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Emmanuel Macron part en Guerre contre les Ondes et les Ecrans

A l’occasion de l’année nouvelle, l’exercice annuel de prise de parole présidentielle s’est aventuré sur le sujet des effets toxiques des Ondes et des Ecrans sur la population… particulièrement les jeunes. Qui l’eût cru !

Je dois avouer avoir un problème avec les allocutions de l’actuel président de la République. Elles sont si nombreuses, sous les moindres prétextes et surtout si longues, que les écouter prend beaucoup de temps dans la vie d’un homme. Emmanuel Macron, qui fut premier prix d’éloquence du temps de sa scolarité à La Providence, un établissement catholique d’Amiens, a pris goût à l’exercice. A part le regretté Fidel Castro, « Lider Maximo » de Cuba, personne ne lui arrive à la cheville par la fréquence et la durée de ses discours. Au tout début je suivais le show de l’OVNI politique comme la plupart des gens.

Mais j’avais quand même du mal.

Le lexique de l’orateur demande beaucoup de connaissances dans des domaines très différents. « Galimatias, poudre de Perlimpinpin, carabistouilles, croquignolesque, saut de cabri » et même « pique-bœuf de l’hippopotame » me sont familiers : ils me rappellent ma grand-mère. Pour les locutions latines tirées des pages roses du dictionnaire ou du droit canonique, c’est déjà plus coton : « in petto, in fine, in causa venenum, captatio benevolentiae, pacta sunt servanda. » Jusque- là, ça irait. Mais l’auguste locuteur pousse son élitisme lexical plus loin encore en remplaçant chaque fois que c’est possible le vocabulaire français par des mots anglais : « race to the bottom, bottom up, startup nation, France is back, monitoring, business friendly, shadow banking, free riding, hub, gap, device… »  Quand il parle, les phrases tombent bien, l’orateur est convaincu, mais cela ne fait pas de cinéma dans ma tête. De telle sorte que j’ai pris l’habitude de zapper les discours d’Emmanuel Macron. Lorsqu’on m’a dit qu’il avait abordé le thème des méfaits des écrans et des ondes, mon petit cœur d’électrosensible s’est déchiré et j’ai eu quelques regrets. J’ai consulté les Gazettes pour savoir de quoi il s’agissait. 

« Je veux reprendre le contrôle de nos écrans qui trop souvent enferment là où ils devraient libérer », aurait-il déclaré aux représentants de la presse. « Sur la base des recommandations des experts que j’ai réunis la semaine dernière nous déterminerons le bon usage des écrans pour nos enfants… dans les familles à la maison comme en classe parce qu’il en va de l’avenir de nos sociétés et de notre démocratie. » Honnêtement, dire les choses mieux que cela serait insupportableBien sûrcroisons les doigts (cross the fingers), pour que ces belles paroles se transforment en actes. Le président Emmanuel Macron, pourrait s’inspirer du candidat Macron Emmanuel, qui, avant le premier quinquennat, en 2017, avait inscrit dans son programme l’interdiction des téléphones portables au collège pour « protéger nos élèves de la dispersion ». 

Une fois élu, très logiquement, son nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, rappelle que « L’usage des téléphones portables est interdit en classe » et promet de « faire respecter les valeurs de la République ». Malheureusement, la suite de l’histoire n’a pas été à la hauteur de ce qui avait été promis. Si la loi du 3 août 2018 affiche sa volonté d’encadrer l’usage du téléphone au sein des établissements, elle ne prévoit pas pour autant d’interdire sa possession.

La confiscation est une sanction exceptionnelle, du ressort exclusif du chef d’établissement…

à condition d’être mentionnée par le règlement intérieur. Un professeur qui confisque un téléphone portable quel que soit le motif peut être mis en cause. La famille peut se retourner contre lui sous prétexte de sa dégradation. Ainsi, une mère de famille demande à « Magic Maman », une publication dédiée à la famille un conseil. La question posée est : « Que puis-je faire si un professeur confisque le smartphone de ma fille ? ». Voici la réponse de « Magic Maman » et de son Conseil, Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation et droit des enfants : « Je vous conseille de demander, par courrier, au chef d’établissement de vous restituer l’appareil en lui rappelant qu’il en a l’entière responsabilité en tant que gardien durant la confiscation en cas d’éventuels dysfonctionnements, dégradations ou utilisation frauduleuse. Vous adressez également copie de votre courrier au directeur académique des services de l’éducation nationale. Vous pouvez également rappeler que le fait de confisquer le téléphone portable de votre enfant, à titre de sanction, porte atteinte à votre droit de propriété et n’est autorisé par aucune disposition du Code de l’Education. » 

