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Portraits croisés (d’Histoire), 1915-2015, le fort Macdonald (59370)

1915

Ce dessin d’un soldat bavarois, F. Kaiser, a été réalisé le 8 avril 1915. Il a bien pris soin de préciser, avec la date, le lieu représenté : « Fort de Mons-en-Barœul – Lille ». La guerre terminée, ce soldat, de retour au pays, va faire une carrière de peintre et de dessinateur. Il nous reste cette image du Fort Macdonald pendant la Grande guerre. À cette époque, l’antique bâtiment militaire de la fin des années 1870, était une prison. Il servait à enfermer les prisonniers civils des villes de Lille, Hellemmes et Mons-en-Barœul. Certains d’entre-eux étaient même dépêchés sur le front pour y effectuer des travaux périlleux, sous la menace des obus français et britanniques. Mais, le fort monsois était d’abord une prison militaire. L’armée allemande y incarcérait les soldats de l’armée britannique, faits prisonniers lors des combats dans les régions d’Arras et d’Armentières. Il y avait aussi là, un petit contingent de soldats portugais. Ces prisonniers subissaient un régime sévère. Ils appelaient ce Fort Macdonald « Le Trou noir. » Ainsi, ce bâtiment, conçu pour qu’on ne puisse pas y pénétrer avait-il trouvé une nouvelle raison d’être dans ce lieu d’où il était devenu impossible de sortir !

2015

Un siècle lus tard, à la fin de juillet de l’année 2015, pour réaliser cette photographie, il est devenu nécessaire de se lancer dans un parcours périlleux. Le bâtiment est masqué par la végétation. L’endroit, à flanc de pente, d’où on peut voir le bâtiment est d’un accès difficile. Le sommet du Fort, ras en 1915 , a vu le développement anarchique d’arbres et d’arbustes de toutes tailles. On trouve difficilement l’endroit à partir duquel on aperçoit la porte qui est dans le prolongement du pont, seule voie d’accès au bâtiment. Les différents dispositifs de ventilation et les puits de lumière destinés à éclairer les installations, présents en 1915 sont désormais complètement masqués. Les racines des arbres qui ont poussé au sommet vont finir par s’attaquer à la structure du bâtiment. La mairie, propriétaire des lieux, pour sauver l’édifice, va devoir les faire abattre… de telle sorte que cette image de 2015 est désormais devenue, elle aussi, une image d’Histoire…

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