« Les Tours America », le dernier grand projet de la ZUP de Mons

« Les tours America », le dernier grand projet de la ZUP de Mons

Cet ensemble d’immeubles de haute taille avait l’ambition de surpasser, par ses formes modernes et ses dimensions magistrales, les Tours de l’Europe, le projet phare du nouveau quartier. Le contexte économique allait rogner les ambitions de ses promoteurs. Ces tours America, furent le dernier grand immeuble construit dans le cadre de cette Ville Nouvelle, sortie de nulle part en une décennie.

Le projet d’origine du « Village Vertical America » : le promoteur prévoyait un immeuble de 37 étages

Au tout début des années 1970, au bord de la « Zone à Urbaniser », à la frontière de la commune de Villeneuve-d’Ascq, à deux pas du vieux Fort Macdonald, apparaît un nouveau chantier. Les immeubles en construction – les tours America – se veulent modernistes. Par ses formes et ses dimensions, la référence de ce programme est explicitement à chercher du côté des États-Unis, la patrie des gratte-ciels et de l’habitat vertical. Les Tours America sont aussi un clin d’œil aux Tours de l’Europe de l’architecte Henri Chomette, quatre immenses buildings culminant à soixante-et-onze mètres de hauteur. Les promoteurs de ce nouvel ensemble, « Brotons et Lizion », une entreprise normande, réputée pour construire des immeubles de très grande dimension, ont l’ambition d’élever l’un des cinq immeubles prévus à une hauteur de trente-sept étages !

Le chantier en 1973, ce type de construction modulaire pouvait atteindre des hauteurs considérables.

Face au chantier, était planté un panneau sur lequel on pouvait lire ces trois mots : « Village Vertical America ».

L’idée de construire un gratte-ciel, singulier dans ce paysage urbain, n’était pas allée de soi et les architectes avaient dû revoir leur copie pour que l’immeuble puisse obtenir le feu vert nécessaire au début des travaux. Mais, les promoteurs normands furent contraints de revoir leurs ambitions à la baisse. Ce ne fut pas en raison l’opposition aux grands immeubles d’une partie de la population, incarnée à Mons par le collectif « Halte au béton », qui commençait à s’exprimer, mais à cause de l’Etat.  Ce dernier, qui jusque-là était le moteur principal de ces programmes urbains, commençait à se libérer progressivement de leur financement, au motif que, selon lui, la crise du logement étant dépassée, il était légitime que les Français consacrent davantage de leur budget à leur logement, plutôt qu’à d’autres types de consommation. Ce changement de politique va contraindre les candidats– acquéreurs à recourir à des crédits bancaires, ou, dans le cas d’une location, à consentir des loyers plus élevés. Beaucoup de prétendants au logement ne sont plus éligibles à cause de leur salaire insuffisant. On continuera à construire en s’ajustant à la demande… mais, beaucoup moins !

En 1974, vu de la campagne de Villeneuve d’Ascq, le nouvel immeuble domine un paysage encore majoritairement rural.

Ce changement de doctrine va changer la face du Village Vertical America.

Au lieu des cinq immeubles prévus, on n’en construira plus que quatre. La tour, phare du programme, de trente-sept étages, n’en comportera plus que dix-neuf. Culminant à soixante-quatre mètres, elle sera sept mètres moins élevée que les quatre tours de l’Europe. Le centre commercial dessiné sur les plans ne sera jamais construit et le nombre d’appartements drastiquement réduit. Mais, cet ensemble des tours America, avec ses 666 logements abritant 1500 habitants sera malgré tout l’un des immeubles les plus importants de cette ZUP de Mons que l’on appelle aujourd’hui le Nouveau Mons. Commencée en 1972, la construction de ces Tours America sera achevée en 1974.

Les Tours America aujourd’hui.

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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