Acouphènes, une progression qui dépasse l’entendement

Acouphènes, une progression qui dépasse l’entendement

Las acouphènes qui touchaient surtout certains professionnels se sont invités dans la société civile. La situation devient préoccupante au point que la presse s’en fasse largement écho.

A l’occasion de la 17e Journée nationale de l’audition (mi-mars 2024), l’association organisatrice publie un sondage, réalisé à sa demande. Il a été effectué par l’institut IPSOS. Le résultat est inquiétant :  seize millions de personnes souffrent d’acouphènes, soit un quart de la population française. Ce phénomène touche désormais toutes les tranches d’âge même s’il est considérablement accentué chez les plus âgés. Depuis plusieurs décennies, de sondage en sondage, le chiffre des personnes impactées par les acouphènes est en constante augmentation.

L’acouphène n’est pas un phénomène nouveau.

Il touchait surtout les militaires, les amateurs de concerts et de rave party, les professionnels du son, les ados addicts à leurs baladeurs  dont ils poussent le son à fond, les amateurs de tuning aux sonos déraisonnables, les ouvriers manipulant des outils bruyants qui ont fait l’économie du port d’un casque anti bruit. Bref, toutes les transgressions acoustiques par imprudence ou par obligation se paient… cash ! C’est alors que survient l’acouphène. Il est indélébile et accompagnera la victime pour tout le reste de sa vie. Ce peut être un bourdonnement, un sifflement continu, des tintements, des cliquetis, des chuchotements, un grésillement, un chuintement et même des hurlements. Les cellules ciliées de l’oreille sont très fragiles. Lorsqu’une zone est lésée, le cerveau tente de reconstituer la partie manquante, ce qui se traduit par une perception de sons fantômes qui n’existent pas dans la réalité.  Un accident ou une maladie, même un bouchon de cérumen, peuvent aussi produire des effets comparables. Il s’agit d’acouphènes, dits « objectifs ». 

Selon la littérature médicale, ils seraient moins répandus que les acouphènes « subjectifs ». Ces derniers seraient provoqués par un dysfonctionnement du cerveau ou de l’oreille interne qui produirait la sensation d’un son imaginaire. On ne connaît pas de traitement curatif. La prise en charge consiste à masquer les effets et/ou à habituer le patient à vivre avec ses acouphènes. Il n’existe pas d’études indiscutables sur les causes présumées et les mécanismes qui conduisent à la prolifération des acouphènes « subjectifs ». C’est bien dommage car ce sont surtout ces derniers qui font grimper la statistique, année après année.

Une cause – même si elle est contestée par les agences officielles proches de l’Industrie (ICNIRP, OMS, ANSES, etc.) peut être reliée à l’électrosensibilité du corps humain. Elle résulte de son exposition aux champs électromagnétiques. Elle produit chez une fraction de la population divers symptômes handicapants. On relève une fatigue excessive, des migraines chroniques, une difficulté de concentration, des douleurs diverses, une irritation de la peau, des insomnies sévères et naturellement… des acouphènes ! Le fait est établi depuis le début des années 1960. Un médecin hospitalier américain, Allan Frey, démontre qu’une exposition au champ électromagnétique de haute fréquence (1,5 à 3,5 Ghz) provoque chez certains patients des d’acouphènes. Naturellement, la presse et les structures inféodées à l’industrie des ondes vont qualifier les travaux  de Frey de « controversés » voire de « complotistes ». Mais, le problème demeure. Les travaux de Frey ont été dupliqués ensuite par d’autres chercheurs… avec les mêmes résultats !

Dans des conditions anormales, voire très dangereuses, l’acouphène survient de manière presque automatique.

Une expérience américaine du début des années 1980 a vu une chercheuse volontaire accepter de réagir à un champ électromagnétique de 480 V/m généré dans la pièce voisine. Le but était de déterminer si cette émission pouvait être perçue dans un laps de temps court. L’expérience a donné entière satisfaction, sauf pour le cobaye. On a pu constater une augmentation de son rythme cardiaque, de sa tension artérielle accompagnés d’acouphènes. Il était très imprudent de poursuivre…  L’expérience s’est arrêtée là. Elle n’a jamais été reproduite. Notons que l’ICNIRP considère que, c’est seulement au-delà de 388 V/m, qu’il existe un danger pour la santé humaine. Ainsi, il n’hésite pas à contrarier lui-même sa théorie favorite, selon laquelle seuls les effets thermiques des champs électromagnétiques sont un danger pour les êtres vivants. 

