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Gare aux écouteurs et aux casques sans fil… si vous tenez à votre cerveau.

Certains trouvent malin de vivre en permanence avec des écouteurs Bluetooth dans les oreilles pour rester connectés au monde virtuel de leur Smartphone. Mais, l’abus de cette pratique peut, sans qu’ils en aient la moindre conscience, ruiner leur santé.

Le téléphone sans fil équipé d’oreillettes Bluetooth, c’est Smart !

Les écouteurs intra-auriculaires ont connu, ces dernières années, un succès commercial qui dépasse l’entendement.

Le modèle le plus emblématique est sans doute l’AirPod d’Apple. Au début 2023, il a dépassé les 100 millions d’exemplaires vendus. Cet emballement pour le « tout sans fil » a incité la marque à la Pomme à supprimer, purement et simplement, la prise casque de ses I-Phones. Cela n’a pas empêché le modèle d’être plébiscité par le public.  La technologie sans fil, se révèle très pratique et la qualité de son de ses écouteurs est absolument bluffante.  

Naturellement, la concurrence s’efforce de tirer son épingle du jeu en développant sa propre production, qu’elle fait connaître par la publicité et les médias. Ainsi peut-on lire dans un quotidien régional : « Les écouteurs intra-auriculaires et le casque Bose Quiet Confort Ultra font honneur à la marque. On est sur du haut de gamme, les prix s’en ressentent, mais la qualité de son, de fabrication, comme la réduction du bruit sont à l’avenant ». 

Un concurrent d’Apple.

On a envie d’investir ! 

Les marques fournissent aux journalistes un exemplaire du produit. Ainsi, cet article d’information n’est pas loin du domaine publicitaire. Il serait discourtois de décrier un produit que l’on vous a offert gracieusement ! Ce n’est pas pour cela que le produit est forcément mauvais. Il peut même être excellent !

C’est d’ailleurs ce que semble en penser le rédacteur : « Les écouteurs intra-auriculaires, les Bose Quiet Confort Earbuds, ces écouteurs intra-auriculaires haut de gamme, on vous en dit du bien depuis le début, comme ici. Voici désormais, la version Ultra, dernière en date. Et pour faire simple, on prend les mêmes et on fait toujours aussi bien », écrit-il. « Le son est doux, rond, précis. La réduction du bruit est quasi imbattable dans l’univers impitoyable des écouteurs sans fil (true wireless». L’article fournit même l’explication de ce miracle : « Une réduction d’abord mécanique, grâce à une canule souple, qui vient fermer le conduit auditif. Ensuite une réduction par logiciel : le micro des écouteurs vient neutraliser le bruit avec le même bruit, mais en négatif. »

Je ne sais pas vous, mais moi, j’aurais envie d’investir dans une paire de Bose Quiet Confort Earbuds, même si le prix indiqué en bas de l’article est un peu chaud : 369 Euros. Comme consommateurs, avons-nous bien toutes les infos pour prendre la bonne décision ? Le journal « UFCQue Choisir », pourtant réputé laxiste sur la question de la pollution par les ondes électromagnétiques, nous met la puce à l’oreille en comparant les écouteurs Wifi LIDL au must de la gamme, les AirPods d’Apple. 

Le must : les Airpods

On y apprend que « Les écouteurs émettent sur la fréquence 2,4 GHz (la même que les micro-ondes) dès l’ouverture du boitier ; La communication Bluetooth est permanente après appairage avec le smartphone ; Le niveau de rayonnement dépend de la distance de l’antenne de l’AirPod (située dans la partie droite de l’oreillette) » Jusque-là, ça va ! Mais, ajoute la revue, pour le modèle le plus modeste de LIDL, « à environ 2 cm, le rayonnement fait saturer notre équipement de mesure à 20mW/m2, soit environ 2,8 V/m , c’est-à-dire  le même niveau de pollution électromagnétique qu’à environ 40 mètres d’une antenne relais 5G». Mais pour les oreillettes d’Apple, cela se corse : « L’émetteur intégré aux AirPods est un Bluetooth de classe 1. Il possède une puissance de 100mW/ m2», c’est-à-dire 5 fois plus ! Il n’est pas dans mes intentions de jouer les rabat-joie, mais, à cette puissance d’émission, les vaches sont malades et les lapins et les poules décèdent en cadence. Heureusement que nous, les humains, sommes plus résistants que les animaux. 

