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Heures et Malheurs de la ligne F, Lille-Roubaix

L’arrêt des tramways F et I barré, rue du général-de-Gaulle à Mons-en-Baroeul vers 1950

La ligne de tramway Lille-Roubaix qui traversait entièrement la commune de Mons-en-Barœul, via la Grande route de Roubaix (actuellement, rue du général de Gaulle) a connu des heures de gloire mais aussi des vicissitudes.

La ligne F est une des premières lignes du réseau de tramways lillois qui va s’étendre dans toute la métropole.  Les deux premières lignes de ce réseau du « Chemin de fer américain » comme on l’appelait alors, datent de l’année 1874. Il s’agit de voitures à traction hippomobile. La première société des tramways est dirigée par Simon Philippart, un financier belge.  C’est peut-être la raison pour laquelle les deux premières lignes vont s’appeler A et B.  

On continuera ensuite à décliner les lettres de l’alphabet. La ligne « F » est inaugurée Le 25 mars 1876, sur le trajet Grand-Place de Lille – Pont du Lion d’Or, aux portes de Mons-en-Barœul. C’est un grand succès commercial ! Au début des années 1880 on envisage de prolonger la F vers Roubaix, via Mons-en-Barœul, Flers-Breucq, Wasquehal et Croix. La traction à vapeur vient de remplacer celle des chevaux est un grand progrès. 

Le tramway à vapeur (locomotive Franck), rue du faubourg-de-Roubaix, à Saint-Maurice-Pellevoisin, vers 1880

De 4 km/h on passe à 8 km/h en ville et 20 km/h sur route ! Ce bouleversement déclenche la fronde du « lobby » des cochers de fiacre. Le maire de Mons-en-Barœul de l’époque, Alexandre Delemar, charron de son état, va particulièrement s’illustrer dans cette croisade contre la locomotive. Selon lui, « Ces machines bruyantes avec leur panache de fumée risquent de faire emballer les chevaux provoquant ainsi une série incontrôlable d’accidents hippomobiles. »

Mais le lobby des chevaux vapeur va l’emporter sur celui des chevaux picotin. La nouvelle ligne va traverser Mons de part en part, empruntant la Grande route de Roubaix (actuellement rue du général-de-Gaulle). En 1903, le tramway est électrifié. Il fait moins de bruit, mais va encore plus vite ! Cela va favoriser sur tout le parcours les constructions nouvelles : les châteaux et les belles « Bourgeoises » de la rue de Gaulle, à Mons, en sont un bel exemple. 

Le F direct en 1911, grande route de Roubaix, carrefour de la sablière, Mons-en-Baroeul

En 1909, un événement éloigné va mettre en péril la ligne F. Le Grand-Boulevard entre Lille et Roubaix est percé selon l’itinéraire le plus court possible. Il abrite une ligne de tramway concurrente que l’on va désigner du nom de son propriétaire, Le Mongy. Avec des motrices modernes et rapides le trajet Lille – Roubaix ne dure plus que 25 mn. Les voitures sont particulièrement spacieuses et confortables. Beaucoup de Lillois et de Roubaisiens vont plébisciter la nouvelle ligne, un peu plus chère mais présentant beaucoup d’avantage.

La ligne F va surtout servir de desserte locale. Pour faire face à cette concurrence, la Compagnie des Tramways du Nord, va baisser ses tarifs et mettre en place des Lille – Roubaix directs (sans arrêt dans les stations.) Cette guerre de tramways connaîtra un épisode très vif lors de l’exposition universelle de Roubaix de 1911.

Le F direct au départ de Lille en 1911

 Ce n’est pas le Mongy qui va causer la disparition de la ligne F. Au contraire, sur une grande partie du parcours il faudra la doubler par le barré dont le terminus se trouvait au moulin Delmar, aux limites de Mons et de Villeneuve d’Ascq. Au début des années 1960, la CGIT, concessionnaire du réseau ferré décide de remplacer les tramways par un service d’autobus ne nécessitant que très peu de frais d’infrastructure. C’est la fin de la ligne F.  Le I barré survivra quelque mois. Il sera supprimé le 17 janvier 1965, un an avant la fin du tout dernier tramway lillois