L’apparition d’acouphènes n’est pas automatique chez tous les sujets dans des conditions usuelles. Une étude française propose le chiffre de 33% et une étude suédoise 35% de personnes dites « électrosensibles » impactées par les acouphènes. En gros, ce serait un tiers des personnes de cette population qui générerait des acouphènes. En France, selon l’ANSES, il y aurait 5% de personnes électrosensibles (2018). Ce n’est pas mal du tout par rapport à nos voisins européens. Une étude suisse avance 7,5 %. L’Allemagne annonce 10,3 %. Ailleurs dans le monde, ce peut être pire : 12% au Japon, 14% à Taiwan. D’après nos amis internautes canadiens, le Canada serait champion du monde avec 15%, à cause de l’obligation de se raccorder aux compteurs dits « intelligents » d’Hydro-Québec. Ce chiffre de 5% rend pourtant méfiant beaucoup d’associations et de Français à cause du précédent fâcheux du nuage toxique de Tchernobyl, censé s’être arrêté miraculeusement à la frontière allemande. En fait, il ne correspond à aucune étude concrète. En 2022, le journal « La Brèche » a demandé à l’ANSES comment on obtenait ce chiffre de 5%. La réponse est que c’est juste une estimation à partir d’autre études européenne mais qu’il ne correspond pas à une étude spécifique menée sur le territoire national. Il s’agit d’un chiffre établi « au doigt mouillé », de telle sorte que, réellement, on ignore combien il y a de personnes électrosensibles en France ! Comme on ne possède pas d’autre étude qui soit validée par la « Science », tenons-la pour juste. Cela fait, au bas mot, plus de trois millions de personnes, dont un tiers, c’est-à-dire un million, développeraient des acouphènes. Comparé aux seize millions du sondage IPSOS ce n’est pas beaucoup. On peut regretter que l’institut de sondage n’ait pas demandé aux gens sondés s’ils avaient remarqué d’autres symptômes évoquant l’électrosensibilité. 

Cette statistique a vocation à croître, notamment à cause de l’empilement sans aucune précaution de nouvelles technologies qui viennent s’ajouter à la pollution électromagnétique existante. C’est le cas de la 5 G qui envahit le territoire. Demain, ce sera la 6 G qui ressemblera aux réseaux de satellites Starlink d’Elon Musk, déjà opérationnels, ce qui fait que, les fameuses « zones blanches » dont on parle tant, n’existent plus depuis belle lurette. Cette pollution à marche forcée a un prix. Le professeur Dominique Belpomme, s’appuyant sur une étude suédoise, annonce 50 % d’électrosensibles en 2050, soit une dizaine de millions de Français qui devraient être impactés par les acouphènes.

En tous cas, 16 millions de personnes en souffrance en 2024, cela représente déjà un énorme marché. L’acouphène est « bankable ». S’appuyant sur cet effet d’aubaine, un éventail complet de traitements divers et variés est proposé aux patients. 

Il y a la phytothérapie et les compléments alimentaires (ginkgo-biloba, antioxydants, zinc, sélénium, vitamines, huiles essentielles etc..) C’est onéreux. Ça peut donner quelques résultats mais les effets ne sont pas garantis. Attention à l’overdose de vitamines et aux mélanges dangereux : le ginkgo-biloba associé à un fluidifiant du sang, prescrit pour un autre motif, peut produire des hémorragies. Ce genre de traitement ne devrait se faire que sous surveillance médicale, sauf que pour trouver un médecin qui donne du crédit à cette démarche et vous accompagne, ce n’est pas facile. En attendant, l’Internet vous propose des traitements aussi chers que problématiques pour un peu moins d’une centaine d’euros par mois.

Il y a aussi tout un éventail de médecines douces : naturopathes, homéopathes, acupuncteurs, posturologues, kinés, ostéopathes. On peut toujours essayer. Ce n’est guère dangereux… sauf pour votre porte feuille !

On peut passer par la case « psy » : psychothérapeutes, neurologues, sophrologues, groupes de paroles, thérapies comportementales et cognitives… avec consommation éventuelle de force anxiolytiques ou antidépresseurs. Si vos acouphènes sont le résultat de votre électrosensibilité, ces traitements médicamenteux sont déconseillés. 

Si les acouphènes ont pour origine une déficience de l’oreille, une aide auditive, va peut-être résoudre le problème, mais, on va le voir, elle n’est pas sans inconvénients. La pose d’un générateur de bruits sur l’oreille ou dans les cas récalcitrants les implants cochléaires qui nécessitent une opération et une rééducation de l’oreille donnent des résultats prometteurs. Ils génèrent un « bruit blanc » qui distrait de l’acouphène ou un bruit calibré qui en gomme la plus grande partie. Cela permet de retrouver une forme de confort de vie. Mais cette prothèse a souvent des effets pernicieux. On s’attaque aux effets mais on omet de traiter la cause. De telle sorte que le problème initial risque de s’amplifier.

Souvent les acouphènes sont produits, par une inflammation des tissus nerveux ou la destruction des neurorécepteurs de l’oreille interne et du système nerveux qui génèrent une réaction oxydante. L’origine présumée est la surexposition aux champs électromagnétiques. La liaison entre l’émetteur et le récepteur – souvent de type Bluetooh –  augmente le stress des cellules nerveuses.  Un exemple nous est fourni par une société australienne spécialisée dans les implants cochléaires « Nos nouveaux implants sont utilisés chez les personnes atteintes d’acouphènes. L’entreprise a lancé une véritable révolution : relier un iPhone, directement à l’implant. ? Le groupe a travaillé avec Apple pour développer son processeur sonore L’implant envoie un signal électrique à la cochlée après avoir été traité par un microprocesseur et transmet une nouvelle information au cerveau.  C’est une véritable révolution ! »  C’est aussi un vrai danger pour la santé du patient. Des neuropsychiatres américains mettent en garde les ados, qu’ils accompagnent contre les écouteurs de type AirPod Ils pourraient conduire à une expression précoce de maladies neuro dégénératives. Mais on peut imaginer pire encore !  Elon Musk a annoncé son projet futuriste : soigner les acouphènes via un implant greffé directement dans le cerveau ! Le grand boom du business des acouphènes est en marche !  En France, en 2023, le marché a représenté 11,79 milliards d’euros !  Qu’en sera-t-il en 2050 ? Il devrait-être très lucratif, sous réserve que la France puisse perdurer.

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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