Le groupe scolaire de la rue Guillaume-Tell, dans le quartier des Bois-Blancs pendant la première Guerre Mondiale.

Le groupe scolaire de la rue Guillaume-Tell, dans le quartier des Bois-Blancs pendant la première Guerre Mondiale.

Le groupe scolaire de la rue Guillaume Tell, inauguré en 1907 dans le quartier des Bois Blancs. Il est composé de l’école de filles Marceline Desbordes-Valmore et de l’école de garçons Alfred de Musset.

En 1920 le recteur Georges Lyon, à l’instar de ce que vont faire certains gouvernements anglo-saxons, mobilise les enseignants et les élèves pour qu’ils couchent par écrit leurs souvenirs de guerre afin de garder une trace de cette période historique. Le rapport du directeur de l’école Alfred de Musset, dans le quartier des Bois-Blancs est très intéressant…

“ Pendant les trois jours de bombardement, les 10-11-12 du 8ème mois 1914, les caves ont servi d’abri à 120 habitants du quartier : hommes femmes et enfants qui n’osaient pas rester dans les maisons en bois. Trois bombes sont tombées sur l’école et n’ont causé que des dégâts matériels.

L’école a été fermée :

– du 10 du 8ème mois à 4 heures au 4 du 9ème mois 1914, à la suite du désarroi causé par la prise et l’occupation de Lille.

– du vendredi 20 au 23 du 9ème mois pour abriter des troupes de passage, 40 hommes et 40 chevaux avec un billet de logement de la mairie et conduits par un agent de police.

– du 14 février au 23 avril 1917, à cause du manque de chauffage et par ordre de l’autorité !

Le 24 avril, jour de la rentrée à 8h20 du matin, un obus est tombé devant l’école. Trois enfants de la classe enfantine de l’école des filles ont été tués ; sept autres et une vieille femme plus au moins grièvement blessés. L’émotion profonde causée par cet accident douloureux n’a pas eu de répercussion sensible sur la fréquentation scolaire. Les allemands, comme toujours, ont affirmé que c’était une bombe anglaise, les témoins ont fort bien constaté que c’était un obus allemand tiré sur un aéroplane, qui n’a pas éclaté en l’air et est venu exploser dans la rue.

Du 3 décembre 1917 au 20 février 1918, les classes sont transformées en chauffoirs ; il y a 5 chauffoirs jusqu’au 20 novembre, 4 chauffoirs jusqu’au 28 décembre et  3 du 28 décembre au 20 février 1918 à midi

Le 3 octobre 1918, les habitants du quartier sont forcés d’évacuer dans les 12 heures et de se réfugier dans Lille ; ils reviennent en partie le 29 octobre et l’école est ouverte aussitôt.

Du 13 novembre 1918 au 6 janvier 1919, il y a une dernière interruption à cause du manque de charbon.

À plusieurs reprises, une classe a servi de prison pendant la nuit aux civils arrêtés après l’heure par les gendarmes ou par les patrouilles. Un feu avait été préparé pour les prisonniers qui grelottaient. Le gendarme de service a jeté un seau d’eau dans le poêle et a enlevé tout moyen de chauffage. Aucun officier ni délégué allemand n’est venu contrôler l’enseignement. Des officiers ont pénétré souvent dans la cour ; ils ne sont pas entrés dans les classes et n’ont pas interrogé les élèves.

Des enfants de 14 et 15 ans ont été inscrits et ont fréquenté l’école pour échapper au travail forcé. Ils n’ont pas été inquiétés.

Beaucoup de famille logeaient des soldats avec qui les enfants vivaient assez familièrement.

Dans les moments d’abondance, les Allemands donnaient ou vendaient du pain, des pommes de terre, des boîtes de conserves. Lorsque la population fut rationnée et que le besoin se fit sentir, les enfants ne se firent pas faute de voler effrontément sur les voitures et même dans les magasins de l’armée.

Quand ils étaient pris par les Allemands, ils étaient roués de coups et enfermés pendant des heures à la gendarmerie. …”

Lille le 30 mai 1920

                                                                   Le Directeur de l’école

 L’original du rapport établi par le directeur de l’école de garçons Alfred de Musset, rue Guillaume Tell à Lille, est conservé à Paris, à la BDIC (Bibliothèque Documentation Internationale Contemporaine).

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

Publications: 379

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