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Véronique Canivet connaît le nom de Michel Butor depuis son adolescence. Diplômée de l’École des Arts Décoratif de Paris, elle a même étudié l’écrivain à l’école.
«Pour moi, c’était un auteur parmi beaucoup d’autres», se souvient-t-elle. «J’ai encore en mémoire ses écrits sur Delacroix. J’avoue qu’au fil des années, je l’avais un peu oublié. Acheter la maison où il est né n’était pas prémédité. Je ne l’ai découvert qu’après avoir signé le contrat».
« Nous avons acheté cette maison en un quart d’heure», enchaîne Christophe, le mari. «Quand nous l’avons visitée et nous avons eu immédiatement l’envie de l’habiter. C’était une vraie maison… une maison qui a une âme. Elle était compatible avec notre budget. Il y avait énormément de travaux : pas de chauffage central, des cloisons biscornues, l’électricité à refaire, les murs et les sols à revoir … mais cela pouvait s’arranger. Il y avait aussi le jardin. À cette époque, l’immeuble de derrière n’était pas construit. On avait une vue magnifique.»
Sans perdre une minute, Christophe et Véronique se rendent à Fives, siège de l’agence : «Nous nous demandions si nous ne pourrions pas faire baisser légèrement le prix en prenant un petit temps de réflexion. La gérante, Mme Truffaut, nous en a aussitôt dissuadé. Quand elle a appris que notre projet était tout simplement d’y faire vivre notre famille elle ne voulait plus d’autre acquéreur. Il y avait un autre acheteur qui était sur les rangs. Cet « investisseur » avait l’intention de découper l’immeuble en appartements minuscules. Mme Truffaut était Monsoise. Pour elle, ce projet aurait complètement défiguré la maison. Elle a su être très persuasive. Elle était tellement heureuse de notre décision qu’elle nous a offert son exemplaire personnel d’un livre d’histoire locale, auquel, pourtant, elle tenait beaucoup, Mons en Baroeul, de la campagne à la ville. Il y avait deux pages sur Michel Butor. Ainsi, nous avons appris que nous venions d’acheter la maison de l’écrivain. »
« Nous ne remercierons jamais assez Mme Truffaut » ajoute Véronique, émue. Finalement, pendant ce quart d’heure de folie nous avons pris une décision très raisonnable. Nous avons modernisé la maison en essayant de préserver son cachet. Nous l’avons rendue agréable. Nous sommes heureux d’y vivre. Même le voisinage a apprécié. Dans le jardin, il y a un portique avec une balançoire. La voisine est venue nous dire le plaisir qu’elle avait d’entendre à nouveau, après de si longues années d’interruption, le crissement de la corde qui accompagne le balancement. Cette maison s’est remise à vivre… »
Véronique est un peu nerveuse depuis qu’elle sait qu’elle doit recevoir la visite de l’écrivain. Elle est allée à la bibliothèque. Elle consulte Internet… Véronique exerce un métier original : elle est marionnettiste : « une marionnettiste de talent » précise son mari. Elle est directrice de la compagnie Babayaga. Beaucoup de ses amis appartiennent aux milieux artistiques et culturels. Ainsi, pour le 5 mars a-t-elle a invité Didier Philipoteaux, un poète français et Matega une poétesse slovène qui animent la maison de la poésie de Reims. Elle a peur que l’événement ne soit pas à la hauteur de l’attente… que l’écrivain soit déçu… que cela ne soit pas aussi gai qu’elle l’avait imaginé. Mais Véronique qui fonctionne d’abord au « coup de cœur » se trompe rarement. AC