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J’ai testé pour vous le « vol par ruse » de mes papiers d’identité et de mes moyens de paiement
Dans les magasins ou dans les restaurants
– que l’on fréquente de moins en moins, à cause de la pandémie – on peut toujours se faire délester de son portefeuille par les mains expertes d’un pickpocket professionnel. Cela m’est déjà arrivé ! Un travail tellement bien exécuté que je ne m’étais aperçu de rien. C’est pour d’éviter ce genre de désagréments, que mon épouse, Christiane, m’a fait cadeau d’une magnifique « banane » en cuir. C’est un objet peu courant, fabriqué en France, par un maroquinier réputé, avec une peau naturelle, cousue à la main. Le problème, c’est que je ne suis pas trop « esthétique banane », même en version de luxe ! Alors, au lieu de la mettre autour de ma taille comme le ferait tout péquin discipliné, je la tiens à la main comme un sac de dame ! C’est une des raisons de la mésaventure qui m’est arrivée.
En remontant dans ma voiture, balançant négligemment ma « banane »
à l’arrière de mon siège, je vois un type qui me fait signe de baisser ma vitre. Il me dit : « Vous avez quelque chose sous la voiture ». Je descends et je ne vois rien. Lorsque trois minutes plus tard j’arrive au supermarché voisin, impossible de retrouver ma banane ! Je reviens l’endroit où elle aurait dû être tombée, et, naturellement, aucune trace de l’objet ! Le plan, c’est de vous faire descendre de votre voiture un instant, et, pendant ce temps-là, un complice ouvre discrètement votre portière, de l’autre côté, et s’empare de votre sac ou de votre pochette ! C’est une ruse très bête, mais qui fonctionne parfaitement. Sur la métropole de Lille, il y a plusieurs équipes qui ne font que ça, rôdant dans les secteurs des banques, excellents terrains de chasse… avec tous ces gens qui viennent en voiture prendre de l’argent dans les distributeurs. Le principe est toujours celui-là mais il y a quelques variantes ! « Ils ne vous ont pas dit qu’il y avait un chat sous la voiture ? », m’a demandé, goguenard, un policier du commissariat de Villeneuve-d’Ascq, où j’étais venu déposer plainte quelques heures plus tard. « Souvent, c’est ça qu’ils disent ! ».
Pour vous, il en ressort concrètement que si quelqu’un – surtout s’il a l’air louche – vous informe qu’il y a quelque chose sous votre automobile, premièrement, vous ne descendez pas et ensuite vous mettez la main sur votre portefeuille que vous serrez contre vous. Le cas échéant, prévenez votre interlocuteur que vous allez appeler la police. Vous le verrez aussitôt détaler du quartier, en route vers un autre terrain d’aventure !
Je reprends mon récit là où je l’avais laissé. Ma banane, contenant, cartes bleues, cartes grises, permis de conduire, un peu d’argent et une foule d’autres cartes dont certaines très utiles comme la carte de Sécurité Sociale, etc. ayant disparu, je file direct à la banque d’en face pour faire opposition. J’apprends que mes voleurs ont déjà fait un premier retrait de 37,50 € au Saint-Claude, le café-tabac voisin de la rue du général de Gaulle. J’y file aussitôt ! Je ne rate mes voleurs que de quelques minutes. Avec l’heure précise du retrait, le patron m’informe que l’un d’entre eux a acheté une cartouche de Malborough en « sans contact » avec ma carte tandis que l’autre a essayé de jouer au PMU avec l’autre carte qui se trouvait dans ma pochette. Elle n’a pas marché et lorsque, lui aussi, a demandé une cartouche de cigarettes elle n’a pas plus fonctionné non plus. Il a dû payer ses cigarettes en argent liquide : sans doute avec celui volé dans mon portefeuille ! C’est bien fait ! Avec le recul, j’en ai compris la raison : la deuxième carte ouvre sur un compte que, Christiane et moi, avons dans une autre banque. Mais, comme je n’en ai pas un usage courant, je ne l’avais jamais activée : premier coup de bol !
À la police municipale de Mons-en-Barœul, j’apprends qu’il y a des caméras dans le coin.
Avec leurs images et celle du Saint Claude, j’obtiens une description orale très précise de mes voleurs que je ne reproduirai pas ici pour ne pas avoir l’air de stigmatiser une communauté.
Après le déjeuner, dès l’ouverture du commissariat de Villeneuve-d’Ascq, je suis sur place. Je tombe sur un jeune policier de grande classe. Il prend ma déposition. Il a le prénom d’un héros d’un grand roman français. Ses questions sont précises et il coche les réponses au fur et à mesure sur une grande feuille de papier, dont chaque zone correspond un type d’information. En expert, j’observe la qualité de sa prise de notes. Je ne sais pas s’il y a pénurie de stylos Bic au commissariat de Villeneuve-d’Ascq, mais lui utilise un stylo-plume de qualité : de ceux qui font une belle écriture, mais qui ne sont pas donnés ! J’ai pensé qu’il lui avait été offert par quelqu’un qui l’aimait bien ! À la fin, quand il a eu fait le tour de la question, il a tout tapé d’une seule traite sur son ordinateur.
En tout cas, si un jour il en a marre du métier de policier, il pourra toujours « faire journaliste ». Il a toutes les qualités requises pour exercer la fonction ! C’est aussi quelqu’un de grand bon sens : « j’ai fait un signalement provisoire du vol de vos papiers », me précise-t-il. « Mais il y a une possibilité de revenir en arrière. Si dans les jours prochains, par hasard, vous les retrouvez, venez me voir et je les remettrai en circulation, mais si, dans une semaine il ne s’est rien passé, vous revenez ici également et là on les déclara définitivement volés. Vous devrez demander un renouvellement de tous vos papiers ! » Je suis content d’être tombé sur ce policier : deuxième coup de bol !
À minuit moins le quart, alors que je m’étais couché à l’heure des poules, on sonne et on frappe violemment à ma porte. Je descends en pyjama, mal luné. Je braque une lampe torche inquisitrice à travers le judas de la porte. Je découvre un charmant petit couple !
« On a retrouvé votre pochette », me crie la dame
et, ce faisant, elle brandit l’objet à la manière du pompon du manège. Cette vision m’a fait chaud au cœur ! Ils habitent la rue, quelques dizaines de numéros plus bas, du côté de Lille, en direction de la station de métro. Apparemment, mes voleurs sont passés par là. Ils ont balancé ma pochette dans leur poubelle en la délestant simplement de l’argent, de mon porte-carte – un autre bel objet que je regretterai -, des cartes bleues et de tickets de loto dont, pour l’un, le tirage n’avait pas encore été effectué. J’espère qu’il ne gagnera rien ! Je suis un peu rancunier ! C’est à onze heures et demie, en voulant ajouter un dernier sac plastique dans leur poubelle qu’ils ont découvert l’objet : troisième coup de bol !
Du coup, nous sommes allés, Christiane et moi, leur acheter un ballotin de chocolat aux « Chocolats de Beussant », rue Esquermoise, dans le Vieux-Lille. Je vous recommande la maison. Emmanuel Macron fait partie de leur clientèle, mais, ne le répétez pas : c’est une information confidentielle ! Pour retrouver leur maison, nous avons dû faire une enquête serrée mais à la fin, le dimanche après-midi, nous sommes tombés sur le bon endroit !
C’est une histoire qui finit relativement bien
mais qui aurait pu très mal se passer. La morale, c’est que, même s’ils ont l’excuse partielle de la misère, vous pouvez rencontrer à chaque instant des gens épouvantablement toxiques. Mais vous pouvez aussi être aidés par des gens très bien !