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La « Résidence de l’Europe », l’immeuble emblématique de la ZUP des années 60, retrouve une nouvelle jeunesse, Mons-en-Baroeul, 59370
La Résidence de l’Europe, dessinée par l’architecte Henri Chomette, l’urbaniste de la ZUP de Mons, se voulait être la vitrine de la Ville Nouvelle. Mais, avec le temps, l’immeuble a vieilli. Ses normes de sécurité sont devenues obsolètes. Des travaux en profondeur vont permettre à cet immense paquebot de cinq-cents mètres de long de rejoindre avec confiance le XXIe siècle.
La Résidence de l’Europe
est l’immeuble-phare du programme d’urbanisation de la ZUP de Mons-en-Baroeul. Elle contribuait à créer le « Nouveau Centre », avec, tout à côté, le nouvel Hôtel de Ville et la place de l’Europe. La Résidence de l’Europe est un bâtiment hors-norme : un demi-kilomètre de long sur sept étages, surélevés en quatre lieux par de grandes tours de soixante mètres de haut, chacune. L’architecte, en dessinant cet immeuble monumental, veut frapper l’imagination et transformer radicalement le paysage du nouvel espace urbain en construction.
La Résidence de l’Europe, c’est une ville dans la Ville, avec 650 logements et un immense centre commercial qui fait le tour complet du bâtiment. L’immeuble, dont la construction débute en 1964, rencontre un vif succès auprès de ses usagers. C’est un endroit de prestige où souffle le génie de la modernité. Parmi les premiers acquéreurs on comptera le Préfet du Nord. Le centre commercial est dynamique. Il est doté de tous commerces de proximité et même d’un Supermarché.
La population du nouveau quartier
y trouve tout ce qui lui est nécessaire. C’est l’âge d’Or de la « Résidence ». Mais, peu à peu, des fissures vont lézarder la belle icône de la ville moderne. Le développement des grandes surfaces périurbaines, la construction d’une ligne de métro qui met le centre de Lille à moins de 10 minutes, vont rendre la galerie marchande moins compétitive. Beaucoup de commerces vont progressivement fermer. L’immeuble commence à accuser quelques rides. En 2007, un incendie se déclare dans un des commerces du rez-de-chaussée. Il se propage aux bureaux du premier étage. Il est cependant circonscrit sans provoquer de victimes. On s’aperçoit que l’on a frôlé la catastrophe et que l’immeuble n’est plus aux normes de sécurité en vigueur. La rénovation de la Résidence devient un sujet d’actualité ! Mais de l’idée à la mise en œuvre, le chemin est long. L’Europe, c’est 560 propriétaires privés, réunis dans une même copropriété. Convoquer une assemblée générale dans un Conseil syndical, c’est toute une logistique, voire une galère. Il est rare que tous ses membres soient d’accord entre eux, même si des décisions urgentes semblent évidentes. Ainsi, au début des années 2010, l’étanchéité des toits de l’immeuble laissait à désirer. Les propriétaires des appartements supérieurs se plaignaient de fuites par temps humides tandis que ceux des appartements inférieurs ne voyaient pas l’intérêt d’entreprendre des travaux coûteux. Après d’âpres discussions, la toiture fut remplacée.
En 2014, alors que des locataires se plaignaient des pannes récurrentes du chauffage qui tardaient à être réparées, la Ville, prolongeant les travaux de requalification de l’avenue Robert Schuman, mettait la main à la poche pour rénover les accès de la résidence cinquantenaire. Ce ne fut pas sans difficulté, mais une grande partie des entrées, de même que deux grands « traversants » en lieu et place des anciennes « manivelles », purent être aménagés.Mais, restait en suspens le dossier de la réfection des parties communes, de la rénovation des conduites de chauffage et la mise en conformité incendie : une enveloppe de 6,2 M€, une belle somme ! Cela se traduit par un investissement d’environ 10 000 € pour chacun des copropriétaires ! C’est sans doute ce qui explique qu’il aura fallu une quinzaine d’années entre l’incendie de la tour C3 et le début effectif des travaux. En réalité, seulement 2 M€ vont rester à la charge de la Copropriété. La MEL, dans le cadre de la politique d’aide à la résorption de l’habitat dégradé va participer à hauteur de 2,5 M€ et l’État, environ 2 M€ (ANAH = Agence nationale de l’habitat). Quelques protestations sur ce mode de financement ont bien été entendues, mais, la réponse des élus : « C’était ça, ou on rasait», a clos le débat. Personne, en réalité n’aurait voulu voirdisparaître la Résidence de l’Europe.
Les différents travaux ont débuté en juin 2021. Ils devraient se terminer en août 2022.
» Cette opération prévoit de revoir tous les systèmes incendie et donc les câblages du système de supervision – incendie, ce qui explique les faux-plafonds ouverts, car tous les câbles doivent converger vers la loge « , explique Romain Dutrieux, directeur de l’agence SERGIC de Mons-en-Baroeul. « Cela a aussi pour conséquence la dépose du plafond de la coursive, côté Lyautey, car tout le câblage passe par cette coursive. Le plafond sera refait, une fois l’opération terminée ». La SERGIC profite de cette mise à nu pour remplacer les tuyauteries par des tuyauxcalorifugés mettant fin à la déperdition d’énergie du système de chauffage et aux fuites à répétition. Il est possible qu’au lieu de refermer les tranchées, une «cour anglaise» soit créée pour faciliter les éventuelles interventions de maintenance. Les travaux de sécurité incendie vont répondre aux craintes des résidents engarantissant l’isolement du feu en cas de démarrage d’un feu. Ces travaux devraient trouver un prolongementdans les années futures : « Un plan de sauvegarde a été lancé sur la Résidence par la MEL et l’ANAH. Le ravalement, les bétons, seront traités dans le cadre d’un plan, si le subventionnement est au rendez-vous », conclut Romain Dutrieux.
Gros plan…
Portraits croisés, La galerie marchande de la Résidence de l’Europe, côté Lyautey (59370)
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La Résidence de l’Europe poursuit sa mue, Mons en Baroeul, 59370