Charly est désormais le dernier témoin de la Résistance à Mons-en-Barœul (59370)

Charly est désormais le dernier témoin de la Résistance à  Mons-en-Barœul (59370)

Le 2 septembre 1944, le groupe des combattants issus du mouvement Voix du Nord va mobiliser 200 hommes pour libérer la ville et participer aux combats dans les communes d’alentour. Ce sera le dernier épisode d’une aventure, débutée le 1er avril 1941 avec la parution du journal éponyme. Désormais, Charly Wilson, 94 ans, bien sonnés, est le dernier à avoir connu cette époque. Cette période reste à jamais gravée dans sa mémoire.

Charly Wilson, jeune FFI en septembre 1944.

Septembre 1944, marque l’épilogue de la dure période d’Occupation de la seconde Guerre mondiale dans la région lilloise.

Charly a 18 ans : déjà une année de Résistance ! Son père, sujet britannique, est interdit de travail par les Allemands qui suspectent tous ceux qui ont un rapport avec l’Angleterre de leur être hostiles. Charly, doit gagner sa vie. À 15 ans, il débute comme mécanicien dans un garage lillois. Lors de ses déplacements en ville, il côtoie les soldats du Reich. Il ne les aime guère : « La Kommandantur se trouvait dans la Chambre de commerce de Lille.  Il y avait un grand drapeau avec une croix gammée. Ils exigeaient qu’on se mette aux garde-à-vous, à leur passage. Celui qui tardait à le faire recevait aussitôt des coups de matraque ». Ce n’est pourtant pas pour cette raison qu’il va rentrer si tôt dans la Résistance, mais plutôt par curiosité. Son père, depuis le début de la guerre a pris l’habitude de disparaître du domicile familial pendant de longues heures.

À son retour, invariablement, il fournit la même explication : « Je reviens du cimetière ». Les Allemands n’avaient peut-être pas totalement tort de se méfier d’Alexander Wilson, ancien sous-officier pendant la première Guerre mondiale d’un régiment écossais de sa gracieuse Majesté. Alexander avait adhéré, dès 1941, au réseau Voix du Nord qui venait de se constituer en ville sous la direction de Jeanne Parmentier. Ancien cadre dans une usine, à Croix, une commune voisine, il est au courant de tout ce qui se fabrique dans le secteur. Son avis est précieux pour désigner les entreprises ou les nœuds ferroviaires que Londres va pouvoir bombarder. Charly insiste pour accompagner son père dans ses escapades quotidiennes : « À force de l’embêter, en 1943, il a accepté de m’emmener avec lui. J’ai compris ce que voulait dire « aller au cimetière ». C’est là qu’habitait Henri Prévost, un policier. Il était le chef de la Résistance à Mons. J’ai commencé à faire des petits boulots pour le réseau. Je partais à vélo avec mes Voix du Nord cachées le mieux possible et j’allais les livrer dans le Pas-de-Calais, du côté de Moyenville. C’était toujours avec beaucoup d’appréhension et d’émotion que je croisais les gendarmes ».

En 2014, pour les 70 ans de la Libération :, Charly a gardé son brassard de FFI de 1944.

Cette aventure des années 1943-1944 aurait pu très mal se terminer pour l’ancien sous-officier de l’Armée britannique et son fils.

Un jour, des Résistants du Tri-postal débarquent à leur domicile avec une lettre qu’ils viennent d’intercepter. C’est une dénonciation anonyme qu’un voisin a adressée à la Gestapo. Alexander et Charly, poursuivent leur tâche non sans une certaine inquiétude.

Le 2 septembre 1944 est un grand jour pour la Résistance locale. Les Allemands se replient en désordre. Des convois de matériels militaires et de blessés, s’échappent par la route de Roubaix en direction du Nord. Les Résistants locaux investissent le Fort de Mons et tous les lieux publics, au premier rang desquels se trouve la mairie : « Nous nous étions installés au premier étage. On avait des armes et une caisse de grenades. À un moment, venant de Lille, passe un convoi de camions allemands, chargé de blessés. L’un des jeunes se saisit d’une grenade. Mais notre chef, Henri Prévost, lui a ordonné d’arrêter. Le massacre d’Ascq était encore dans toutes les mémoires. Le convoi est passé. Il a été accroché par un groupe de FFI, du côté de la brasserie. C’est à cette occasion qu’Adrien Vallet, un jeune camarade, Résistant comme moi, est mort, fauché par une rafale de mitraillette ».

Chaque année, le jour de la Toussaint, Charly qui habite une ville maritime de la Côte d’Azur, remonte dans le Nord où se trouve la tombe de ses parents. Il n’oublie jamais d’amener une fleur et de se recueillir devant le monument de son ancien camarade.

Après la guerre les FFI de Mons en Baroeul devant le monument aux morts.

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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