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Arthur Vanabelle, 1922 – 2014, agriculteur et artiste, est né il y a cent ans
Arthur Vanabelle est né en 1922. Le 2 décembre prochain, il aurait eu tout juste cent ans. Aussi haut en couleurs que les œuvres avec lesquelles il avait décoré sa ferme, Arthur était connu de tous les habitants du canton de Bailleul. Mais sa renommée allait bien au-delà. Pas un Lillois n’ignorait où se trouvait sa « Ferme aux Avions », que l’on aperçoit depuis l’autoroute qui va de Lille à la Côte. Arthur était aussi une célébrité internationale de l’Art brut… au plus grand étonnement du principal intéressé.
Pour aller voir Arthur il fallait emprunter un chemin étroit et boueux.
Au bout d’une impasse, barrée par le gros trait de l’autoroute, on avait atteint la fin du monde : 50°41’55.44, Nord et 2°48’26.99″, Est, qui définissait la Ménegatte, une ancienne casemate de la ligne Maginot. Arthur avait chipé l’appellation pour désigner la vieille ferme où il aura passé toute sa vie. Quand on avait de la chance on le voyait apparaître, encadré par ses deux chiens et si on était vraiment très chanceux, il était de bonne humeur et acceptait de vous parler.
« Je suis allé à l’école à Steenwerck. A douze ans et demi, j’ai eu le certificat d’études…facilement ! Après, je suis devenu cultivateur et j’ai fait ce métier toute ma vie. Je n’ai jamais fait mon service militaire. En 1940, j’étais trop jeune et, en 1945, j’étais trop vieux ! Pourtant j’ai vu la guerre : les troupes anglaises qui remontaient sur Dunkerque, la débâcle et les troupes allemandes qui sont venues ensuite. Il n’y avait pas besoin d’aller bien loin : tout le monde passait devant la ferme !», glissait-il en guise d’autobiographie.
Les raisons de son investissement dans le domaine de l’Art sont mystérieuses… à commencer pour l’intéressé. « J’étais toute la journée dans mon champ, d’abord avec un cheval, puis un tracteur Renault », confiait-il. « Dans les années qui ont suivi 1945, on trouvait un tas d’objets divers dans les champs dans les chemins et ailleurs. J’en ai fait un tas qui est devenu de plus en plus gros. Vers les années 60, j’ai commencé à souder tout cela et à en faire des avions, des tanks et des canons. J’ai pratiquement tout assemblé et tout imaginé seul ! Ne me demandez pas pourquoi ! Je n’en sais rien ! »
Arthur Vanabelle, à force d’accumuler ses tanks, ses canons et ses avions
tout autour de la maison et même sur le toit, sa ferme est devenue une sorte de place forte, bien plus impressionnante que la Ménegatte du temps de la ligne Maginot. Les Lillois, depuis l’autoroute, pouvaient voir que la ferme d’Arthur était bien gardée et aucun d’entre eux ne s’est jamais avisé de s’aventurer jusque-là. Mais, les journalistes, toujours intrépides, étaient nombreux à tenter leur chance : « Il vient des journalistes de partout », rigolait Arthur. « Même la télévision japonaise est venue me voir, le musée aussi ! Il paraît que je fais de l’Art… de « l’Art brut », à ce qu’ils disent ».
Galerie :
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La suite de la vie d’Arthur :
http://blog.prophoto.fr/la-vie-darthur-apres-sa-mortarthur-vanabelle-1922-2014/