Michel Butor devant sa maison natale

Michel Butor

Michel Butor, 5 mars 2011, retour à la maison natale

Michel Butor, écrivain immense et mondialement reconnu, est né en 1926 au 139 de la rue du Général De Gaulle à Mons en Baroeul. Il y a vécu quatre ans avant de rejoindre Paris, de courir le monde et d’explorer de nouveaux genres littéraires.

Michel Botor« Je serais incapable de rédiger moi-même mon autobiographie », déclare-t-il dans « Curriculum Vitae »,. Je crois que je commencerais par «  je suis né le 14 septembre 1926 à Mons en Baroeul ». Je m’arrêterais assez vite car ce n’est pas ma façon d’être avec moi-même ». C’est toujours ainsi que, l’écrivain débute sa propre histoire … à quelques mots près. «Je ne l’ai jamais vu évoquer sans émotion et… érudition sa ville de naissance », écrit, à ce propos, Raphaël Monticelli, l’un de ses meilleurs amis. «   Je l’ai même entendu un jour tenir toute une partie de conférence, dans une université, sur le nom de Mons en Barœul, insistant sur la rareté de la forme « œu », dissertant sur le nom à travers l’histoire, nous remontant au moyen âge… Une légende…»

Pourtant, jamais auparavant, Michel Butor n’était revenu sur le lieu de sa naissance. Etait-ce un oubli ou l’attitude désabusée de celui qui a beaucoup voyagé, beaucoup vécu et acquis beaucoup de recul sur toute chose, y compris lui-même… lui, qui a écrit dans « Le Tombeau d’Arthur Rimbaud » :

Michel Butor devant sa maison natale
Michel Butor devant sa maison natale

La pluie tombe sur Charleville
des lycées vont porter mon nom

on fêtera l’anniversaire

de ma naissance et de ma mort
de savants universitaires
vont me traiter de tous les noms.

Mais ce 5 mars 2011, pour la première fois depuis 80 ans, l’écrivain était à nouveau devant le seuil de sa maison natale. Pour l’accueillir, il y avait de nombreux curieux, habitants le quartier ou venus de très loin ainsi qu’une nuée de journalistes avec micros, caméras et appareils photo. « On se croirait à Cannes ! » a commenté l’écrivain goguenard. «Cette maison est très grande et très belle. Elle est très bien entretenue. Dans mon souvenir elle était beaucoup plus petite. C’est étrange ! En général, lorsqu’on est petit, on voit les choses plus grandes en relation avec sa taille. Lorsqu’on découvre la réalité on est déçu ! Ici, c’est l’inverse ! C’est comme si je redevenais moi-même tout petit et que j’avais à nouveau quatre ans. Je suis très ému même si je fais tout pour ne pas le montrer ».

Michel Butor en grande discussion avec l'actuelle propriétaire
Michel Butor en grande discussion avec l’actuelle propriétaire

Ce projet un peu fou de ramener l’écrivain dans sa maison natale a germé, en 2009, chez les Amis de Michel Butor bientôt rejoints par les associations Eugénies, Lieux d’Être et Ass’Haut de Mons. Comme ils ne savaient pas que c’était impossible, ils l’ont fait pour le plaisir de nombreux Monsois dont Véronique Canivet, la propriétaire du 139. Elle avait étudié les textes sur la peinture de l’écrivain en préparant son diplôme de l’École d’Arts Décoratifs de Paris.

Plus tard, au Fort de Mons, le poète a été accueilli par Rudy Elegeest. «Ce moment de bonheur est un cadeau que vous nous faites Monsieur Butor», a entamé le Maire. « Vous n’avez pas simplement voyagé dans l’espace et dans le temps, vous avez aussi exploré tous les genres littéraires. Dans l’un de vos livres, le Génie du lieu vous avez montré ce qui est invisible derrière le paysage. Il y a certainement un génie du lieu de votre maison natale. Nous espérons que dans vos prochains écrits vous montrerez que vous êtes sensible à vos racines monsoises autant que nous sommes fiers que vous soyez né dans notre commune».

Vue du quartier de Michel Butor signée de sa main
Vue du quartier de Michel Butor signée de sa main

Pour le plaisir de Michel Butor et des spectateurs qui remplissaient quasiment la salle, il y a eu le film de Philippe Joannin, venu tout spécialement de Lyon, un programme poétique musical choisi par Dominique Sarrasin et accompagné par Fred Alan Ponthieux. Enfin est venu le temps des cadeaux : une aquarelle d’Eugène Kwiatowski, représentant la maison natale offerte par la municipalité et une valise Objet d’Art remplie de tous les cadeaux des amis de l’écrivain. En 2010, Michel Butor avait déclaré au quotidien La Voix du Nord : «Avant la guerre, je suis retourné voir cette petite maison, à l’organisation typiquement nordiste. Le petit Parisien que j’étais avait été frappé par l’enfilade des pièces et une salle à manger sans aucune fenêtre. J’ai deux vieilles sœurs. Je vais leur demander l’adresse. J’aimerais revoir cette maison où je suis né. Je veux boucler la boucle. »

En conclusion de cette cérémonie, de sa belle écriture, il a simplement ajouté sous ce texte : « C’est fait !».

Alain Cadet

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

Publications: 379

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