Youpi ! La 5G arrive à Lille !

Youpi ! La 5G arrive à Lille !

Lille faisait partie des villes récalcitrantes à l’implantation de la 5G sur son territoire. Cette résistance aux bienfaits des ondes de nouvelle génération était stigmatisée jusqu’au sommet de l’État : ces « Amish » qui voulaient « revenir à la lampe à huile » étaient un obstacle à la modernité. D’un autre côté, cette politique a un prix. L’environnement des ondes électromagnétiques croissant de manière exponentielle et probablement déraisonnable, commence à produire des effets néfastes pour la santé des populations.

Évidemment, l’arrivée de la 5G est fêtée comme une grande victoire

par les opérateurs des télécoms qui craignaient que leurs réseaux 4G n’arrivent à saturation dans les grands centres urbains.  Mais pour tous ceux qui, comme moi, se sont découverts sensibles aux ondes électromagnétiques c’est une défaite et grande inquiétude. « C’est au tour de Lille de hisser le pavillon de la 5G. Orange, SFR, Bouygues et Free sont parvenus à un accord sur la 5G avec la ville du Nord », écrit le Figaro. Ce qui lui vaut ce commentaire de l’un de ses lecteurs, un certain « Lo (le vrai ) »  : « les Rouges déguisés en Verts abdiquent une nouvelle fois. Cela prouve leur inutilité politique ! » Je crains pour ce lecteur qu’il ne commence à confondre les couleurs et il n’est pas exclu que ce daltonisme apparent puisse être un signe avant-coureur rare de son intolérance aux ondes électromagnétiques. Faire de ce problème un sujet de petite politique de comptoir n’est pas à la hauteur de l’enjeu. L’intolérance aux ondes électromagnétiques frappe également tous les Français quelques soient leurs origines, leur couleur de peau, leur religion, leur classe sociale ou leurs opinions politiques… quels que soient aussi les journaux qu’ils lisent, fût-il le Figaro ! Il y a là une forme d’égalité pour tous, sauf que certains sont atteints avant les autres !

Mon opérateur vient de m’envoyer un mail : “Free poursuit le déploiement de son réseau de dernière génération et étend sa 5G à Lille, couvrant ainsi 61% de la population lilloise ».  L’’offre est alléchante, 19,99 €, avec une réduction pour les abonnés Freebox. On aurait envie de crier Youpi et de se précipiter à la boutique Free du centre-ville et de ressortir avec un téléphone dernière génération. Ce sera sans moi, quitte à être traité « d’Amish » ou de « Complotiste ». La mise au rebut du matériel 4G, gourmand en métaux rares et dont la ressource est limitée sur la planète est-elle bien raisonnable ? La 4G servait déjà, pour plus de 60 % de son flux, à regarder des séries en streaming. Désormais avec la 5G on va pouvoir recevoir les mêmes programmes avec des débits quatre fois plus rapides qu’actuellement. Les images seront plus définies sur le petit écran de notre Smartphone, mais, à l’œil, difficile de voir la différence !

La 5G va aussi offrir beaucoup de possibilités nouvelles.

L’opérateur Orange, qui vient de fêter son succès, en a fait la démonstration au journaliste de La Voix du Nord. Ce dernier relate son expérience : « Coiffés d’un Oculus Quest2, nous avons été plongés dans un concert de Jean-Louis Aubert, à ses côtés sur la scène. Ou nous avons virtuellement visité des monuments parisiens avec tout un tas de bulles, de sons, d’animations …  Nous avons vécu le Tour de France d’une nouvelle manière : devant nos yeux se matérialise un écran qui diffuse la course en direct, sur le côté une carte de l’étape du jour en relief avec des infos mises à jour en temps réel ou encore un autre petit écran avec les différentes étapes du Tour ». Sur un autre quotidien, national, j’ai découvert qu’avec des gants spéciaux on allait pouvoir sentir tactilement des objets situés à plusieurs milliers de kilomètres. Ainsi, équipé de mes gants 5G pourrais-je depuis Lille ou Paris caresser mon chien retenu à Wuhan à cause de mesures sanitaires. Pour moi qui aime les animaux, ce serait alléchant ! Si je n’avais pas peur de la punition, je foncerais, vite fait souscrire un abonnement. Mais rien que de voir la photo de ce casque de réalité-augmentée avec son récepteur Wi-Fi 5 G à un cm du crâne du cobaye, j’en ai mal pour lui !

