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Jeanne Parmentier, Patriote et Résistante a marqué l’histoire des deux guerres

 Jeanne, née Brouet, nait à Bavay (59) en décembre 1897. Lorsque la guerre éclate, elle a à peine 18 ans. Elle rejoint le réseau de résistance dirigé par Louise de Bettignies et Léonie Vanhoutte qui recueille des informations sur l’armée occupante.

Carte de combattante de Jeanne
Carte de combattante de Jeanne

Elles sont transmises à l’état-major allié, par pigeon voyageur. On aide également le passage des prisonniers évadés. « Ma mère était une  passeuse de soldats », témoigne Lily, sa fille. « Elle connaissait le coin par cœur et savait trouver un itinéraire à travers bois pour passer sans encombre les lignes allemandes. Cela lui a valu plusieurs décorations ». Jeanne Brouet reçoit la médaille de la Reconnaissance anglaise. Peu après elle épouse Émile Parmentier, modeleur mécanicien sur bois, originaire de Valenciennes.

 La famille Parmentier, qui avait rejoint Paris dans les années 20, retourne dans le Nord, à la fin des années 30. Émile vient de trouver travail, à Lille. Un peu avant-guerre, Jeanne prend la direction, au 106 de la rue Daubresse Mauviez, du Café de la Mairie, à Mons en Baroeul. En septembre 1939, sans déclaration de guerre, l’armée allemande franchit la frontière polonaise. C’est le début du conflit. Fin mai 1940, l’armée allemande qui a envahi la Belgique occupe Lille. Jeanne Parmentier reprend du service dans la résistance, comme au  bon vieux temps. Le Café de la Mairie, surnommé « La Baraque » devient le lieu d’accueil des soldats prisonniers évadés ou des aviateurs qui cherchent à rejoindre l’Angleterre. Jeanne finira par intégrer le BOA (Bureau des Opérations Aériennes) qui lui vaudra, après guerre,  la « Médaille de la liberté » de la part du gouvernement américain.

Jeanne Parmentier au journal
Jeanne Parmentier au journal

 Mais le nom de Jeanne Parmentier est surtout associé à la naissance du journal, La Voix du Nord. Elle fait partie de ce petit cercle des résistants qui, en 1941, vont fabriquer les premiers exemplaires de la feuille clandestine. Plusieurs numéros à partir du N° 13 vont être ronéotés, à Mons, dans le grenier du Café de la Mairie. Fin 42, elle s’éloigne pour quelque temps de ce lieu, très exposé… en vain. Elle est dénoncée et arrêtée en 1943. Commence alors l’époque la plus douloureuse de sa vie : «Ce que faisaient les Allemands, c’était horrible », témoigne Lily. «Peu après l’arrestation de maman, je suis allée au siège de la Gestapo, à la Madeleine, pour récupérer ses affaires. J’étais dans un couloir et j’ai vu sortir Jules Noutour d’un bureau. Il avait le visage tuméfié. Il était dans un état épouvantable. Il m’a juste regardé du coin de l’œil pour me montrer qu’il m’avait reconnue mais sans que les policiers  puissent deviner qu’on se connaissait. Je pense que je suis la dernière personne du réseau à l’avoir vu, vivant. À la fin de la guerre, il se disait des choses abominables sur ce qui se passait dans les camps mais on était encore bien en dessous de la vérité. C’est seulement quand les déportés sont rentrés que l’on a compris. Maman a connu Ravensbrück et Mauthausen. Son travail, dans les camps, consistait à entasser les morts dans une petite charrette qu’elle poussait jusqu’aux fours crématoires où ils étaient brûlés. Elle a vu et  vécu beaucoup de choses horribles».

Pourtant, elle reviendra « vivante grâce à l’entraide et la camaraderie qui existait dans ces camps ».  Dès son retour, elle deviendra la responsable du service social de La Voix du Nord. C’est dans le centre de colonie de vacances du journal, à Ollier (Puy-de-Dôme) que, le 18 août 1955, usée par la déportation, elle meurt prématurément.

Alain Cadet