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J’ai testé pour vous un reportage de fait-divers, 59370

Un samedi soir, après l’heure où tout le monde a fini le travail, me voici bloqué dans la circulation. La raison ? Des voitures de pompiers avec leurs gyrophares !  Il doit se passer quelque chose ! Je vais voir à pied. Je découvre une scène de fait-divers. Un incendie s’est déclaré dans une petite maison d’un ancien quartier.  La situation est cornélienne. Je peux faire celui qui n’a rien vu et qui n’est pas au courant. C’est ce qu’il y aurait de plus simple, mais ce ne serait pas très correct. C’est le genre d’évènement qui peut intéresser l’édition locale d’un journal.  

En tout cas, c’était comme çà il y a quelques années !  Au début de mon activité, des reportages comme celui-là j’en faisais une dizaine par mois. Il y a déjà un attroupement autour du véhicule des pompiers.  Il y a ceux qui sont arrêtés parce que les rues sont barrées et les habitants des maisons voisines. Je ne connais personne, sauf Nora qui habite à deux pas. Elle milite dans une association qui recueille les chats abandonnés.  J’en avais adopté un. C’était un Persan aussi câlin qu’intelligent. Du coup pendant les vacances, c’est elle qui gardait Caramel, mon chat. Grâce à Nora, j’obtiens un résumé très complet de la situation. Les propriétaires de la maison sont partis en week-end. L’incendie a été détecté par un voisin, pompier volontaire, alerté par la fumée. C’est lui qui a prévenu ses collègues. Les deux chiens un golden-Retriever et un épagneul breton s’étaient réfugiés dans le petit jardin situé à l’arrière de la rue. 

Il les a fait passer par-dessus la clôture pour qu’ils soient en sécurité. J’ai un problème, car je n’ai pas d’appareil photo, juste un vieux Smartphone. Je m’essaie à prendre quelques images. Ce n’est pas facile parce que je ne me sers jamais de cet engin pour un usage photographique. J’ai aussi un problème de dos qui nuit à ma stabilité. Les pompiers grimpés sur leur nacelle cassent les carreaux du premier et du second étage avec un gros pic. Ils entrent, éteignent le départ de feu et ouvrent la porte du rez-de-chaussée pour faire rentrer leurs collègues. Arrive une patrouille de la police municipale. Ce sont des nouveaux que je ne connais pas. La policière m’indique que « je n’ai rien à faire là » et établit un semblant de scène de sinistre. J’évite de lui dire qui je suis. Avec une canne et un vieux Smartphone, ça ne fait ni sérieux, ni professionnel. Cela risquerait même de nuire à l’image de marque du journal. D’ailleurs, je serais bien dans l’embarras de lui fournir une carte de presse : je me suis fait voler dernièrement tous mes papiers.

Nora s’est trouvé un rôle à sa mesure. Elle a amené une grande boite de pâtée qu’elle partage dans deux barquettes en alu. Les chiens, stressés par leurs aventures, sont affamés. Ils mangent goulûment. Il me manque la ville d’origine de la brigade de sapeurs-pompiers. J’envoie Nora se renseigner. Elle profite de son statut de maîtresse-chien pour traverser le no man’s land sécuritaire et pour soutirer le nom de leur caserne aux soldats du feu. Je ne sais pas trop pourquoi mais c’est un truc qu’il faut toujours faire figurer dans un reportage de faits divers, avec le lieu précis et l’adresse exacte. Ma méthode est loin d’être orthodoxe mais j’ai à peu près tout ce qu’il me faut. Je ne connais pas les gens mais, à part la policière municipale, ils savent qui je suis. Ceux qui ont vu des choses viennent me donner les bouts d’information dont ils disposent. J’ai à peu près fait le tour de la question, mais l’intention est sympathique. Je vais rentrer à la maison pour envoyer une photo et un texte. Pas celui-là, naturellement !

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