Naturellement, interdire par la loi les écrans à l’école ne va pas de soi. Les propriétaires des médias omniprésents et omnipotents sont également ceux des opérateurs des ondes (Xavier Niel : Le Monde, presse régionale, Free ; Martin Bouygues : Bouygues télécom, TF1, LCI ; Patrick Drahi : SFR, Numéricâble, Libération, I24 News, RMC, BFM ; les autres, Orange, Vincent Bolloré, Bernard Arnault, etc. partagent la même philosophie et les mêmes intérêts. L’actualité est très éclairante sur les effets concrets de la loi du 3 août 2018, dans les établissements scolaires. 

En septembre 2022, à Marseille (XIe arrondissement), le principal confisque le smartphone d’une collégienne de 13 ans. Immédiatement elle sort son couteau et menace le chef d’établissement. Fin décembre 2023, à Cholet, un élève frappe son professeur de mathématiques à coups de pied. Motif : ce dernier a manifesté l’intention de confisquer le smartphone avec lequel il pianotait pendant le cours. Au mois d’octobre, à Carpentras (Vaucluse), après plusieurs sonneries intempestives, le professeur de français confisque le téléphone d’un élève de 14 ans. Le père lorsqu’il vient le récupérer menace quiconque s’aviserait de confisquer à l’avenir le téléphone de son fils de « l’égorger ». Des histoires comme celles-là, on en trouve des dizaines, chaque mois, dans la rubrique faits-divers des journaux sans compter celles qui échappent à la presse.

Cela veut-il dire qu’on ne peut rien faire pour mettre un terme à cette situation ? Certains exemples démontrent le contraire. La Suède, l’Irlande, la Corée du sud commencent à se poser de sérieuses questions. Même la Douma russe (janvier 2024) vient de prendre une décision radicale : l’interdiction des smartphones dans les établissements scolaires. Voici le commentaire d’Oleg A. Grigoriev, président du Comité national russe sur la protection contre les rayonnements non ionisants, docteur en radiobiologie, l’un des scientifiques à l’origine du texte : « L’interdiction de l’utilisation des téléphones portables dans les cours a été incluse dans la loi sur l’éducation afin de réduire le risque pour la santé des enfants d’un complexe de facteurs nocifs des technologies de l’information et de la communication, parmi les sources de risque, en premier lieu, est le téléphone cellulaire. » Il n’échappera à personne que la France n’est pas la Russie où les oligarques frondeurs courent là-bas de graves dangers tandis que le président Emmanuel Macron est bien trop civilisé pour imiter les méthodes de son homologue de la Fédération de Russie.

L’addiction des élèves aux écrans est un obstacle que certains considèrent comme insurmontable.

La proposition du président Macron suscite autant l’approbation que la critique. Ainsi un grand journal régional du nord de la France recueille-t-il les avis « pour » et « contre » dans un format à la Ponce-Pilate, enseigné dans les écoles de journalisme et qui permet de remplir les pages du journal sans se « mouiller ».

Parmi les défenseurs du président, on trouve Michel Desmurget, docteur en neurosciences, chercheur au CNRS et auteur de« La Fabrique du crétin digital » – tout un programme

