J’ai testé pour vous l’ascension du sommet du fort Macdonald de Mons-en-Barœul (59 370)

J’ai testé pour vous l’ascension du sommet du fort Macdonald de Mons-en-Barœul (59 370)

Ce fort Macdonald, même s’il possède, intra-muros, un restaurant, désigne un bâtiment militaire de la fin du XIXe siècle. Il tire son nom d’Étienne–Jacques Macdonald, un officier écossais de Napoléon Ier, devenu Maréchal d’Empire.

On a érigé le fort à cet endroit car c’est l’un des points les plus hauts de la région lilloise : quarante-sept mètres au-dessus du niveau de la mer ! Si vous y ajoutez la construction du bâtiment, plus une couche de quatre mètres de terre pour le protéger des obus ennemis, vous arrivez à son sommet – qu’on désigne en langage technique par « mamelon » – à une hauteur de soixante-quatre mètres ! Ce n’est pas tout à fait l’Everest mais, cette ascension, avec une pente de 66 % est quand même un peu sportive, surtout pour un vieux perclus comme moi !

Bien sûr, le moins fatigant ce serait de rester en bas ! Mais, depuis une quinzaine de jours, j’ai trouvé une motivation forte pour en faire, deux ou trois fois par semaine, ma roche de Solutré à moi. Un grand chantier de l’abattage des arbres vient de s’y terminer. Dans les années 1960, ils avaient commencé à se développer là. Cela donnait un bel aspect au bâtiment. La formule consacrée était : « le fort Macdonald dans son écrin de verdure », pour désigner ce petit bout de forêt en ville.

Mais, en plus d’un demi-siècle, ces arbres étaient devenus immenses ; leurs racines s’étaient étendues jusqu’à mettre en péril les voûtes du bâtiment. Leur abattage était devenu nécessaire. Armé d’un appareil photo, je me suis donné pour tâche de suivre l’événement à l’intention des futures générations.

Les bonnes actions sont parfois récompensées.

Avec les variants chinois, anglais et sud-africain de la Covid, dès qu’on sort de chez soi, on met sa vie en danger. Mais, si on reste calfeutré à la maison, on a toutes les chances de mourir à cause du manque d’exercice dans un délai relativement bref ! Ainsi, quelques jours avant ma campagne d’alpinisme, je gare ma voiture, place du Concert, à Lille, pour me rendre à celle du général De Gaulle. Ma petite montre qui me signale un tas de choses – pas toutes utiles – m’indique : cent-vingt-huit pulsations pour les battements cardiaques ! Du coup, je ne me sens pas très bien et prends, vite fait, rendez-vous chez un cardiologue. Mais, depuis que je fais régulièrement le tour du fort à la marche, avant d’en attaquer l’ascension, cela va beaucoup mieux. Je suis redescendu à quatre-vingt-douze au moment d’atteindre le sommet. Conclusion : si le virus tue, l’absence d’exercice aussi !

Avant l’ascension, le parcours craint un peu !

Il faut prendre un pont, très éloigné de l’entrée principale, puis redescendre par un petit chemin vers le fossé qui fait le tour de la forteresse. À cet endroit-là, on rencontre souvent des types louches. Alors que le vent faisait voler dans tous les sens ce qui me reste de tignasse, j’en croise un, chargé de substances non identifiées, qui se met à crier : « Alléluia ! Einstein revient ! Einstein est de nouveau parmi nous ! » Ça m’en a fichu un coup parce que je ne voyais pas les choses comme ça ! Du coup, j’ai pris rendez-vous chez le coiffeur ! Ça finit par me coûter pas mal de pognon toutes ces histoires !

Quand on arrive en haut, on peut voir les bûcherons au travail.

Ce sont des vrais sportifs de haut niveau ! Pas de danger que leur cœur ne ramollisse ! Il faut les voir pour y croire, escalader comme des chats des troncs d’une bonne dizaine de mètres puis, arrivés au sommet, les émonder, branche par branche, la corde de rappel dans une main et la tronçonneuse dans l’autre, !

Cette façon de procéder – très sécuritaire – prend quand même un peu de temps. Pour abattre un peu plus d’une soixantaine d’arbres, le chantier aura duré une bonne quinzaine de jours ! Outre son côté sportif, cette ascension apprend beaucoup de choses sur le métier de bûcheron, un travail généralement méconnu des gens de la ville ! Tandis que les branchages sont réduits en copeaux qui vont se recycler naturellement, les troncs sont soigneusement préservés pour différents usages.

L’évacuation de ces troncs m’a permis une dernière ascension, cette fois par la voie très officielle, avec ouverture des portes et montée par les escaliers de service du sommet du fort. C’est moins sportif, mais cela fait quand même pas mal de marches. C’est là que j’ai la connaissance d’un nouvel ami, Trésor, un Ardennais de quatorze ans. 

Il est dans la force de l’âge et monte ces escaliers « quatre à quatre »…

même pas essoufflé quand il arrive en haut. C’est plutôt malin d’avoir confié l’évacuation des troncs à Trésor, parce que, malgré ses sept-cents kilos, il est quand même moins lourd qu’un tracteur ce qui évite de détériorer le bâtiment qui se trouve en dessous. Trésor habite à Paris. C’est lui qui a livré, l’hiver dernier, le sapin de Noël de l’Élysée. Il m’a confié que c’était une tâche délicate : « Le palais de l’Élysée, vu à la télé, cela a l’air très grand. Mais en réalité c’est tout petit et pour faire rentrer ce grand arbre par ce minuscule portail, il fallait être malin comme un cheval ! » En tout cas, c’est ce que j’ai compris… Le sommet du fort Macdonald de Mons-en-Barœul a beaucoup plu à Trésor. On y respire le bon air et la végétation abondante permet de grignoter pendant les pauses. Le transport des troncs d’arbres est un exercice que Trésor possède sur le bout des sabots.

Le voir tirer un lourd tronc avec une telle aisance est un véritable spectacle.

Quand il y a une pente à gravir, Trésor oublie totalement son « meneur ». Il prend de l’élan, au galop, et franchit l’obstacle dans la foulée, avant de reprendre, lorsqu’il est sur le plat, son train de sénateur. Je pense que Trésor a beaucoup apprécié son voyage dans le Nord et ce petit bout de campagne en plein milieu de la ville. Une fois rentré dans la Capitale, Il dira certainement beaucoup de bien de la commune de Mons-en-Barœul à ses congénères ! La conclusion de tout ça, c’est que l’exercice physique est bon pour la santé des hommes et des animaux. Si le fort de Mons-en-Barœul est trop loin de votre domicile, vous allez bien trouver un autre coin, ailleurs, près de chez vous, pas trop près des gaz d’échappement, pour effectuer une balade qui vous distraie du fauteuil de votre bureau

Video du chantier par les bûcherons de l’entreprise Lallaut :

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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2 commentaires

  1. Bonjour et merci de nous faire découvrir un endroit peu connu, bientôt les moutons y prendront leurs repas.

  2. Merci de nous motiver à sortir et de partager ces moments forts (de Mons). On finirait vite par attraper le « syndrome de la cabane », qui fait que l’on se trouve très bien à cocooner chez soi !

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