accueillir des maisons de riches. Il paraît que, question cambriolage, ce n’est pas l’idéal. Les riches ont des soucis que les autres ignorent. Mais la plus grande partie de ce coin de nature a été préservée dans son état d’origine. On l’a appelée « Parc Urbain » et dédiée aux loisirs des habitants de la ville. Ces élus des années 1960 avaient quand même des idées rétrogrades. Geler toute une partie urbaine en zone naturelle alors qu’on aurait pu y construire une foule de programmes immobiliers juteux, cela dépasse l’entendement ! En tous cas, pour l’instant, l’existence de ce parc urbain n’a été remis en question par personne.

Il y a beaucoup de choses à faire et à voir dans cet endroit. Ce que je préfère, c’est observer les poules d’eau. Il y a toute une famille qui habite près d’un pont. A dire vrai, il ne s’agit pas de vraies poules d’eau qui ont un bec rouge mais d’une autre espèce voisine à bec blanc. Mais tout le monde les appelle les poules d’eau. Précisément, ce sont des foulques macroules de la famille des Rallidae. Je le sais parce que je ne suis pas le seul à m’intéresser à ces petites bestioles. Il y avait un grand-père et sa petite fille, près du pont. C’était mieux que de se polluer avec Wikipedia. Le papy expliquait doctement que cet animal « gruiforme était une espèce voisine d’oiseaux plus gros comme la grue cendrée ». Il y avait beaucoup d’admiration dans les yeux de la petite fille devant les connaissances encyclopédiques de son grand-père. On sentait poindre, chez elle, le projet d’être aussi cultivée que lui, quand elle aurait son âge. 

La famille poule d’eau est composée de cinq petits poussins et de deux parents. Au début du printemps la présence de ces oiseaux est très discrète. Aux premiers rayons de soleil on voit les parents s’affairer sur le mode castor. Profitant d’un haut-fond, ils entassent l’une après l’autre des branches qui s’entrelacent pour former un nid. Jour après jour, ils le perfectionnent. Sa hauteur finit par être impressionnante. Comment font ces oiseaux à petite tête pour fabriquer un édifice aussi résistant que sophistiqué ? Pourquoi tous les nids depuis la nuit des temps se ressemblent ? Ce sont les grands mystères de la Nature ! Puis vient la période de la ponte. Pour couver les œufs, le mâle et la femelle se relaient pour assurer une température constante, condition de la préservation de la vie. Le nid est toujours occupé au moins par l’un des deux parents, 24 heures sur 24. Au début les poussins sont de toutes petites boules noires et rouges. On ne voit que leurs petits becs affamés qui dépassent des branchages, prêts à recevoir l’offrande d’un vers de vase pioché au fond par leurs parents. Le papa et la maman poule d’eau effectuent une navette incessante pour nourrir leurs cinq petits qui semblent en permanence affamés. C’est assez beau à voir. Les poules d’eau ont un sens aigu de la vie et de la famille. Bientôt, maladroitement, les petits vont sortir du nid. Ils ne vont pas très loin. Ils sont très gloutons et le rouge de leur tête s’estompe peu à peu. Chaque jour, on les retrouve à quelque pas de leur nid. Quelquefois, ils disparaissent cachés on ne sait-où. 

Leur absence est une inquiétude pour les amoureux des poules d’eau. Les prédateurs de tous poils, hommes et animaux, peuvent être un danger pour cette belle famille. Les revoir apparaître est un soulagement. Je ne suis pas le seul à m’intéresser à la vie des poules d’eau. Il y a des familles d’humains avec enfants et aussi des couples d’un certain âge. La première chose que fait la dame, c’est de compter le enfants… voir s’ils sont tous bien là. L’instinct maternel transcende les espèces. Il y a des différences notables entre la maman et le papa poule d’eau. Le mâle est plus gros. Il a tendance à la paresse. Juché sur une branche d’arbre, il passe du temps à se lisser les plumes. On sent, à son air satisfait, qu’il se trouve très beau. Son épouse, inlassable, plonge pour aller chercher de la nourriture et donne la becquée à ses petits. A la fin, le mâle finit par consentir à la relayer. Si le nid est menacé pas des intrus, d’autres poules d’eau ou des canards, c’est la femelle qui défend le territoire. 

C’est tout à fait incroyable de voir cette petite boule de plumes de rien du tout faire fuir des canards quatre fois plus gros qu’elle par sa détermination et sa pugnacité. 

Les poules d’eau sont un bel exemple pour nous tous. Elles ont le sens de la famille et de la responsabilité. Leur nid et leur territoire sont strictement conditionnés à leur survie et rien de plus. Pas de guerre de conquête. Pas d’esprit de prédation ni de raids meurtriers pour affirmer leur puissance et leur domination. On emprunte à la nature juste ce qu’il faut pour le bien-être de l’espèce, mais pas plus. Il y a une sorte de sagesse ancestrale chez ces animaux pacifiques… à l’inverse des humains qui pillent la planète fourbissent en permanence des guerres de conquête pour montrer aux autres et à eux-mêmes jusqu’où peut se développer leur puissance. Malgré les morts, les destructions y compris celle de la planète, rien ne les arrête. L’hubris et la folie sont leurs seules boussoles, leur moteur et leur raison d’être. Entourés d’une foule de courtisans qu’ils rémunèrent, les puissants ne reçoivent que louanges et se sentent confortés dans leurs comportements mortifères. Ainsi, dans les instituts politiques, les écoles d’administration de management et de journalisme est-il urgent d’inscrire un stage d’observation des poules d’eau. Les jeunes futurs cadres des grandes décisions collectives pourraient emprunter à ces petits animaux des marais un peu de leur sagesse pour le plus grand bien de l’humanité et de la planète.

L’album souvenir de la famille Poule d’eau :

Ma maison sur une île au milieu de la rivière.
On y est protégé comme dans un château-fort.
A la course entre maman et bébé poule d’eau : maman triche en déposant les ailes que bébé n’a pas.
A la régulière, elle a bien du mal à s’imposer.
Nos voisins du Musée ont installé près de notre nid ce crocodile en bois. Il paraît que c’est de l’Art.

Les voisins de la famille poule d’eau.

On aurait pu parler de la famille cygne : une autre histoire.
Ou bien de la famille Canards.
il y a aussi quelques chevaux, pas loin.

Les visiteurs d’un jour : les humains

Quand les humains débarquent, c’est la pollution assurée… sonore et ondes toxiques des téléphones portables…
Les humains font un raffut d’enfer avec des tambours brésiliens.
Certains jouent de la trompette et non pas du cor au fond des bois.
D’autres s’allongent sur les pelouses.
Ou dans des transats.
Les plus courageux font des concours d’équilibre.

Il y a beaucoup à faire et à voir dans ce parc urbain..

Ailleurs…

L’automne au Pont Napoléon, Lille