– :« Gabriel Attal avait eu le courage de mettre le sujet sur la table. Le président prend le relais, je m’en félicite. Mais, il était temps. À Taïwan, vous écopez de 1 500 euros d’amende si vous donnez votre smartphone à votre enfant qui pleure dans sa poussette. C’est considéré comme de la maltraitance. Si on avait un virus qui s’attaquait à tous les modes de développement de l’enfant tel que le font les écrans – le sommeil, le développement intellectuel, les résultats scolaires, l’obésité, la sédentarité, l’espérance de vie –, il y aurait une armée de chercheurs pour essayer d’éradiquer ce virus. Or, là, tout le monde s’en fout. C’est un peu comme tous les problèmes de santé publique, on commence par dire que c’est des conneries. Ça a été le cas avec le tabac, les pesticides, l’amiante, le réchauffement climatique. Et puis tout le monde finit par reconnaître qu’il y a quelque chose, et certains continuent à dire que ce n’est pas si grave…Un consensus scientifique existe davantage qu’on veut bien le dire pour affirmer que les écrans ont des effets délétères importants. Après, vous trouverez toujours des gens contre ou des études orphelines.Ça ne me choquerait pas que l’on interdise les réseaux sociaux avant un certain âge. Mais je souhaiterais surtout que l’on informe véritablement les parents sur les graves dangers des écrans. Et que l’on mette les plateformes au pied du mur sur la question du cyber-harcèlement. Enfin, je trouve effarant qu’on n’arrive pas à faire respecter l’interdiction de l’accès des enfants à des images pornographiques et violentes. »

L’avis contraire est formulé en stéréo par Séverine Ehrel, maître de conférences en psychologie cognitive et ergonomie, et Anne Cordier, professeur en sciences de l’information et de l’éducation, autrices de « Les enfants et les écrans » : « Le président a raison de s’intéresser à cette question. En revanche, il n’y aura pas de consensus scientifique sur les effets des écrans via cette commission. Le sujet est mal posé car on part du principe qu’il y a un problème et même un problème sanitaire puisque l’un des deux coprésidents est psychiatre-addictologue. Je m’étonne qu’il n’y ait aucun chercheur en sociologie ou anthropologie des usages dans cette commission. En posant la question de la sorte, le président nourrit le contexte alarmiste et fantasmatique autour des écrans. » « Il peut y avoir des usages délétères mais aussi des pratiques émancipatrices et intellectives des écrans. » « Il faut prôner un usage raisonné. Il faut passer par des restrictions sur l’accès aux contenus hyper-violents et pornographiques, même si visiblement, on n’y arrive pas. Mais sur l’accès aux réseaux sociaux et à l’information, il faut accompagner et éduquer. » « Condamner les outils ne sert à rien. » « Et la situation est loin d’être aussi grave que tout le monde veut bien le penser. J’ai un peu envie de leur dire : des fois, c’est vous le vieux monde. Ils sont en train d’avoir peur d’un monde qui de toute façon va avancer sans eux. » 

Le « réarmement de la France » contre la dictature des écrans voulu par le président de la république trouvera sur sa route le puissant lobby des Ondes, la France des jeunes et des moins jeunes, addicts, et leurs accompagnateurs (trices). Bref, ce n’est pas gagné !

Il y a un autre passage de l’allocution de l’an nouveau de l’année 2024 qui concerne les ondes et les champs électromagnétiques. C’est celui du taux de fécondité dans la population française. Ainsi, il déclare : « un grand plan pour lutter contre le fléau de l’infertilité… L’infertilité, masculine comme féminine, a beaucoup progressé. C’est le tabou du siècle. Il faut entreprendre un réarmement démographique.  Un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé. » Il est effectivement temps de prendre en compte ce phénomène d’augmentation du taux d’infertilité qui ne cesse de croître.

La situation française ne cesse de s’aggraver.

Avec une moyenne de 1,84 enfant pour un couple elle n’est cependant pas la plus mauvaise élève de la communauté européenne, 1,46 en Allemagne et 1,2 en Italie ! Que dire de la Corée du Sud, 0,78, qui, si cette tendance se poursuivait, verrait sa population divisée par deux à la fin du siècle ! Mais, pour autant, la situation de la France est préoccupante. La veille de l’allocution du président, l’Insee publiait une dernière statistique montrant une baisse de 6,6% du nombre des naissances en France en 2023 par rapport à l’année 2022. Une étude de 2017 portant sur la période 1973 -2011 révélait que la concentration des spermatozoïdes a diminué́ de plus de 50 % en moins de quarante ans chez les hommes occidentaux (Amérique du Nord, Europe, Australie, Nouvelle-Zélande). Quelle curieuse coïncidence ! Le professeur Samir Hamamah chef du service biologie de la reproduction au CHU de Montpellier, celui qui a inspiré la communication du président Emmanuel Macron, analyse les causes du problème. Il pointe les perturbateurs endocriniens, les phyto-estrogènes qui pullullent dans notre alimentation, l’exposition aux produits reprotoxiques, le surpoids, l’obésité, le diabète, la pollution de l’air, le tabac, l’alcool, le cannabis… Nulle part dans son texte on ne trouve la moindre allusion aux champs électromagnétiques (smartphones, wifi, antennes relais, objets connectés etc.) dont le développement a été exponentiel depuis les années 1970. On pourrait en être surpris. Cela illustre à quel point les milieux médicaux français, majoritairement électro-sceptiques, s’alignent sur les thèses de l’ICNIRP et affidés reproduites par la presse généraliste ou spécialisée. 

