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Mons va-t-elle être envahie par les Lillois ?
L’instauration du stationnement payant sur tout le territoire de la ville de Lille fait craindre à Mons que les Lillois de Saint-Maurice-Pellevoisin trouvent plus avantageux de se garer de l’autre côté du pont, plutôt que d’investir dans des tickets de stationnement ou dans un macaron d’abonné résident.
Anticipant sur les désordres que pourrait engendrer la décision lilloise, le Conseil municipal de Mons-en-Barœul a pris les devants en créant une zone bleue dans les rues proches de la Capitale des Flandres.
Mais le pire est-il certain ?
Pour revenir de Mons, il faudrait marcher plusieurs centaines de mètres… à pied ! C’est fatiguant ! Ainsi, des habitants du secteur ont-ils trouvé une solution plus économique en semelles de chaussures. En témoigne cette automobile photographiée quelque part à Lille-Saint-Maurice. Comme les contraventions sont exclusivement dressées pas des voitures LAPI (pour lecture automatisée de plaques d’immatriculation) équipées de caméras qui lisent les plaques des automobiles, certains propriétaires de véhicules du secteur ne manquent pas d’imagination.
Un bout d’essuie-tout coincé opportunément du côté de la plaque arrière rend la lecture complète du numéro minéralogique inopérante. Pour la plaque avant, c’est simple, il suffit de se garer à ras du véhicule précédent, ce qui est relativement facile avec une automobile équipée de caméras d’assistance aux manœuvres de stationnement. Mons sera-t-elle préservée par l’inventivité des Lillois ?
Le PV automatique, c’est chic !
Dans les années 1970, l’automobile est reine dans les campagnes et dans les villes.
On construit des autoroutes ; on élargit les rues pour que l’on puisse mieux circuler ; on aménage de grands parkings dans les centres-villes pour développer le commerce ; on supprime les lignes de tramway au profit des autobus. L’essence est pour rien tandis que les gaz à effet de serre et remplis de particules sont inconnus des décideurs !
Mais, avec la démocratisation de l’automobile, la prolifération des véhicules dans les centres urbains commence à être ressentie comme un problème. Une manière facile de limiter leurs nuisances consiste à verbaliser leur stationnement. Cela amène des ressources supplémentaires aux collectivités locales dans un contexte où elles sont de plus en plus démunies. Comme toujours, Paris a montré la voie. Ce fut d’abord les « Pervenches » et leur carnet de contravention. C’était l’époque de la verbalisation à figure humaine. Pour un motif impérieux, on pouvait négocier avec elles quelques minutes de stationnement illicite. Mais très vite la modernité a pris le pas.
Le credo du gestionnaire, dans le Privé comme dans le Public, est de faire de plus en plus avec de moins en moins de salariés. Dans l’idéal, il ne faudrait plus avoir de salarié du tout ! Avec l’IA, qui avance à la vitesse d’un cheval au galop, on n’en est plus très loin ! Dans le sillage de Paris, Lille a opté pour un système de voitures à lecture automatique des plaques d’immatriculation (LAPI). Elle en possède trois, équipées chacune de quatre caméras, pouvant adopter trois axes différents. C’est top-high-tech ! Plus moderne qu’à la Capitale, selon le Beffroi !
Chaque voiture distribue plus de 1500 PV par jour !
Cela représente, par an, une dizaine de millions d’euros qui s’ajoutent aux quinze millions d’euros des horodateurs et des forfaits de stationnement. Les PV automatiques, c’est une belle entreprise lucrative qui ne connaît pas la crise ! Mais, une décision du Conseil d’Etat du 18 novembre dernier jette une ombre sur le paysage idyllique du PV automatique. Une automobiliste parisienne verbalisée par un système LAPI a vu son recours conforté par le Conseil au motif « que les dispositifs de contrôle par géolocalisation comportent un risque d’erreur non négligeable pour établir l’emplacement exact du stationnement des véhicules ». Il ajoute « que les automobilistes doivent être en mesure de contester pleinement ces FPS » (forfaits de post-stationnement).
La Capitale des Flandres est-elle à labri de cette jurisprudence grâce à ses caméras à tirer dans les coins ? C’est ce que nous verrons les prochains mois ! Mais, il est peu probable que la décision du Conseil d’Etat révolutionne le système. Moins de 3% des contraventions sont contestées et seulement 0,001 % atterrissent à la Commission du contentieux du stationnement payant. Il est beaucoup plus réaliste, pour les possesseurs d’automobiles, dont les moyens sont limités, de payer l’amende que de se lancer dans une procédure aléatoire qui nécessite des frais d’avocats très supérieurs aux sommes en jeu… même si, en terme de budget annuel, le règlement des PV impacte leur niveau de vie.
Histoire de frontière :