Naturellement, gouvernement et opérateurs nous promettent l’innocuité de ces antennes 5G. Comme elles ne sont pas encore installées et qu’on n’a aucun élément sur leurs effets futurs, « ça ne mange pas de pain » de le dire. « Il faut qu’on regarde les faits scientifiques. L’Anses (Agence Nationale Sécurité Sanitaire) a sorti un rapport qui dit qu’il n’y a pas de risques nouveaux de la 5G par rapport à la 4G sur les fréquences habituellement utilisées » claironne dans les journaux et sur les antennes-radio, Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Elle en profite pour rappeler qu’elle n’est pas contre leur déploiement près des écoles.

Il faudrait bien voir que l’Anses, organisme public, donne un avis défavorable au déploiement de la 5G ! Ce serait de la science-fiction ! Rappelons une petite histoire que certains d’entre vous connaissent. En 2007, l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand entreprend une étude sur les effets génotoxiques des ondes de la téléphonie mobile.

L’expérience est simple

les chercheurs exposent un plant de tomates à des valeurs de champ de 5 V/m (volts par mètre), très inférieures aux normes réglementaires de l’Anses (41 V/m et plus selon les fréquences utilisées). À l’issue d’une exposition relativement courte (de 5 à 15 minutes), nos chercheurs observent des effets biochimiques comparables à ceux que l’on peut voir à la suite d’un choc ou d’une blessure. Ils établissent un lien entre ces rayonnements électromagnétiques et le stress du plant de tomates

Quelles furent les résultats concrets de cette intéressante étude ? Le Labo fut immédiatement dissous ! La Science, c’est bien, mais il ne faudrait pas exagérer ! D’un autre côté, les normes européennes adoptées par l’Anses limitent la casse. Il existe des pays où c’est la véritable catastrophe. De temps en temps, de manière aléatoire l’ANFR (l’Agence nationale des fréquences) mesure le rayonnement des Smartphones du commerce – le DAS – pour vérifier leur conformité avec les règlements. L’an dernier, ils ont épinglé neufs modèles. Malgré tout, certains de ces Smartphones restés en circulation sont toujours hors normes et font l’objet de procès de la part d’associations.

Le déploiement de la 5G sera-t-il un progrès

comme le clame l’opérateur Orange qui a installé 40 nouvelles antennes relais sur le territoire de la ville de Lille ? « En quatre ans, nous avons divisé par quatre notre consommation électrique », explique la directrice générale adjointe d’Orange sans pour autant préciser son propos avec des chiffres.

Entre des déclarations très contradictoires il est difficile de se faire une opinion. Le pays initiateur du système 5G et très en avance sur l’implantation du réseau à grande échelle, c’est la Chine ! 10 % des abonnés possédant un Smartphone ont déjà souscrit à une offre… ce qui représente 100 millions d’abonnés, dont 70 millions pour le seul opérateur China Mobile. On prévoit, qu’en 2024, 50 % des abonnés chinois seront passés à la 5G. Pour arriver à ce résultat on a dû installer 250 000 pylônes. Les travaux sont en cours, avec pour objectif de dépasser 600 000 d’ici la fin de l’année. Ce sera beaucoup plus que les 400 000 recensés dans toute l’Europe ! Cette révolution technologique apporte, au fur et à mesure qu’elle se développe un certain nombre d’enseignements. D’après l’équipementier chinois Huawei, les stations 5G consommeraient 3,5 fois plus d’énergie que leurs équivalentes 4G. À tel point que dans certaines régions ces stations sont mises en veille de vingt et une heures à six heures du matin, au grand dam des abonnés 5G chinois, qui regrettent leurs bons vieux Smartphones 4G. 

Cette gourmandise en énergie du nouveau réseau est récusée par le secrétaire d’État aux nouvelles Technologies, Cedric O, qui déclare au journal le Monde « Il faut être très clair : la 5G, c’est plus de débit, mais moins de consommation énergétique ». N’étant pas spécialiste, je me garderai bien de trancher sur la question ! Peut-être que la technologie française est en avance sur la chinoise et que ses outils 5G consomment moins ! Va savoir ! De nombreux organismes de la presse écrite ou audiovisuelle essaient d’élucider la question dans ce qu’ils appellent avec élégance des « Facts checking ». C’est assez confus et contradictoire, si bien qu’à la fin, on n’est guère plus avancé qu’au début. Je vous conseille pourtant la lecture de l’un d’eux dont le titre m’a accroché : « Non ! La 5G n’est pas la cause de l’épidémie de coronavirus ! » Encore heureux !

