La vie d’Arthur…  après sa mort, Arthur Vanabelle, 1922 – 2014

La vie d’Arthur…  après sa mort, Arthur Vanabelle, 1922 – 2014

Arthur, dans les années 2000, alors qu’il était encore capable de monter sur les toits pour y fixer des engins d’un poids déraisonnable. Photo Francis David

Arthur Vanabelle nous a quittés au début du mois de septembre 2014.

Il avait 91 ans. L’évènement a été salué comme il se doit, dans la presse et à la télévision. Au tout début des années 2010, Arthur était encore la coqueluche des médias. On le voyait partout… dans les pages des journaux et même dans des émissions-cultes de la belle époque de la Télé. Au plan local, sa « Ferme aux Avions », visible depuis l’autoroute, lui assurait une grande notoriété dans le canton de Bailleul et ses environs. Aujourd’hui, l’image d’Arthur s’est un peu estompée mais n’a pas totalement disparu. 

La ferme de la Ménegatte du temps d’Arthur. Photo Francis David

Quelques années avant sa disparition, Arthur Vanabelle, désormais très âgé, avait dû se résoudre à quitter sa ferme de la Ménegatte où il vivait depuis 1922. Il avait rejoint une maison de retraite. Sans leur créateur, les œuvres de la « Ferme aux Avions » avaient tendance à se dégrader. Une association s’est constituée et a essayé de lancer une souscription afin de racheter la ferme et de la maintenir en l’état.  Elle voulait en faire un lieu de visite pour les amateurs de l’Art brut. Jamais, elle n’a pu réunir les fonds nécessaires.  C’est un particulier qui, finalement, a racheté le bien.  Il était entendu sur l’acte de vente que le musée voisin de Steenwerck pourrait venir récupérer les œuvres. Les plus lourdes sont restées sur les toits ou dans la cour. Arthur ne connaissait ni l’usage du boulon ni celui de la soudure. Tous les éléments disparates de ses sculptures improbables tenaient ensemble avec des pointes, des clous et les fils de fer qui servent à maintenir les ballots de paille. 

Le dernier avion existant désormais sur les toits de la ferme. Photo Alain Cadet

L’œuvre d’Arthur était très fragile.

Avec le temps, la plupart des avions du toit ont dû être descendus pour des raisons de sécurité. Il n’en reste qu’un seul que le nouveau propriétaire fait rafistoler et repeindre régulièrement par un ami intrépide. Quant aux canons et au tank de la cour, il s’en charge personnellement. Au musée, c’est, Bernard Vanlaten, un bénévole, qui est chargé de la restauration des œuvres d’Arthur. Comme lui, Bernard a toujours eu la manie de stocker les vieux objets et de leur redonner une nouvelle jeunesse. Il comprend bien la démarche du sculpteur-agriculteur et voisin.  Il sait aussi tout faire avec ses mains. Il était l’homme de la situation. À force de travail, beaucoup des œuvres d’Arthur ont retrouvé tout leur lustre. Ce n’était pas toujours évident. Les épouvantails, qu’Arthur appelait ses « Tirailleurs sénégalais », ont une ceinture fabriquée à partir de sacs d’emballage plastique tressés. C’est un matériau qui se désagrège très rapidement. Bernard se creuse la tête afin de retrouver une matière d’un effet identique, mais plus stable dans la durée.  

Bernard Vanlaten qui restaure les oeuvres d’Arthur au musée de la Vie rurale de Steenwerck, devant « les Tirailleurs sénégalais » à qui il va donner un beau visage. Photo, Alain Cadet

Prochainement, un nouvel espace sera créé dans l’enceinte du « musée de la Vie rurale ».  Il sera entièrement consacré à Arthur.  Les visiteurs pourront y venir voir son travail, découvrir ou redécouvrir l’œuvre d’Arthur Vanabelle qui faisait de l’Art brut sans le savoir.  En passant devant sa ferme beaucoup de ceux qui l’ont connu… et même les autres, auront peut-être une petite pensée pour le disparu. Certains iront aussi sur la Toile consulter les articles et les vidéos qui lui sont consacrés.  Avec de la chance, il est même possible que le musée d’Art moderne de Villeneuve-d’Ascq, qui, en 2010, s’était intéressé à l’Œuvre, au point de commander une maquette de la ferme du temps de sa splendeur, expose quelques une de ses œuvres à titre provisoire… voire définitif.  Ce serait la première fois qu’Arthur rentrerait dans le musée. De son vivant, il n’avait jamais répondu à ses invitations… à cause de ses genoux qui, disait-il, « lui faisaient mal ».

La maquette de la Ménegatte réalisée en 2010. Elle se trouve actuellement dans la cafétéria du LAM de Villeneuve d’Ascq. Si on est intéressé par le sujet, on peut consulter sur ce même blog un article intitulé : « Franck Ghesquière, Gabriel Levieuge et Sébastien Loutreau, Architectes »; Photo : Voix du Nord

Pour rejoindre le compte Instagram de Francis David :

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Arthur, à la télévision :

Galerie :

Le tank d’Arthur dans les années 2000. Photo A F P.
Le tank en 2022, Photo Alain Cadet
Bernard Vanlaten ne manque pas d’imagination pour restaurer les œuvres d’Arthur. Photo Alain Cadet
Jour de lessive chez Arthur. Photo Alain Cadet
L’établi où Arthur Vanabelle a assemblé toutes ses créations. Photo Alain Cadet
Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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