L’OMS est chargée d’établir les normes de santé publique.

Mais, des voix discordantes s’élèvent contre le « Progrès » et le bienfait des ondes électromagnétiques.

Ainsi, dès 2015, près de 250 scientifiques appartenant à 42 pays ont signé un appel adressé aux Nations Unies, à l’Organisation Mondiale de la Santé et aux grands dirigeants de la planète. Ils tiennent à leur faire part de leurs «vives préoccupations» concernant les rayonnements sans fil, dont le Bluetooth, n’est qu’une toute petite partie émergée de l’iceberg. Certes, cet appel est antérieur à l’AirPod obligatoire (décrété par Apple en 2016), mais il a été renouvelé en 2019. Il est repris régulièrement par l’un ou l’autre des signataires jusqu’à des dates très récentes. Il a été entendu à sa manière par l’OMS, puisque l’Organisation a exclu de sa Commission des Ondes et de ses sous commissions – chargées des recommandations de santé publique en matière de pollution électromagnétique – tous les scientifiques signataires de la charte. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Tandis qu’en 2011, l’OMS reconnaissait que les ondes électromagnétiques, en particulier celles émises par la téléphonie sans fil pouvaient être « peut-être, cancérogènes pour l’homme », en 2024, avec le nouveau Conseil scientifique, « l’exposition au téléphone portable, même prolongée, n’a aucune incidence sur le développement du cancer du cerveau chez son utilisateur. » La bonne nouvelle a été aussitôt reprise et claironnée par tous les médias. 

K’offre de téléphonie sans fil est diverse.

 

Mais, cet appel des scientifiques, renommés pour leurs travaux, sont un caillou dans la chaussure de l’industrie des ondes. Certains, sur les réseaux sociaux où dans des revues marginales font parfois référence à ce manifeste. Il y a motif à mobiliser les Rédactions des grands médias pour redresser les fauteurs de troubles.

Ainsi, TF1, qui a développé une cellule

pour trier les « bonnes » informations des « mauvaises » (lesverificateurs@tf1.fr) tient à rassurer son public : « Depuis, une étude est sortie rs@en France. Elle atteste que les écouteurs protègent mieux des ondes qu’un simple téléphone portable vissé à l’oreille », faisant référence à une communication de l’ANFR (Agence nationale des fréquences) qui recommande l’usage des oreillettes, « qu’elles soient filaires ou sans fil ». C’est sûr que, même si l’OMS prétend que le Smartphone, collé sur le crâne, est tout à fait inoffensif, à tout prendre, mieux vaut opter pour les oreillettes. Grâce à l’ANFR et à TF1 vous pouvez dormir sur vos deux oreilles quant aux effets pernicieux des kits main libres. TF1 fait partie du groupe Bouygues, dont la filiale Bouygues-Télécom est une référence du monde de la commercialisation des radiofréquences. C’est une spécialiste. Ses informations… c’est du béton !

Une chaîne d’info adossée à un groupe de télécom.

Sa concurrente, BFMTV, ne pouvait pas rester à la traîne sur le sujet.

Elle publie au à son tour un article dont le titre est : « Non, les scientifiques n’affirment pas que les AirPods augmentent le risque de cancer. » Après quelques attaques, ad hominem, contre quelques scientifiques français mal-pensants, au demeurant déconnectés de la question posée, la chaîne d’info conclut. « Paradoxalement, l’utilisation d’écouteurs, y compris sans fil, donc de type AirPods, est l’un des meilleurs moyens de réduire drastiquement son exposition aux ondes électromagnétiques ». Là encore, cette information vient d’un spécialiste ! Au moment de cette publication BFM appartient à Patrick Drahi, le PDG de SFR-Numéricable, un autre géant de la téléphonie sans fil !

