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Les vaches ne sont pas des canards sauvages… les riverains non plus, Mazeyrat d’Allier 43300 

Par la décision du tribunal administratif de Clermont-Ferrand, une nouvelle antenne-relais est censée devoir s’interrompre pour une période de deux mois, afin que l’expert puisse « observer le comportement des animaux » et voir si les maladies récurrentes d’un troupeau proche ne pourraient pas être liées à cette nouvelle source de pollution.

Naturellementcette décision a jeté un froid sur le lobby des ondes habitué à régner en maître dans le territoire des villes et des campagnes. Les opérateurs Orange, Bouygues Télécom, Free et SFR, secondés par l’Etat, ont immédiatement introduit un recours devant le Conseil d’Etat. Dans l’attente, ils se sont bien gardés d’appliquer la décision du tribunal de Clermont-Ferrand :  On ne va tout de même pas arrêter une belle antenne-relais toute neuve pour quelques vaches ! Rappelons ce qu’en disait l’éleveur, Frédéric Salgues, considéré comme l’un des meilleurs du département : « Les vaches étaient en parfaite forme, et, quand l’antenne s’est mise à fonctionner on a constaté que certaines se retrouvaient avec des mâchoires bloquées, d’autres avaient les yeux qui coulaient et ne voyaient presque plus rien. Beaucoup ne mangent plus et ne boivent plus. Elles sont tristes et maigres, elles font pitié. En onze mois j’en ai perdu 42 sur 200. Ma production de lait a été divisée par deux ».

Il faut dire que les opérateurs ont jusqu’au 23 août pour exécuter la décision du tribunal administratif. En attendant, l’éleveur pourra continuer à ramasser les cadavres de ses bovins et espérer un arbitrage favorable du Conseil d’État. Cela n’a rien d’évident ! Les Opérateurs sont confiants et sûrs de leur bon droit : « Les champs électromagnétiques ont été mesurés à 0,79 V/m alors que les seuils maximaux réglementaires pour la téléphonie mobile sont compris entre 36 et 61 V/m », déclarent-ils. Ils enfoncent le clou en faisant vibrer la corde sensible : « L’arrêt des antennes placera la commune dans une situation d’absence de couverture totale du territoire communal, posant une question de risque au regard de l’impératif d’acheminement des appels d’urgence » Notons que ces 0,79 V/m, mesurés au niveau de l’exploitation agricole, sont une résiduelle de l’antenne initiale, dont la puissance d’émission a été chiffrée par la même expertise à  31V/m. Ce n’est pas beaucoup, car, en règle générale, les antennes-relais, en France, sont calibrées à 41V/m.

Bien loin de nous la pensée que l’antenne aurait pu être réglée à la baisse le jour de l’expertise ! C’est aussi beaucoup moins que les 61V/m autorisés dans des circonstances précises : les « points atypiques ». Merci aux opérateurs de valider par leurs déclarations au tribunal administratif de Clermont-Ferrand ce chiffre hallucinant de 61V/m autorisé par la réglementation française. 

Avec de telles normes, il ne faut guère s’étonner des effets pervers des antennes-relais sur la santé des vaches et des riverains. Après une longue étude, le Conseil de l’Europe a préconisé (11 avril 2011) une puissance des antennes-relais ne dépassant pas 0,6V/m. Arguant du fait qu’à Salzbourg (Autriche), le rayonnement électromagnétique est fixé à 0,06V/m, il envisage d’abaisser ce seuil à 0,2 volts prochainement. Certains pays européens s’inspirent de ces recommandations : 6V/m, en Italie, en Pologne ou au Luxembourg…C’est aussi ce chiffre de 6V/m qui a été adopté par la Chine et la Russie. L’Europe, d’habitude si coercitive pour imposer ses directives, que ce soit pour la « loi travail », le régime des retraites, la privatisation du rail ou de l’électricité, est très conciliante en manière de normes environnementales : « chacun fait ce qui lui plait » !

Dans ces conditions, difficile pour les éleveurs et les villageois de faire entendre leur voix. Le rapport du député du Maine-et-Loire, Philippe Bolo (MoDem), pour l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, indique que « la contribution des champs électromagnétiques aux troubles de comportement des animaux n’est pas démontrée par la science ». De quelle science s’agit-il ? En 2021, le Chef de l’Etat et son gouvernement ont supprimé toutes les lignes budgétaires de la recherche publique dans le domaine des Ondes… L’échelon politique – et singulièrement celui chargé de l’élaboration des lois et des règlements – s’est assoupi avec en guise d’oreiller une pile de vieux rapports de l’ANSES, censée penser la question, mais très perméable aux suggestions des Opérateurs des ondes.

Croisons les doigts en espérant que le Conseil d’Etat puisse être capable de prendre une décision de bons sens, indépendante du lobby des ondes…. Mais ce n’est pas gagné !

En attendant voici quelques suggestions personnelles pour améliorer la santé des gens et des animaux :

1 Respecter les recommandations du Conseil de l’Europe en matière d’émission maximum des antennes relais.

2 Fonder les décisions de justice sur les effets observés concrètement par des experts, dignes de foi, et non pas à partir de rapports généraux et fumeux.

3 Quand une puissance raisonnable sera décidée (de préférence, pas plus des 3V/m), déterminer au cas par cas avec les représentants des riverains une distance minimum entre l’antenne et les hommes et les animaux  limitant ses effets sur la santé du monde vivant.

4 Imitant la décision du Gouvernement fédéral allemand, en 2021, interdire toute implantation d’une nouvelle éolienne à moins de 1km des habitations (2km comme aux Etats Unis serait encore mieux).

5 Interdire l’action des lobbys dans les assemblées, les ministères et tous les lieux de décision qui concernent la chose publique.

Naturellement, tout cela n’est pas pour demain…

Lecture pour suivre : 

Un excellent article de Nicolas Faucon, Le Pays.

https://www.le-pays.fr/paris-75000/actualites/a-mazeyrat-d-allier-haute-loire-ou-la-justice-a-demande-l-arret-d-une-antenne-4g-les-eleveurs-s-impatientent_14150043/

On peut aussi aller voir :

Y’a de la friture sur les ondes et dans la cuisine des Lobbys, Mazeyrat d’Allier, 43300