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Sur le pont Napoléon, reconstruit en béton armé, mais ressemblant comme deux gouttes d’eau à son ancêtre de 1850, on soigne la finition avant la réception très prochaine des travaux.
Quasiment terminé en décembre dernier, il suscite depuis de nombreux commentaires concernant les nouvelles sphinges (féminin de sphinx) au style napoléonien (notre édition du 14/12/2014) ou les vraies fausses dégradations (notre édition du 20/01/2015) des cartouches célébrant les victoires de l’empereur. On croyait l’histoire terminée. Au milieu de la semaine, on pouvait cependant voir Antoine, technicien de la société parisienne Tollis, s’affairant sur les fameuses sphinges dont la disparition mystérieuse a suscité bien des interrogations. D’un poids de 250 kg chacune, en acier traité, elles sont le portrait craché de leurs aïeules bicentenaires. Comme on disposait seulement de cartes postales, les représentant, il a fallu se livrer à une véritable enquête policière pour les restituer dans leurs formes et leurs dimensions. Après bien des mesures, plusieurs réunions entre Tollis, MEL et la ville de Lille et de nombreux moulages en plâtre, on est parvenu à un résultat satisfaisant. Le sculpteur n’a pas fait dans la demi-mesure. Il a réalisé l’original en pierre, à l’ancienne. Ainsi, a-t-on pu fabriquer un moule en résine résistante aux hautes températures. Les sphinges lilloises ont été coulées dans un atelier spécialisé de la région lyonnaise avant d’être peintes au pistolet, couleur bleu-vert d’époque, dans les ateliers de la société, à Chevilly la Rue.
Comme, lors de l’installation, les engins de levage, avaient fait quelques éclats dans la peinture, les raccords au pinceau d’Antoine s’imposaient… avant la prochaine revue de détail. « Je vais aussi mettre en place un joint d’étanchéité », poursuit le technicien. « L’eau s’infiltre entre la pierre et l’acier et à la longue la statue se dégraderait prématurément ». Après un essai au silicone, Antoine a finalement opté pour un ciment technique très étanche.
Les dates de « Napoléon »
1809 – 1811
Le premier pont de pierre est construit par l’architecte lillois Benjamin Dewarlez. Il ressemble à ce qu’il est aujourd’hui (avec ses sphinges et piédestaux) sauf en son milieu. C’est un pont de pierre de type « Romain » avec une arche très fine.
1850
Il est partiellement reconstruit. La partie centrale, en pierre, était très fragile. Elle est remplacée par des arcs métalliques ajourés, une grande spécialité des usines sidérurgiques du Nord de l’époque.
1918
Au mois d’octobre, l’armée allemande en retraite, qui pratique la politique de la « terre brûlée », fait sauter le pont Napoléon ainsi que les autres ponts et la plupart des infrastructures de la ville.
1920
L’exposition internationale de Lille se profilant sur le Champ-de-Mars, on reconstruit le pont succinctement. Il s’agit d’un simple pont métallique droit qui relie les deux bords de la Deule.
1940
Au mois de mai, l’armée anglaise bat en retraite et cherche à retarder l’avance de l’occupant. Elle démonte la partie métallique du pont à l’aide de pioches et burins.
1960
Dans cette décennie, à une date indéterminée, les sphinges transportées dans un parc de la ville disparaissent pour des raisons inconnues. L’événement est passé complètement inaperçu, à l’époque.
2014 – 2015
On reconstruit avec des techniques modernes le pont. Visuellement, le nouvel ouvrage est très proche de la version de 1850
On pourra également consulter sur ce même blog, l’article intitulé : « Sphinges et Phénix : le Pont Napoléon, un symbole lillois«