La 5G n’est pas la fin du processus !

Tous les 10 ans, environ, on change de génération de matériel. La 6G est déjà en route. Elle devrait être 100 fois plus rapide que la 5G et couvrir tout le territoire de la Terre à partir d’une diffusion satellite. Fini les zones blanches ! Plus possible de se garer ! Les grands électrosensibles ne pourront même plus revendiquer le mode de vie Amish. Pour être protégés des ondes, ils devront s’enterrer dans des grottes et vivre comme leurs ancêtres les hommes préhistoriques ! Le sacro-saint streaming vidéo qui représente plus de 60 % du trafic sur Internet pourra adopter le débit de diffusion stratosphérique de 100 Gb/ps ! Au fait, pourquoi faire ?

Comme pour son réseau 5G, la Chine caracole en tête. Elle a déjà mis en orbite un satellite 6G autour de la terre pour étudier l’interaction de ses réseaux térahertz et les interfaces radio du sol intégrant l’intelligence artificielle. Selon la China National Intellectual Property Administration, la Chine posséderait 35 % des brevets mondiaux nécessaires au développement de cette nouvelle technologie. Comme elle l’a déjà fait pour la 5G elle entend définir les normes mondiales de la 6G. Cette fois-ci, elle ne pourra plus guère compter sur la passivité des États-Unis et des états qui lui sont associés comme l’Europe. Cette guerre commerciale et industrielle a pour enjeu rien moins que l’hégémonie sur le Monde. Dans ces conditions, les effets collatéraux sur la santé publique n’ont qu’un poids symbolique dans la balance !

Ces nouveaux réseaux, très performants du point de vue du débit des informations transportées, préfigurent la fin de la fibre optique en même temps que la multiplication des objets connectés directement sur les antennes des Opérateurs. Il semble vraisemblable que ces innombrables objets, dans les domiciles, dans le cadre de la vie quotidienne, dans les moyens de transport,, sur le lieu professionnel, seront plus polluants que les antennes elles-mêmes qui font pourtant si  peur aux élus de proximité ! Que va produire cette multiplication des ondes en tous sens sur la santé des populations ? Personne n’en sait rien ! Comme d’habitude, on découvrira les problèmes « en marchant ! »

Après Lille, très probablement, les villes récalcitrantes tomberont-elles les unes après les autres.

La volonté de quelques élus et organisations écologistes ne pèsent pas lourd face à la puissance médiatique des Opérateurs de télécom et au soutien qui leur est affiché au sommet de l’État. Il semble que rien ne pourra arrêter cette fuite en avant techno-scientiste tellement les enjeux, commerciaux, industriels, militaires et de pouvoir sur le Monde sont importants. À côté, les impératifs de santé publique, ne sont qu’une goutte d’eau ! Combien y a-t-il d’hyper électrosensibles (EHS) en France ? C’est difficile à dire, dans un contexte où la désinformation, le flou et la polémique dominent le débat ! Les chiffres les plus bas parlent de 2 % ; les plus hauts annoncent 15 % Ce n’est pas la même chose !

Le chiffre de 4 à 5 millions d’EHS – tous cas confondus – semble assez vraisemblable pour rendre compte de la situation actuelle. Combien seront-ils dans 10 ans ? 10 millions ? 15 millions ? Plus ? Moins ? Il semble que le lobby des électrosensibles risque de monter en puissance ! À côté, celui des chasseurs, pourtant si bien en cour actuellement, fera « petit bras« . Il n’est pas exclu que cette pollution par les ondes devienne le grand scandale sanitaire du XXIe siècle. Il est même possible que quelques « lampistes » – à huile, bien entendu – soient condamnés sévèrement… quoi que cela n’ait rien de certain. Il est peu probable que les choses changent de manière fondamentale. Nous allons vers une époque tendue. Dans ce domaine des ondes, comme pour celui du climat qui commence à produire des catastrophes, en Allemagne, au Canada et dans bien d’autres pays, le Monde, poursuit sa fuite en avant. Il ne sait pas où il va, mais il y va… inexorablement

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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