Views: 0
J’ai testé pour vous – ou presque – l’incendie volontaire de mon véhicule automobile
J’habite un quartier peinard… en tout cas réputé comme tel, en plein centre du bourg historique.
Il s’y passe probablement moins d’événements désagréables du type, incendie de poubelles, rodéo ou autre que dans d’autres endroits. Mais, même là, on n’est pas à l’abri d’événements fâcheux. Cette nuit, vers une heure du matin, me voilà réveillé par des explosions. Presque en même temps, on frappe à ma porte et on sonne avec insistance. Je vais voir de quoi il s’agit. Par un judas pratiqué dans la boiserie, je reconnais une voisine. J’ouvre ma porte, pour pouvoir mieux communiquer. C’est une manœuvre compliquée ! Il y a quelques mois, la mode était d’enfoncer les portes avec un instrument genre pied-de-biche et même, parfois, à coup d’épaule pour voler les clés de voitures, l’argent et les menus objets. Ces intrusions en pleine nuit ont provoqué des peurs bleues chez les propriétaires qui en ont été victimes. Chacun a essayé d’inventer sa stratégie pour s’en prémunir. Je connais un habitant de ma rue qui a fait sceller de grands crochets de fer dans les murs de sa maison. Le soir, pour condamner sa porte, il y glisse de solides barres en acier avant d’aller se coucher. Ce n’est pas esthétique mais c’est totalement inviolable !
Une petite dame, rencontrée à la laverie automatique,
m’a fait part du système qu’elle avait mis en place. Le soir, elle coince sa porte à l’aide d’un balai qui s’appuie sur le renfoncement du sol destiné à accueillir le paillasson ! Pas bête, l’idée ! Mais avec les manches à balai chinois en mauvais bois fin, à peine plus résistants que des allumettes, un bon coup d’épaule, et hop ! la porte s’ouvre ! Mes origines campagnardes m’ont soufflé une amélioration de ce dispositif ingénieux. J’ai remplacé le balai par un manche de pioche, choisi avec soin, au diamètre imposant, dans un bois traditionnel. Quand ma porte est bloquée avec mon manche de pioche rural, à part détruire le battant à la hache, on n’entre plus ! Imaginez l’impression faite sur ma voisine de voir ce grand type en pyjama, échevelé, hirsute, avec un gros manche pioche à la main ! La voisine a fait celle qui n’avait rien vu : c’est une dure à cuire !
« Allez-voir rue Henri Poissonnier » m’a-t-elle dit, « il y a plein de voitures qui brûlent à côté de la vôtre ! »
– « Et la mienne ? Elle brûle aussi ? »
– « Pas pour l’instant mais le feu se transmet de voiture à voiture ».
Un brin chafouin, j’enfile un anorak pour me prémunir du froid
qui, malgré la chaleur de l’incendie, est estimé à -7 °C. La voisine m’avait bien dit la vérité ! J’arrive sur les lieux où les pompiers s’attaquent alternativement, avec de la neige carbonique, à trois véhicules en feu. Quand l’un s’éteint, l’autre se rallume et il faut recommencer ! Tout à fait admirable, le travail des pompiers ! S’ils n’étaient plus là, ce serait l’enfer ! Je ne comprends pas bien cet acharnement à réduire leurs moyens, pas plus que ceux qui les accueillent à coups de pierres… probablement les mêmes que les incendiaires d’un soir. Dans des moments comme celui-là, j’ai un peu honte de mon pays qui gère les problèmes à travers des discours dans les médias mais beaucoup moins sur le terrain concret de la vie des gens.