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J’ai testé pour vous une visite historique de RLA, 59000
Pour les branchés du Vieux-Lille et les amateurs des vieilles pierres, on se doit de dire, « RLA ». Cela va plus vite et on laisse l’impression de faire partie du club. RLA, signifie « Renaissance du Lille Ancien ». Cette association, fondée dans le milieu des années 1960, s’est illustrée par sa défense de l’identité du Vieux-Lille. Son action a évité que le quartier ne subisse le sort fâcheux de Saint-Sauveur. Assainir la zone, sans toucher au bâti existant… qu’en plus il a fallu rénover, cela a coûté un bras à la Ville.
Mais l’identité de Lille et son succès touristique doivent beaucoup à ces vieilles façades qui suintent l’histoire des siècles écoulés. La « Grand-Place », comme on dit – même si ce n’est plus son nom – fait partie du noyau des origines de la ville. Plusieurs fois en grand danger, bon an mal an, elle a été, à peu près préservée. Le lieu est une étape obligatoire pour tout touriste qui visite la capitale des Flandres.
S’inscrire à une visite de la Grand-Place, pour un lillois – ou quasiment-, peut paraître incongru. D’autant plus que, dans mon cas, c’est un sujet que je n’ignore pas totalement. Mais, le patrimoine et les vieilles pierres, c’est un vice et une addiction comme une autre. Comme je fais tout très vite et parfois très mal, je n’avais pas pointé que le lieu de rendez-vous se situait à Rihour, la place voisine.
Ainsi, Grand-Place, à l’heure dite, impossible de trouver trace du groupe RLA. Devant le Théâtre du Nord, il y a un attroupement de jeunes gens entre seize et dix-huit ans : peu de chances que ce soient les bonnes personnes.
En revanche, de l’autre côté de la rue, sur la place, une conférencière entourée de de personnes d’un certain âge ont la tête de l’emploi. Je m’approche. Elle s’exprime en allemand. Visiblement, je ne suis pas au bon endroit. La dame me reconnaît. Elle a lu des choses que j’ai écrites. Elle semble contente du hasard de cette rencontre. Bien poli, je lance un « Willkommen“ aux visiteurs d’Outre-Rhin, mon maximum dans la langue de Goethe.
Un autre groupe, assez fourni, campe devant la boulangerie Paul. « On est en train de vous envahir », me lance un homme d’un certain âge, « Nous sommes des touristes belges ». Je tiens à le rassurer : « Ne vous inquiétez pas ! Ceux d’en face sont des Allemands ! »
Un peu plus loin, se tient un mini-groupe. Ce sont deux couples de Bretons. Ils se sont offerts les services d’un guide pour visiter la ville. Je suis un peu désabusé. Je me rabats sur le Furet-du-Nord où l’on trouve la Presse et des feutres de très grande qualité qui n’existent nulle part ailleurs. La technique est simple. On prend l’ascenseur jusqu’au sixième puis on redescend, à pied, par les escaliers. Au cinquième, le rayon « Histoire locale et régionale » est sinistré.
De retour en bas, la place est vide. Un timide rayon de soleil fait une apparition. Arrive un nouveau groupe. Cette fois, je tiens le bon ! Ils sont une bonne quinzaine. J’en connais trois : un Ronchinois et deux Monsois. Je suppose que parmi les autres il y a des Lillois et même, peut-être, des Vieux-Lillois, proches du local de l’association.
Il y a pas mal de gens assez mûrs… mais pas seulement. On voit même deux jeunes qui prennent en note tout ce que raconte la conférencière. Cette dernière est d’un âge certain. Elle ne se déplace que lentement. Pour moi, c’est l’idéal. J’ai un problème de dos qui nuit à mon équilibre et m’empêche de marcher correctement. Elle est plus facile à suivre qu’une jeune écervelée qui mènerait son groupe au pas de charge.
La conférencière connaît bien son sujet. Devant certaines maisons de la place elle est capable de citer toutes celles et tous ceux qui ont habité l’endroit, du XVIIIe siècle à nos jours. Elle ponctue son discours du document approprié. Certains sont en couleur, d’autres en noir et blanc.
Les formats et les supports sont très variés. Elle doit être abonnée au journal local depuis l’époque de la naissance de l’association car elle possède tous les articles concernant cette Grand-Place depuis un demi-siècle. Ils sont rangés dans des protèges documents transparents de différentes couleurs.
Dans le grand bâtiment de béton qui borde la place, siège du journal, ils n’en ont peut-être pas gardé un dixième. Cette imposante documentation tient dans un cabas en toile de parachute imprimée de taille modeste.
C’est un étonnement de voir tout ce peut contenir ce sac coloré. La conférencière a une connaissance fine des correspondances entre ses vieux documents et les lieux contemporains. Elle sort toujours la bonne illustration au bon endroit. C’est un petit miracle sans cesse renouvelé. En même temps, c’est pour cela que… c’est elle qui est la conférencière !
Ainsi, station après station, fait-on le tour de l’antique place en même temps que l’on avance dans la connaissance de l’endroit.
Chemin faisant, on rencontre des groupes alternatifs comme ces jeunes-femmes belges qui s’expriment moitié en français et moitié en flamand. Elles sont branchées sur un circuit de visite virtuel et poussent des cris de satisfaction à chaque fois qu’elles découvrent, en vrai, le monument que leur propose leur Smartphone. C’est une activité assez ludique.
Plus snob et plus cher, la visite des lieux en « Deux-Chevaux », le véhicule garé en double file. La passagère a un guide-chauffeur pour elle toute seule : une solution particulièrement indiquée les jours de pluie.
Le tour de la place effectué, chacun repart de son côté. L’un des étudiants, présent à la visite, s’est rapproché de la conférencière. A l’aide de son Smartphone, il reproduit tous les documents qu’il peut. La dame n’est pas avare de sa science.
Elle se prête au jeu bien volontiers. Pendant ce temps, le monde continue de tourner selon l’horloge du temps présent. Certains entrent dans les commerces d’aujourd’hui, comme le Furet ou la boulangerie Paul. Le temps n’a été suspendu que l’instant d’une visite…
Une autre Histoire de la place :
http://blog.prophoto.fr/la-grand-place-de-lille-centre-de-la-ville-depuis-plus-de-mille-ans/