Portraits croisés, Le Château-Blanc, Mons-en-Barœul (59370)

Portraits croisés, Le Château-Blanc, Mons-en-Barœul (59370)

Cette image, traitée en carte postale colorisée, date probablement de la fin du XIXe siècle.

Quand on quittait Lille en empruntant le pont du Lion d’Or et que l’on arrivait sur le territoire de Mons-en-Barœul, voici ce que l’on voyait. La première maison s’appellait le Château-Blanc. Elle appartenait à la famille Kauffmann. C’était l’une de ces très belles demeures installées dans la commune dans la seconde moitié du XIXe siècle. Lille avec ses industries, son usine à gaz, était une ville très polluée. Ses riches industriels avaient fait construire dans cette commune rurale, toute proche, leurs résidences secondaires ou principales. On respirait le bon air à Mons-en-Barœul, tout en profitant du gaz de ville pour l’éclairage et le chauffage, comme en témoigne ce bec de gaz de l’éclairage public, à droite de la maison. Ces « Châteaux » étaient assez nombreux sur la voie de gauche, alors appelée « Route de Roubaix » , à l’exemple, à gauche de l’image, des grilles du parc du château Vandorpe, érigé en 1840 sur le modèle des demeures aristocratiques du XVIIIe siècle, par Honoré Vandorpe, riche industriel papetier lillois. Sur la voie de droite, la « Rue Saint-Martin », ce n’était qu’une succession de ces « châteaux » appartenant aux riches familles lilloises. La calèche qui emprunte cette voie de droite va probablement rejoindre l’une de ces somptueuses demeures de la rue Saint-Martin, qui, à cette époque, se terminait en cul-de-sac.

Aujourd’hui, au même endroit, la fourche avec ses deux rues qui prennent des directions différentes, existe toujours.

La voie de gauche s’appelle désormais la rue du général de Gaulle et n’est plus guère empruntée pour se rendre à Roubaix. Quant à la voie de droite, il s’agit aujourd’hui de l’avenue Émile-Zola. Elle conduit au cœur du Nouveau Mons avec son hôtel de ville et sa place de l’Europe. À l’heure où a été prise cette photo, c’est très calme : tout juste une voiture ou un vélo de temps en temps. Mais le matin et le soir, à l’heure de l’ouverture ou de la fermeture des bureaux, des files de voitures ininterrompues se pressent. Ces deux artères assurent la liaison entre Lille et Villeneuve-d’Ascq. Le Château Blanc a disparu. Il a été remplacé par un parking décoré par des arbres artistiquement taillés et entourés de béton. À gauche, on voit toujours les arbres et les grilles de feu le château Vandorpe qui se trouvait là. Mais, le bâtiment et une grande partie du parc ont disparu. Ils ont été effacés par la construction dans les années 1980, de la rocade qui passe sous le pont, entre Lille, Roubaix et Tourcoing. L’endroit est désormais un parc municipal : « Les Franciscaines ». À droite, on aperçoit l’un des anciens châteaux de la rue Saint-Martin, le « Château Faucheur ». Aujourd’hui, il a été reconverti comme bâtiment administratif du collège privé Lacordaire.

Bonus :

Au début des années 1950, un curieux photographe circule dans la commune. Il se nomme Henri Chomette. C’est un architecte-urbaniste qui a été mandaté par la Ville pour imaginer sa rénovation urbaine, sous-tendue par une forte demande en matière de logements. Plus tard, Henri Chomette sera le père de la ZUP, inscrite dans un programme de construction des Villes nouvelles des années 1960.

Mais, en 1950, il s’agit d’une initiative purement privée de la mairie de Mons-en-Barœul, qui fait appel à un architecte réputé pour l’aider à réussir sa nouvelle opération de développement urbain. Lorsque le Henri Chomette franchit le pont du Lion d’Or, le Château Blanc qui sépare la rue du général De Gaulle et la rue Emile Zola existe toujours. Il le photographie avec application. Sur le cliché, il ajoute deux lignes en pointillés. Ce n’est pas bon signe pour le Château Blanc. Cela semble indiquer que le promontoire que forme la propriété est un obstacle pour la circulation automobile lorsqu’il s’agit de passer d’une rue à l’autre. La flèche indique que la rue Emile Zola, très peu passante en 1950, deviendra une voie importante après les travaux prévus. Henri Chomette est en grande partie à l’origine de la transformation du paysage constatée en comparant l’image de la fin du XIXe siècle et la photo contemporaine.

Alain Cadet, journaliste
Alain Cadet, journaliste

Il a débuté dans la vie professionnelle comme enseignant. Après avoir coché la case du métier de photographe, il s’est orienté vers la réalisation de films documentaires, activité qui a rempli l’essentiel de sa carrière. Arrivé à la retraite, il a fait quelques films… mais pas beaucoup ! Les producteurs craignent toujours que, passé 60 ans, le réalisateur ait la mauvaise idée de leur faire un infarctus, ce qui leur ferait perdre beaucoup d’argent ! La suite a montré qu’ils se sont peut-être montrés un peu trop frileux, mais cela fait partie du passé. C’est ainsi que l’ancien réalisateur – un peu photographe, sur les bords – s’est mis à collaborer avec différents journaux. Il a aussi écrit des livres sur la guerre de 1914 – 1918 où l’image a une place importante. C’est ainsi que dans ce blog, on trouvera beaucoup d’articles sur des peintres ou des photographes anciens ou contemporains, des textes relatifs aux deux guerres, mais aussi des articles opportunistes sur différents événements. Comme les moyens du bord sont très limités, cela a obligé l’auteur à se remettre à la photographie – sa passion de jeunesse – pour illustrer ses textes. Il ne s’en plaint pas !

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