Evaluer les risques spécifiques liés à l’usage des oreillettes sans fil n’est pas chose aisée. Son usage est dilué dans les nombreuses technologies voisines, sources de pollution électromagnétique : Antennes-relais, tours hertziennes, Smartphones, DECT, Tablettes, Boxes internet, liaisons en tous genre (Wifi, 4G, 5G), etc. 

Les antennes fleurissent sur tout le territoire.

Comment savoir qu’un problème constaté vient spécifiquement du Bluetooth du téléphone ?

Pratiquement, c’est difficile à prouver… surtout en l’absence d’études. S’il va de soi que si le signal Bluetooth est plus faible que celui du téléphone sans fil, il n’est pas prouvé qu’il soit totalement inoffensif ? Revenons sur la technologie des écouteurs sans fil de type AirPod décrite dans l’article cité plus haut : « une réduction par logiciel : le micro des écouteurs vient neutraliser le bruit avec le même bruit » 

De quoi s’agit-il ? Les écouteurs Wifi haut de gamme utilisent une technologie dite ANC (Active Noise Cancelling). Des microphones miniaturisés sont intégrés aux écouteurs. Ils captent les bruits parasites venus de l’extérieur, les transmettent au Smartphone qui renvoie un signal inversé. L’addition des deux signaux sonores donne l’impression d’une absence de son parasite. Ces écouteurs ANC procurent une qualité d’écoute incomparable mais la multiplication des signaux qu’ils génèrent pose question. Résumons-nous : pour fonctionner, le kit dernière génération a besoin d’un double signal pour chaque oreille. Dans le très haut de gamme, via la Wifi les deux écouteurs seront harmonisés. La Wifi fonctionne sur une fréquence de 2.4 Ghz. Cette fréquence a été précisément choisie parce qu’elle traverse tout… et en particulier votre cerveau. 

L’oreillette Bluetooth produit un rayonnement de radiofréquences.

Imaginez- le, transpercé par ces multiples signaux d’un niveau non négligeable, constitué d’ondes polarisées et pulsées, d’une fréquence de 2.4 milliards de Hertz alors que son fonctionnement est régi par des courants électriques de faible puissance…

Que se passe-t-il ? Rien, nous assure-t-on !

Mais, on peut aussi, légitimement, être inquiet ! Ainsi Jerry Phillips, professeur de biochimie à l’Université du Colorado à Colorado Springs, l’un des signataires du texte d’alerte, déclare « Ce qui me préoccupe pour les AirPod, c’est que leur placement dans le canal auditif expose les tissus de la tête à des niveaux relativement élevés de rayonnements radioélectriques ».Il mentionne des risques potentiels de tumeurs et de maladies dégénératives. Un autre signataire, Joel Moskowitz, directeur du Centre pour la santé familiale et communautaire de l’Université de Californie, à Berkeley, estime que « vu les troubles neurologiques et les dommages à l’ADN consécutifs à l’exposition aux ondes » mis en lumière par différents travaux, « on devrait faire preuve de plus de prudence. Nous naviguons essentiellement à l’aveugle. » Bien sûr, parmi les scientifiques rétribués, directement ou indirectement par les industries des ondes – dont ceux de l’OMS -, on trouvera l’opinion inverse.

Difficile pour le profane de s’y repérer. Inutile de compter sur les avis de la presse et des médias, hormis quelques rares publications indépendantes. Méfiez-vous surtout des fact-checkers. Ils sont souvent des influenceurs diplômés. C’est à chacun de se faire son opinion. Mais, appliquer le principe de précaution à l’usage des écouteurs sans fil peut vous éviter bien des ennuis. Les scientifiques cités plus haut conseillent d’utiliser des oreillettes utilisant la technologie AirTube. Le son est moins brillant que celui des Air-Pods ou des Bose Quiet Confort Earbuds mais c’est plus sécuritaire. Le mieux est encore de fermer votre Smartphone, sauf pour un usage indispensable. 

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