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Antoine Parmentier, ou bien Jeanne Parmentier ? La rue Parmentier se féminise !

Colette Hallynck, Conseillère déléguée à la mobilité durable

Le prochain conseil municipal du jeudi 9 février a inscrit à son ordre du jour la transformation du nom de la rue « Parmentier » en « Jeanne Parmentier ». La documentation de cette décision a été confiée à Colette Hallynck, Conseillère déléguée à la mobilité durable, qui a planché sur la question pour mieux instruire ses collègues.

La rue Parmentier est une très vieille rue de la commune. Le Parmentier de la rue éponyme est bien entendu Antoine Parmentier (1737-1813), Picard de Montdidier (80), connu pour avoir introduit dans la France de Louis XVI la culture de la pomme de terre. Quant à Jeanne Parmentier, elle a vécu dans une époque bien plus récente. Elle arrive à Mons-en-Barœul à la fin des années 1930. Elle y devient la patronne du café de la Mairie. L’endroit existe toujours. En 1941, elle rejoint le réseau « Voix-du-Nord » que viennent de fonder Jules Noutour et Natalis Dumez. Elle devient le chef de la Résistance locale. Ce groupe, de deux cents personnes environ, va s’illustrer par son action résolue pendant l’Occupation et son combat pour la libération de la ville. Jeanne va faire du café de la Mairie, surnommé « La Baraque », une plaque tournante de la Résistance métropolitaine. C’est le point de passage des aviateurs anglais abattus, qui cherchent à fuir la France et retourner au combat. C’est aussi le lieu où convergent les renseignements militaires à destination de Londres, c’est là qu’est organisée la distribution du journal clandestin pour plusieurs communes. Jeanne ira même jusqu’à imprimer plusieurs numéros de « La Voix du Nord » dans le grenier du café de la Mairie.

Ces activités alertent la « Gestapo ». Jeanne qui ne sent plus en sécurité à Mons, déménage dans un appartement discret de la rue Masséna, à Lille. Mais, elle sera arrêtée en septembre 1943, puis déportée en Allemagne en 1944. Elle connaîtra les camps d’extermination de Ravensbrück et Mauthausen. Elle reviendra vivante, usée par la déportation Elle meurt prématurément en 1955.

Cette biographie, Colette Hallynck la connaît bien. Elle a consulté tous les textes disponibles et constitué un dossier très documenté qui va lui permettre de défendre la cause de la Résistante auprès de ses collègues du Conseil municipal. Elle est ravie qu’on lui ait confié ce travail : « C’est important de montrer le rôle des femmes dans les circonstances difficiles et surtout leur courage », témoigne-t-elle. « Jeanne Parmentier a su diriger un réseau de résistance avec beaucoup d’efficacité et de légitimité. ». « D’une façon générale », poursuit-elle, « il y a très peu de femmes qui ont donné leurs noms à des rues monsoises. C’est une première étape et peut-être une piste pour des rues futures de la ville. » La commune a aussi sollicité sur Facebook les avis des riverains. Beaucoup sont favorables mais l’un d’entre eux proteste : « Vous avez que cela à faire à la mairie ? Nos impôts servent à cela ? » Une autre riveraine, courroucée, lui répond : « Cela n’est pas cher payé pour la mémoire de personnes qui ont fait de leur vie un engagement pour tous ! » 

Dans l’ensemble, les autres avis sont très favorables à cette féminisation de la rue et à ce changement d’époque évoquant les heures glorieuses de la résistance monsoise. Il semble qu’il y ait également un consensus de l’ensemble du conseil municipal pour effectuer ce changement. La décision sera prise jeudi prochain.