Michel Crinon, une vie de facteur à Mons-en-Baroeul, 59370

Michel Crinon, une vie de facteur à Mons-en-Baroeul, 59370

Michel Crinon a été le facteur du Haut, puis du Bas-de-Mons, de telle sorte qu’au bout de plus de trente années passées à distribuer le courrier, il a fini par être connu d’à peu près tout le monde dans les deux quartiers.

Dans le rue du Général-de-Gaulle.

Pour les Monsois, Michel Crinon

alias « le Facteur Michel », est devenu une véritable institution.  Il a distribué le courrier de la rue du Général-de-Gaulle pendant 29 ans, les numéros impairs jusqu’en l’an 2000, puis les numéros pairs jusqu’à l’année dernière. Beaucoup d’habitants de cette rue et de celles avoisinantes n’ont jamais connu d’autre facteur. Le « facteur Michel », c’était La Poste personnifiée… un symbole qui semblait défier le temps. Mais, ce premier mars 2022, il a fait valoir son droit à la retraite après plus de quarante ans de carrière dans l’administration postale. 

Si « le Facteur Michel », a jeté l’ancre dans cette commune de Mons-en-Barœul, dans la banlieue de Lille – et bien qu’il soit né dans le Nord, près de Denain – c’est un pur hasard. En 1981, François Mitterrand est élu Président de la République. Il crée de nouveaux postes de fonctionnaires dans différentes administrations. En 1982, Michel Crinon passe le concours des Postes. L’examen réussi, le voilà nommé d’office à Paris, dans un bureau de Poste de quartier. Il va y passer cinq ans. Puis il revient dans le Nord, au centre de tri de la gare de Lille. Mais, au bout de deux années supplémentaires, ce bureau ferme. Michel Crinon est muté à la Poste voisine de Mons-en-Baroeul. Il y travaillera, au tri, jusqu’en avril 1990, puis deviendra facteur, poste qu’il occupera jusqu’à la fin de sa carrière. 

Trente-deux ans de vie de facteur

cela permet de faire la connaissance de beaucoup de monde. Michel distribuait le courrier ordinaire et recommandé, récupérait les lettres des riverains… vendait des timbres. Il était un petit bureau de poste itinérant, à lui tout seul. Il aimait bien cette relation tissée au fil des ans, de rue en rue, de porte en porte. Les incidents étaient rares. On lui a volé son vélo deux fois. Une fois pour de vrai, par un jeune du Boulevard Napoléon. Alertés par la couleur jaune de l’engin, réservée à l’Administration Postale, des employés de Transpole, présents sur les lieux, se sont lancés à la poursuite du voleur et ont récupéré le bicycle administratif. Une autre fois pour de faux, quand deux sacripants d’âge mûr, l’avaient caché dans le couloir d’une maison de la rue du général de Gaulle ! 

Au cours de ces trois décennies, ses tournées de distribution ont évolué. Au début, on les changeait tous les dix ans, mais, ces temps derniers, c’était tous les deux ans ! Jusque dans les années 2010, les tournées étaient évaluées par un inspecteur muni d’un chronomètre. Désormais, tout est informatisé et en fonction des caractéristiques du terrain, de la nature du courrier, l’ordinateur définit tout seul le profil de la nouvelle « tournée ». 

Mais quelle que soit la façon de compter, il faut toujours en faire plus avec moins de moyens. Des quinze facteurs du début, il n’en reste plus que huit. Ainsi le temps théorique n’est jamais atteint dans la réalité. La durée des deux tournées – du matin et de l’après-midi -, s’allonge considérablement. Depuis le 22 juin dernier, le centre de tri de Mons ayant été supprimé, Michel le facteur, doit aller chercher tous les matins, le courrier au Tri de Villeneuve d’Ascq, la commune voisine – un quart d’heure à vélo – . Puis c’est la tournée du Haut de Mons…  suivie de celle du Bas-de-Mons, l’après-midi. Le métier de facteur est, selon l’aveu même de Michel Crinon, « un métier physique ». Pour autant, cela ne déplaît pas à l’intéressé. Il adore le vélo. L’été, pendant les vacances, il passe son temps à sillonner les campagnes boulonnaises avec sa famille… à vélo !

Le facteur est une race en voie de disparition…
Qui, à Mons, se souvient du facteur Rigaut ? Un sacré personnage !
C’était dans les années 50, il déboulait à l’angle du boulevard de la Paix et le spectacle commençait. Il affublait beaucoup de ses clients de sobriquets ou les interpellait :  – eh le boucher, viens- là que j’te débouche…- Dumoulin va vendre ton grain…- tiens v’là madame Marant… et il s’arrêtait pour se marrer…- madame Sassied bonjour… il posait sa serviette et s’asseyait par terre…Et comme ça tout le long du boulevard :- chez Tonneau : y’a pu d’pinard…
Tu parles si nous les mômes on se marrait bien, on le suivait en rigolant. 
Il avait en outre un vice, il chiquait et régulièrement il parsemait son trajet de jets de jus de chique. Facile de savoir s’il était déjà passé il suffisait de regarder l’état du trottoir. 
Une fois il est entré à la maison pour un mandat, ma maman confiante l’a fait pénétrer dans le séjour et lui a offert un p’tit verre. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qu’il lui fallait se laisser une petite place dans la bouche, alors il a craché sa chique sur le parquet ciré ! Les mandats suivants il les a réglés sur le pas de la porte. 

Quelle poilade…

Jean-Yvon Beulque

Je me souviens que « le facteur Michel » avait assisté à des spectacles Son et Lumière au Fort de Mons aux alentours de 2010. Quand il es rentré dans l’arène (les jardins de Thalie), je l’ai fait fait applaudir par le public qui l’avait reconnu, bien sûr !

Yvon Spriet

A l’occasion de sa retraite, nous lui faisons un livre d’or avec les témoignages de ses clients. N’hésitez pas à adresser le votre à michelpartenretraite@orange.fr Merci encore à M. Cadet pour l’article. Les filles de Michel

Elise Crinon

Je vous vous souhaite une bonne retraite et espère vous revoir lors d’une petite balade sur votre ancienne tournée.
Vous resterez pour moi mon unique facteur
.
Olivier Walbrou

C’est un bel hommage à Monsieur CRINON et bien mérité, par contre la référence au facteur Rigaut est très déplacée, mon grand père était facteur à Mons à la même époque et il considérait qu’il n’était pas un exemple à suivre.

Muge

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

Articles: 389

4 commentaires

  1. C’est un bel hommage à Monsieur CRINON et bien mérité, par contre la référence au facteur Rigaut est très déplacée, mon grand père était facteur à Mons à la même époque et il considérait qu’il n’était pas un exemple à suivre.

  2. Bonne retraite,
    Bien que vous avoir déjà envoyé un petit message
    Je vous souhaite une bonne retraite et espère vous revoir lors d’une petite balade sur votre ancienne tournée.
    Vous resterez pour moi mon unique facteur.
    Mr Olivier walbrou

  3. A l’occasion de sa retraite, nous lui faisons un livre d’or avec les témoignages de ses clients. N’hésitez pas à adresser le votre à michelpartenretraite@orange.fr Merci encore à M. Cadet pour l’article. Les filles de Michel

  4. Je me souviens que le « Facteur Michel » avait assisté à un des spectacles son et lumières au Fort de Mons, en 2007 où 2010. Quand il est entré dans l’arène (les jardins de Thalie), je l’ai fait applaudir par le public, qui l’avait reconnu bien sûr !

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