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Grâce au LAM de Villeneuve-d’Ascq, trois architectes monsois passent leurs vacances à la ferme sans quitter leur bureau.
Depuis huit ans, le cabinet d’architectes Navarro – Levieuge s’est installé rue du général De Gaulle à la place d’un magasin de plomberie.
Il s’agit d’un choix délibéré. Pourquoi un cabinet d’architectes ne serait-il pas une boutique directement accessible comme peut l’être une boucherie ou une boulangerie ? Ainsi, on le devine, les architectes de ce cabinet travaillent surtout pour les particuliers… mais, pas uniquement.
Trois d’entre eux, Franck Ghesquière, Gabriel Levieuge et Sébastien Loutreau viennent de terminer une commande très spéciale pour le LAM (Lille métropole musée d’art moderne d’art contemporain et d’art brut). Il s’agit d’un travail de plus de trois mois sur la ferme de la Menegate qui se trouve au bord de l’autoroute Lille-Dunkerque, au niveau de Steenwerck. On voit immédiatement que ce long travail collaboratif les a marqués : lorsque l’un commence une phrase c’est souvent l’autre qui la termine.
« Cette ferme de la Menegate, presque tous les habitants de la région la connaissent», entament-ils. « Elle fait partie de notre inconscient collectif avec ses fusées, ses avions ou ses canons pointés sur un adversaire imaginaire, c’est un objet onirique et baroque. En une seconde et demie, à 130 km/h, elle offre à l’automobiliste son spectacle fugitif. »
L’intérêt du LAM pour ce bout perdu de Flandre est double. C’est un lieu fragile dont il est important de garder la trace… en même temps c’est une reconnaissance de son propriétaire, Arthur Vanabelle, un disciple septentrional du facteur Cheval qui façonne son univers depuis un demi-siècle.
« Notre proposition a été celle d’effectuer un travail précis d’architecte, appliqué au lieu », poursuit le trio. « Pour réaliser notre maquette au 100ème, nous avons passé trois jours complets sur le terrain en compagnie d’Arthur. Nous avons mesuré, photographié, inventorié, repéré la place de chaque objet et sa logique de fabrication. Nous avons travaillé à la manière des archéologues qui découvrent avec la plus grande précaution un univers englouti. Nous avons réalisé, en quelque sorte, un Polaroïd de cette ferme dans l’état où elle se trouve aujourd’hui.»
Nos trois architectes ont eu le privilège de pouvoir pénétrer dans l’atelier d’Arthur.
Un bric-à-brac d’objets récupérés (vieux pots de peinture, ustensiles agricoles, objets improbables découverts au détour d’un chemin) et de vieux outils datant de plus d’un demi-siècle. « Nous nous sommes inspirés de sa façon de travailler », expliquent-t-ils. «Nous avons-nous-mêmes récupéré les vieux accessoires de bureau : une pointe de compas rouillé, par ci, une capsule de rubans de machines à écrire par là et transformé tout cela en canons en fusées, identiques aux originaux mais 100 fois plus petits ! C’était très ludique : aucune responsabilité juridique ou technique… de vraies vacances malgré les horaires chargés.»
Au-delà du pur travail d’architecte, nos trois compères ont particulièrement apprécié la personnalité d’Arthur : « Arthur est un rêveur qui a les deux pieds bien ancrés sur sa terre. Il est à la fois proche du monde de l’enfance et capable de se projeter dans un nouvel univers. C’est un personnage fantastique qui vit dans la plus totale liberté »u