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A,B,C,D… le béaba des vieux tramways lillois (1874 – 1875)

Lille, a connu la révolution des tramways à partir des années 1870. La capitale des Flandres a toujours tenu un rôle pionnier en matière de mobilité des marchandises et des personnes. 

Lille n’était rien sous l’époque romaine. Elle s’est développée au Moyen-Age comme point central des voies d’échange sillonnant l’Europe du Nord-Ouest. Elle connaît un nouveau développement avec la révolution industrielle et l’avènement du chemin de fer. En 1846 la ligne Paris-Lille est construite. Elle s’arrête à Fives, mais, en 1848, un « débarcadère » est érigé à la place de la gare actuelle. C’était un pari osé que celui d’installer cette gare, isolée au milieu d’un lacis urbain, peu commode. Il va falloir restructurer la ville à la manière des travaux d’Haussmann, à Paris. Devant la nouvelle gare, désormais, une multitude de fiacres attendent le chaland. Le fiacre, c’est cher et réservé à une certaine élite financière. On essaie d’imaginer un système qui permette au plus grand nombre de se déplacer en ville. Un modèle tout trouvé existe outre atlantique. C’est ce que l’on appelle là-bas le « tramway ». La première ligne à traction hippomobile est ouverte à New-York, en 1832. En France, où l’anglomanie n’était pas encore à la mode, on appelle ce nouveau moyen de transport « le chemin-de-fer américain. » En 1873, un décret autorise l’établissement, à Lille de douze lignes hippomobiles en référence à un projet imaginé par l’ingénieur Léon Marsillon.  Simon Philippart, un financier belge, emporte la maîtrise d’œuvre et nomme Marsillon, directeur de sa société. Nous sommes au tout début de l’année 1874. La Compagnie des Tramways du Nord (TN) est créée. C’est la première compagnie de tramways lillois. Les travaux sont rondement menés. Le 7 juin 1874, les deux premières lignes sont mises en service, en grande pompe ! La signalétique – influence de leur patron belge, ou pas – est très simple. Les deux premières lignes seront dénommées « A » et « B ». Les autres lignes, pendant presque un siècle, vont pouvoir décliner toutes les lettres de l’alphabet. Pour cette inauguration, la Compagnie des Tramways du Nord n’a pas mis les deux pattes dans le même sabot. Ce spectacle inaugural mobilise une trentaine de voitures, tractés par deux cents chevaux à quatre pattes. Les lillois sont très impressionnés. 

La ligne A relie la place de la Gare (actuellement Lille-Flandres) à la porte de Béthune avec un itinéraire, rue de la Gare (actuellement, rue Faidherbe), Grand’Place, rue Nationale, rue d’Isly. Elle sera dans les années suivantes prolongée vers la gare au calvaire de Lomme, l’avenue de Dunkerque et l’avenue de l’Hippodrome à Lambersart et ne sera supprimée que le 2 mai 1937.

 La ligne B part de cette même place de la Gare, puis rejoint la Grand’Place via les rues Faidherbe et Manneliers, Nationale. Puis on atteint le Boulevard de la Liberté, la  place de la République, la rue Notre-Dame (actuellement Gambetta), les rue d’Esquermes et de Loos avec un terminus porte de Béthune.  

L’année suivante ce seront au tour des lignes C et D d’être mises en service. La ligne C part toujours de la place de la Gare, puis, direction rue de Paris (actuellement Pierre Mauroy), place Simon Vollant, boulevard Denis Papin, boulevard des Ecoles (actuel boulevard Jean-Baptiste-Lebas), rue d’Arras jusqu’au rempart et à la porte éponyme.

La ligne D suit le trajet : place de la Gare, parvis Saint-Maurice, rue de Paris, rue du Molinel, place de la République, rue d’Inkermann, rue des Postes, porte des Postes. Par la suite, elle sera étendue rue du faubourg des Postes, dans le prolongement.

Ce premier galop du tramway lillois fut bien modeste. A la vitesse impressionnante de 5 km/h, il fallait un certain temps pour aller de la gare à l’une des portes des remparts. Mais à travers les oreilles des Percherons ou des Traits du Nord, les passagers du tramway pouvaient admirer le paysage. Cette première ébauche est la préfiguration d’un maillage, à l’intérieur des murs puis à l’extérieur, qui va permettre une grande mobilité des personnes et le développement économique de Lille et sa région. Le tramway va contribuer à faire de Lille une grande capitale française.

Arrêté du président de la République française concernant le projet de transport public par le moyen de véhicules hippomobile, à Lille, en date du 8 septembre 1873.

Un Réseau de voix ferrées à traction à chevaux sur diverses voies publiques de la ville de Lille est concédé à cette ville. Lesdites voies ferrées seront sous les clauses et conditions du cahier des charges du 11 août 1873 annexé au décret.

Vu le décret approuvant le traité passé entre la ville de Lille et le sieur Philippart pour l’établissement et l’exploitation d’un réseau de voie ferrée, vu la démarche présentée par l’administration municipale de la ville de Lille afin d ‘obtenir l’autorisation d’établir de nouvelles lignes de voix ferrées à chevaux, confie l’exécution de l’exploitation au dit sieur Philippart, en vertu du traité du 8 septembre 1873.

Décrète :

Article 1 

 Et déclaré d’autorité publique l’établissement de deux voies ferrées à traction à chevaux dans la ville de Lille… L’une sur la route départementale n° 2 et l’autre sur la route départementale n° 11, dans les limites du territoire de cette ville suivant les dispositions générales des lignes rouges du plan général réalisé par l’ingénieur en chef des travaux municipaux et qui restera annexé au présent décret.

Article 2

 La ville de Lille est autorisée à établir ces lignes à ses risques et péril en se conformant aux clauses et conditions générales du cahier des charges du 11 août 1873 et é en confier exécution et l’exploitation au sieur Philippart, en vertu du traité ci-dessus cité,  passé entre cet entrepreneur et la ville.

Article 3

 Les travaux de pose de la voirie ne pourront être exécutés dans la partie de la rue de Roubaix comprise entre la place du théâtre et la rue des Lombards, avant que la largeur de la chaussée ne soit portée à 7 m.

La suite :

Tramways lillois : la ligne F, 1876