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Le 2 septembre 1944, dans Mons libérée, la fin du cauchemar
Le 2 septembre 1944, un jour avant Lille, Mons-en-Barœul est libérée. C’est la fin d’une période d’Occupation d’un peu plus de quatre ans.
En mai 1940, l’Armée allemande est inarrêtable.
Déferlant à travers la Belgique, elle s’empare de la région lilloise, terrorisée par les chars et les bombardements aveugles… comme ceux qui vont détruire une partie du centre-ville de Mons. Les habitants manquent de tout. Mais, après quatre années de cauchemar, fin août 1944, l’espoir est revenu. L’Allemagne recule sur tous les Fronts : à l’Est, à l’Ouest et au Sud. Le grand jour de la libération approche. Les troupes américaines et britanniques ne sont plus qu’à quelques dizaines de kilomètres de Lille.
Le 2 septembre, sans attendre l’arrivée des Alliés, la Résistance locale se met en marche. Elle va s’emparer du fort Macdonald, dont la garnison a fui dans la nuit, puis de la poste, de la mairie et hisser le drapeau national sur les bâtiments publics. A Mons et dans les communes limitrophes, s’est développé un réseau de résistance de plus de 200 FFI. C’est le plus puissant de la métropole. On le baptise « Groupe de Mons », sans doute à cause de son chef, Henri Prévost, héros de la première Guerre, qui est policier municipal à Mons. Mais en réalité il est aussi constitué d’hommes de Marcq-en-Barœul et des communes qui forment l’actuelle Villeneuve d’Ascq. Henri Prévost a repris le flambeau après l’arrestation des chefs historiques du réseau Voix du Nord et notamment, en 1943, celle de Jeanne Parmentier.
Provisoirement coupé de son commandement, le « Groupe de Mons » s’est rallié au « Mouvement de Libération Nationale ». En ce 2 septembre 1944, Henri Prévost, accompagné d’une vingtaine d’hommes en armes, se tient au premier étage de la Mairie. On est en train de changer de Monde. L’armée allemande reste encore présente dans les autres communes de la métropole.
La rue Daubresse-Mauviez, sous l’Hôtel de Ville, est le chemin qui relie Lille à l’Allemagne. L’ordre a été donné de ne pas ouvrir le feu sur les fuyards. Des éléments de troupe surgissent sur des moyens de fortune. Un convoi lourdement armé apparaît au bout de la rue. Il passe tranquillement devant la mairie. Mais, plus loin, devant la Brasserie, un autre groupe de partisans ouvre le feu. L’un de ces hommes, le jeune Adrien Vallet, est fauché par une rafale de mitraillette. Il meurt sur le coup. Dans les rues moins passantes, les quelques voitures que possèdent encore les particuliers sont de sortie avec un drapeau français à la portière. Les riverains s’agglutinent autour des véhicules dans un élan de joie. Mons est libérée.
Dans la ville occupée, la Résistance s’organise
Dès le 26 mai 1940, les Panzers du général Rommel, accompagnés de 40 000 hommes, s’emparent de la Région. Seule, Lille résiste. Elle ne se rendra que le 31 mai. Un sentiment d’abattement s’empare de la population. Dans ce moment confus, des patriotes entreprennent spontanément les premiers actes de résistance.
Ainsi, Henri Prévost, héros de la première guerre mondiale et policier à la Ville, accompagné de ses deux fils, Henri et Fernand, profite de ce moment de désordre pour s’emparer d’armes et de munitions abandonnées par l’Armée française au fort Macdonald. Ils cachent leur butin dans des caveaux du cimetière municipal où Henri Prévost, avait son logement de fonction. Ce policier était une bonne recrue pour la Résistance car il était le seul à posséder un Ausweiss de la Kommandantur, ce qui lui permettait de circuler librement, même après le couvre-feu.
Bientôt il va rejoindre le Mouvement Voix-du-Nord, dirigé par la patronne du Café de la Mairie, Jeanne Parmentier. C’est une ancienne Résistante de la première Guerre mondiale. Elle est très proche de Natalis Dumez et Jules Noutour, les fondateurs du Mouvement. Dans ce café du centre-ville, des militaires peuvent trouver assistance pour fuir vers Londres. On y distribue et même ronéote le journal résistant. Henri Poissonnier, imprimeur de profession, fabrique de faux papiers pour le Réseau. La mairie, censée être l’auxiliaire de la puissance occupante, se révèle une poche de résistance. Certain de ses membres détournent les armes les plus efficaces au profit du Réseau. Le presbytère lui aussi aussi s’oppose à l’Occupant. Il sert de lieu de logistique – œcuménisme oblige – à différents réseaux. Il cache aussi des personnes recherchées.
Ainsi, Alexander Wilson, informateur de Londres et cadre du Réseau Voix du Nord, traqué par la Gestapo en 1944, va-t-il trouver refuge auprès de l’abbé Oscar Rousseau. Ce dernier, pendant toute la guerre a caché des Juifs pour les soustraire à la déportation. Les réseaux résistants, à Mons, c’était plusieurs centaines de personnes : sans doute plus que la moyenne nationale. Pour toutes ces femmes, ces hommes, la Libération a dû être un soulagement et un grand moment de joie patriotique. Mais la guerre n’était pas finie. Henri Poissonnier et Jules Noutour, morts dans les camps, ne reverront jamais le Nord. Natalis Dumez et Jeanne Parmentier reviendront en très mauvais état mais survivront. Natalis Dumez en procès de paternité avec le journal qu’il avait fondé n’obtiendra gain de cause qu’après sa mort. Il était venu habiter à Mons où il avait beaucoup d’amis dans un petit appartement du nouveau quartier. Oscar Rousseau, devenu après-guerre une sorte de rockstar pour la communauté catholique… et au-delà, a été muté par sa hiérarchie dans un coin reculé du Pas-de-Calais où il n’avait aucune racine. Aux dates anniversaires, on célèbre la mémoire du tous ces disparus de la période 1940 – 1944.
Les années de guerre de l’Abbé Oscar Rousseau
http://blog.prophoto.fr/oscar-rousseau-un-abbe-patriote-modeste-et-intrepide-1895-1968/
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