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Portraits croisés : l’entrée du fort Macdonald de Mons-en-Barœul (59 370)
Ce fort, « Séré de Rivières », a été construit entre 1878 et 1880.
Il a nécessité l’emploi de plusieurs millions de briques. En 1886, sous l’impulsion du général Boulanger, alors ministre de la guerre, on va lui donner le nom de « Macdonald » et graver cette inscription en haut de la porte, en référence à un Maréchal d’empire écossais de Napoléon Ier. C’était plutôt paradoxal, parce que, dans les autres places fortes françaises, on avait plutôt tendance à supprimer les noms qui évoquaient l’Empereur, de près ou de loin. On y accède à l’aide d’un pont qui, autrefois, a été mobile, pour bénéficier pleinement de la protection constituée par les fossés qui se trouvent en dessous. Au-dessus du bâtiment, a été disposée une épaisse couche de terre d’environ quatre mètres d’épaisseur. Dans les années 1880, elle constituait une protection contre l’artillerie ennemie. La pelouse qui s’y est développée permettait à cette couche de rester stable et de ne pas subir les effets de l’érosion. Au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, la commune de Mons-en-Barœul était rurale. Cette pelouse du fort était une aubaine pour les moutons du voisinage qui, mieux qu’une tondeuse, assuraient sur ce « toit » pentu l’entretien du terrain. Mais, avec la construction de la Ville Nouvelle, les fermes et les moutons ont disparu du paysage. À partir des années 1960, des petits arbres dont les graines ont été amenées par le vent et les oiseaux ont commencé à se développer. En soixante ans, ces petits « robiniers » sont devenus très grands, constituant une forêt sur le sommet du vieux fort. On disait de lui que « le fort Macdonald dans son écrin de verdure était un morceau de nature en ville. »
Mais, au fur et à mesure que ces arbres prenaient de la hauteur,
que leurs branches se développaient, comme une image négative, dans le sous-sol, les racines s’allongeaient jusqu’à atteindre le sommet des voûtes du bâtiment. Les briques étaient disjointes provoquant des fuites et des points de fragilité, mettant en péril la pérennité de l’édifice. On a pu constater, ici et là, de grandes fissures. Quelques travaux cosmétiques n’ont pas été suffisants. Il a fallu fermer au public les couloirs des deux cours adjacentes, du nord et du sud. Les voûtes ont été renforcées par des étais métalliques. La mairie, propriétaire du bâtiment, n’avait plus d’autre issue que celle d’un traitement radical. C’est ainsi que dans la première quinzaine du mois de mars 2021, on a procédé à l’abattage des arbres du sommet du fort (une bonne soixantaine). Cette première opération sera suivie d’autres jusqu’à ce que le bâtiment, dans toutes ses composantes, soit en totale sécurité.
Évidemment, on pourra regretter le côté bucolique de l’ancien bâtiment, orné de sa forêt éphémère. Il faisait un très bel effet et protégeait les cours du soleil. Mais, c’est un mal pour un bien ! Le paradoxe c’est que le sommet de ce fort avec ses arbres abattus, très différent de ce qu’il était avant, ressemble désormais au fort antique des origines des années 1880.
Merci pour cet article.