En Suisse, les médecins se sont révélés plus suspicieux. Des chercheurs de l’Université de Genève ont réalisé une étude sur la qualité du sperme des jeunes hommes dans le pays. Verdict : seuls 38% des Suisses ont des paramètres spermatiques conformes aux normes établies par l’OMS.

On constate aussi que ce déficit est corrélé par une augmentation du cancer des testicules (Revue Andrology). Poussant plus loin, l’équipe a compilé les données de 2886 hommes jeunes – entre 2005 et 2018 – sur leur usage du Smartphone. Résultats : plus un homme utilise son téléphone portable, plus son sperme sera pauvre en spermatozoïdes (Revue Fertility & Sterility). Chez le groupe d’hommes qui n’utilisent pas leur téléphone plus d’une fois par semaine la concentration est de 56,5 millions de spermatozoïdes par millilitre, mais ; 44,5 millions pour les hommes qui se servent de leur mobile plus de 20 fois par jour, soit une baisse de la concentration de 21%. Cette publication a fait grand bruit en Europe où ce genre d’étude est interdite de fait. Forte de ce succès l’équipe helvète a décidé de poursuivre ses travaux avec un panel beaucoup plus important et une application qui permet aux participants de renseigner les questionnaires directement depuis leur smartphone, simplifiant la phase de recueil des données. Les histoires suisses sont parfois plus savoureuses que les histoires belges ! A dire vrai l’action néfaste des Ondes sur les statistiques de la fertilité masculine est un secret de Polichinelle. D’autres études antérieures, il est vrai portant sur un panel moins important, avaient conclu que le smartphone provoque la stérilité masculine soit par l’abaissement du taux de spermatozoïdes, soit à cause de la détérioration de leur structure par les champs électromagnétiques, soit les deux ! Il y a de toute évidence une piste à creuser de ce côté pour améliorer la situation française.

Peut-être, dans son allocation de 2025, le président de la République pourrait-il développer ce volet, pour le coup réellement « tabou ». Il pourrait y adjoindre le développement du nombre de personnes électro sensibles (5% en 2018 selon l’ANSES, plus de trois millions, soit une multiplication par 1000 en dix ans). Il pourrait s’inquiéter de la montée en flèche des cas d’autisme, environ un cas sur neuf naissances en Europe. Il pourrait enfin s’atteler à l’explosion des cas d’Alzheimer, dont ceux qui ont réellement étudié la question craignent que la surexposition aux ondes depuis le plus jeune âge ne se solde par de graves problèmes de santé pour les nouvelles générations. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, a-t-on vu apparaître, il y a deux ans, un nombre significatif de cas d’Alzheimer aux Etats-Unis chez les patients de 30 à 40 ans. En France, ce sont quelques adolescents de 13 à 15 ans atteints par cette pathologie qui interrogent. Du jamais vu ! L’équipe médicale qui les suit suspecte que la cause puisse avoir été la présence permanente de leur smartphone, sous l’oreiller, pendant toute la nuit. Le mille-feuille des ondes ne cesse de croître sans aucun principe de précaution. L’exposition aux ondes hautes-fréquences est aujourd’hui un trillion de fois supérieure à la situation des années 1950 ! De nouvelles technologies émergentes comme la 5G ou la voiture électrique vont encore amplifier le phénomène. Si on veut s’atteler à la réduction des nuisances des écrans et des ondes sur la santé des gens, il y a beaucoup de travail.

Un sujet voisin au thème développé par Emmanuel Macron :

Nos ados sont-ils en train de devenir mabouls à cause de leur Smartphone