Vendanges estivales sur les coteaux du Baroeul, 59370

Vendanges estivales sur les coteaux du Baroeul, 59370

Chaque année, Joëlle et Christian Poinsot qui habitent rue Franklin procèdent aux vendanges de leur pied de vigne. 

Joëlle, Christian, Hugo et Edouard devant leur récolte…

Ils n’ont beau avoir qu’un seul pied, leur récolte de raisin Muscat est loin d’être négligeable : presque 53 kg cette année… plus que l’an dernier. Il y aura de quoi de faire pas mal de jus et de gelée pour l’hiver.  Les longues ramifications mesurent plus de 40 m. Cette vigne, « non contrainte », donne des grappes un peu plus petites que celles des vignobles alsaciens, à l’origine de ce cep unique. La plante se plaît bien ici. Le sol du Baroeul semble être particulièrement adapté à la culture du raisin. Les racines profondes vont chercher l’eau et les nutriments, permettant la bonne santé des grappes. C’est peut-être aussi parce que la maison de Joëlle et Christian est celle d’un ancien marchand de vin et que cela ne déplaît pas à la plante. Les deux néoviticulteurs ont aussi planté, à l’arrière de la maison, cinq pieds de vigne ramenés du Portugal. Les vendanges prochaines seront encore plus abondantes.

Cette année, les vendanges ont eu lieu le 30 août

c’est très tôt. Il y a deux ans le même pied de vigne avait été vendangé le 3 octobre. Le réchauffement climatique est passé par là ! Peut-être, le pays du Baroeul va-t-il pouvoir prétendre au statut de région viticole ! Bien sûr, il n’y reste plus beaucoup de place pour planter la vigne mais lorsqu’on trouve, par hasard, un lieu pour y caser un pied, il a un rendement extraordinaire. 

Les vendanges de Joëlle et Christian sont devenues une attraction, rue Franklin. Les voisins viennent assister au spectacle : pas sur le toit où les places sont comptées mais dans la rue. Cette année, c’est Hugo, le petit-fils, qui procède à la cueillette. Edouard, l’un des spectateurs, compte en connaisseur les seaux remplis de grappes de raisin. « Il y a deux ans, j’ai reçu la visite du journal local pour un potiron de plus de 40 kilos, cultivé dans mon jardin » lance-t-il. La terre du Baroeul est prolifique, même s’il ne reste plus beaucoup d’endroits pour la culture. 

Vins du Nord, vins du Sud

Le vin a été apporté dans nos contrées septentrionales par l’envahisseur romain.

Il était apprécié surtout pour ses propriétés prophylactiques. Tandis que l’eau des rivières donnait toutes sortes de maladies, le vin garantissait une bonne santé à condition d’en user avec modération. Dans nos contrées, les lieux-dits « Les Vignes », sont très courants. Naturellement la qualité du vin dépend des conditions d’ensoleillement de la vigne et l’on pouvait s’apercevoir que les vins du Nord ne valaient pas ceux du Sud. Avec l’arrivée de moyens de transports efficaces et notamment le chemin de fer, le commerce du vin est devenu plus facile. Les vins du Nord sont tombés en désuétude au profit de la production des grandes Régions viticoles. Mais dans certaines régions de la Belgique et de l’Angleterre, la tradition viticole a perduré, à bas bruit. Les vins blancs anglais sont qualitatifs. Ils ressemblent aux vins du Rhin ou de la Moselle.

Malheureusement, leurs prix très élevés font qu’ils sont une rareté dans l’hexagone, lieu de production d’excellents vins. Avec le réchauffement climatique, l’équilibre traditionnel risque d’être bouleversé. On estime qu’une hausse d’un degré des températures correspond à un déplacement de près de 160 km vers le Nord. D’ores et déjà, on constate que les grands vins comme les Bordeaux ou les Bourgogne ont subi une augmentation de 2° alcoolique par rapport à leurs homologues d’il y a dix ans. Ainsi, à cause du dérèglement climatique, l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et la Pologne pourraient devenir de grands producteurs de vin au détriment des pays méridionaux. En Belgique, où Il y avait 80 hectares de vigne il y a cinq ans, on compte 350 hectares aujourd’hui. Les vignerons Wallons sont persuadés qu’il n’y a plus longtemps à attendre pour que les conditions climatiques de la Wallonie soient celles de la Bourgogne d’il y a dix ans.

Ce qui est important dans un vin de qualité c’est que la maturité en sucre (qui se transformera en alcool) croise la maturité phénolique au moment de la vendange ce qui confère tanins et arômes au produit. L’évolution du climat met en péril la typicité des grands vins. Avec des vendanges de plus en plus précoces, ils sont désormais chargés en alcool tandis que leur maturité phénolique n’arrive plus à terme.La moitié du vignoble mondial pourrait disparaître avant 2050.

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

Publications: 379

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