Chariot - Transport public

Henri Poissonnier et le clochard Huguet (59370)

Chariot - Transport public
La Station du Pont du Lion d’Or

Cette histoire m’a été racontée très récemment par Henriette, la fille d’Henri Poissonnier.

Rappelons pour mémoire qu’Henri Poissonnier, Résistant, a été déporté dans les camps de la mort, en Allemagne dans le tristement célèbre train de Loos du 1er septembre 1944 et qu’il n’en est jamais revenu. Une des rues de la commune porte son nom. La notoriété du clochard Huguet est moins importante mais tous les habitants de la commune qui ont été enfants entre les années 1930 les années 1950 en ont gardé le souvenir. Quand on voulait faire peur aux garnements pas sages on les menaçait de faire venir le clochard Huguet ou bien encore Henri Prévost, le policier municipal à la grande pèlerine noire, qui sillonnait la ville à vélo. Le clochard Huguet vivait dans les fermes monsoises. Il avait ses habitudes à la ferme Pottier, à la ferme Barbry, à la ferme Delerue et dans bien d’autres endroits. Il vivait de la générosité des fermiers et des autres habitants du bourg. De toute sa vie, il n’a jamais travaillé. Pourtant, c’était quelqu’un d’instruit et qui avait beaucoup lu. L’un de ses frères était avocat.

Bien avant la deuxième guerre mondiale, Henri Poissonnier travaillait dans une imprimerie lilloise. Il habitait la rue Faidherbe, à Mons-en-Barœul et utilisait le tramway matin et soir. Il devait changer de rame à la station du Pont du Lion d’Or. Cette habitude était connue du clochard Huguet qui venait l’attendre presque chaque soir. Comme le clochard n’avait aucun titre de transport pour monter dans le tramway, Henri Poissonnier remontait à pied avec lui jusqu’à la rue Faidherbe. Huguet avait une conversation intéressante, contrastant avec son aspect, hirsute, qui faisait peur aux enfants. Les deux hommes faisaient à pied le bon kilomètre qui les séparait de la maison d’Henri Poissonnier, tout en devisant. C’était le temps qu’il fallait pour que le clochard Huguet puisse soutirer à l’imprimeur deux ou trois cigarettes. Arrivé à la maison, il avait en plus un bol de soupe et un sandwich, de quoi lui caler l’estomac avant de rejoindre une grange de la ferme Barbry, proche, où il passait la nuit…

Au milieu des années 1950, Henriette Poissonnier n’a plus entendu parler du clochard Huguet. Par contre elle avait épousé le fils d’Henri Prévost qui s’appelait aussi Henri.

Albert Huguet, documenté par un texte de l’Association Historique

Dans la commune, il était désigné par le “Clochard Huguet”. Il est né en juin 1884 et mort le 28 mars 1950. Il hantait les fermes d’Hellemmes et de Mons en Baroeul dormant le plus souvent dans des étables. On le trouvait du côté de la ferme Delerue et de la ferme Barbry mais aussi dans beaucoup d’autres lieux. Albert Huguet, été comme hiver été vêtu d’un pardessus gris. Il n’était pas toujours très bien lavé. Par contre, sympathique, instruit, il était un interlocuteur agréable et apprécié des monsois. Albert avait obtenu son certificat d’études primaires en 1899. Il pouvait aider à l’occasion l’un de ses hôtes mais rejetait toute idée d’un travail régulier.

Lorsqu’il est décédé, nul ne savait quoi faire de son corps. C’est le propriétaire de la ferme Delerue où il avait ses habitudes qui commandera un cercueil afin qu’il puisse avoir une sépulture décente. Finalement, Albert qui toute sa vie aura dépendu de la charité des autres, aura aussi bénéficié après sa mort de la générosité de ceux qui l’ont connu. Il avait sillonné, à pieds, les communes de Lille, d’Hellemmes, de Mons-en-Barœul, de Lezennes et d’ailleurs. Il avait connu une foule de gens, empruntant un livre à l’un, partageant un repas avec l’autre ou rendant une foule de services rémunérés ou gratuits. Lors de la cérémonie funèbre, l’église Saint-Denis d’Hellemmes était pleine. Plus de deux-cents personnes suivront le corbillard d’Albert Huguet jusqu’à sa dernière demeure…

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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