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La batterie annexe-nord du fort Macdonald ou « Petit fort », 59370
La batterie annexe Nord, occupe une place particulière dans la mémoire des Monsois. Jusqu’aux années 1970 elle était restée accessible. Si elle avait perdu tout usage militaire, elle était devenue un terrain de jeux des adolescents et un but de promenade des habitants du coin.
Entre 1878 et 1880
un fort de « ceinture », destiné à protéger le Camp-Retranché de Lille, va être édifié sur la commune de Mons-en-Baroeul. Il ne faudra pas moins de trois millions de briques pour construire l’ouvrage. Il prend une forme pentagonale comme la plupart de ses homologues. A son sommet est installé un ensemble d’artillerie d’une bonne vingtaine de canons et mortiers dont les 120mm à longue portée (environ 8 km) permettant de “battre” la campagne environnante. Il s’agissait de contrôler, les routes, les rivières, les voies de chemin de fer et d’interdire à l’ennemi de manœuvrer pour s’approcher du Camp retranché de Lille. On trouvera, en lisant le plan ci-dessous les différents endroits vers lesquels étaient pointés les canons du fort.
Mais il pouvait exister des zones, des sortes d’angles morts, qu’il était difficile d’atteindre depuis l’édifice principal. C’est la raison pour laquelle les dispositifs Séré-de-Rivières étaient parfois dotés de batteries annexes complétant la batterie principale. Elles étaient établies en fonction de la configuration du terrain et des mouvements attendus de l’envahisseur. A Mons on a construit deux batteries annexes : celle du Sud et celle du Nord. A Bondues et à Seclin – deux fortifications comparables – il n’existait qu’une seule de ces batteries et aucune à Sainghin comme au Vert Gallant.
Si la batterie Sud a assez vite disparu, la batterie Nord, dite « Petit fort » dans le vocabulaire local, est restée accessible jusque dans les années 1970. Elle fait partie de la mémoire collective des vieux Monsois. Recouverte de terre, elle n’a été détruite qu’en 2011, à l’occasion de la construction d’un lotissement (actuellement rue Paul Milliez). Cette « Batterie annexe » était composée d’une « Traverse-abri » d’environ 9m X 5m à l’intérieur et de deux plates-formes de tir. On ne possède pas de document sur l’artillerie dévolue à cette batterie (90 ou 120mm ?).
Le fort Macdonald n’a jamais servi pour un usage militaire en temps de guerre
et la seule fois où il a été prêt au combat, c’est seulement quelques jours d’août 1914, au moment de l’invasion allemande. Contrairement au fort de Sainghin-en-Mélantois qui a ouvert le feu sur un détachement de Ulhans à cette occasion, le fort de Mons-en-Baroeul, n’a jamais tiré un seul coup de canon !
Laissé à l’abandon par l’armée contrairement au bâtiment principal qui a abrité successivement un détachement colombophile puis une unité de transmissions longue distance, le « Petit fort » est devenu un lieu de promenade pour les petits comme pour les grands. On y accédait par un sentier bordé d’arbres qui aujourd’hui à disparu mais dont on peut encore suivre le tracé en se référant à ces végétaux dont certains sont centenaires.
L’armement du fort (26 pièces d’artillerie) :
6 canons longue portée (8km) de 120mm
6 canons longue portée (6km) de 90mm
4 mortiers de 32
5 canons-revolver Hotchkiss de flanquement de 40 mm
5 12 culasses.
Le « Petit et le Grand fort » dans les années 1950–1960
Par Jean-Yvon Beulque…
Jean-Yvon, désormais habitant de Bersée (59), a passé son enfance et son adolescence à Mons-en-Barœul. Ce « Petit fort », pour lui et ses camarades, c’était un peu leur terrain d’aventures…
Le Fort de Mons, il fallait le mériter car c’était une véritable expédition.
Il fallait constituer une équipe d’aventuriers, à cinq ou à six, afin d’avoir du répondant, en cas de mauvaise rencontre avec la bande rivale du quartier voisin. Le Fort de Mons était à deux ou trois kilomètres par une petite route à travers champs, des petits raccourcis entre les cultures de blé. Nous partions juste après le déjeuner avec l’assurance donnée aux parents « de ne pas rentrer trop tard ». Ça ne nous engageait pas trop ! Courage au cœur et sac au dos, casquette vissée sur la tête, d’un pas décidé, en colonne par deux, le groupe s’ébranlait, rameutant parfois au passage quelques retardataires, envieux de notre équipée : direction la rue Jean-Jacques-Rousseau ! Bien vite, nous bifurquons à droite pour nous glisser dans le champ de Potier, le fermier, qui a eu la bonne idée de terminer ses moissons pour nous laisser libre accès. En file indienne, nous nous faufilons entre les gerbes de blé en cours de séchage et coupons en plus court pour rejoindre la rue Jean-Jaurès, que nous atteignons par l’intermédiaire d’un petit chemin que seuls les initiés connaissent.
Au bout de la rue des Prévoyants, nous nous aventurons à travers les champs de Barbry pour rejoindre la rue du Quesnelet et emprunter le chemin du Fort, serpentant dans la plaine et nous permettant d’éviter la route pavée et tortueuse qui mène au Grand-fort. Au débouché d’une petite route en pavés, il y avait d’abord “la Guinguette”, petite masure basse d’où s’échappaient les flonflons d’un orgue mécanique… un lieu hanté par les ouvriers agricoles du coin, les familles, le dimanche et, surtout, par les bidasses qui tenaient garnison dans la partie principale qui s’ouvrait face à la route par un portail majestueux, desservi par un pont-levis enjambant les douves.
Bien plus tard, en septembre 1960, lors de mon service militaire, en garnison à Amiens, j’ai eu l’occasion de découvrir le Fort de Mons de l’intérieur. J’étais alors sous-officier et me trouvais oisif entre deux périodes d’Instruction. Notre Commandant d’unité organisait un transfert de matériel : trois « bahuts » remplis de tables, de chaises de, plumards à ramener dans une belle journée de balade. Départ à l’aube de la caserne et arrivée à Mons en fin de matinée, repas au mess en attendant le chargement des véhicules… et … direction Amiens sur le coup de quinze heures...
Un petit chemin serpentant sous d’immenses saules nous amenait à notre « terrain d’aventures », à l’emplacement d’une ancienne redoute désaffectée, une voûte de briques recouverte de terre, s’ouvrant à l’air libre par une cheminée, ceinturé de fossés bordé de taillis propices à toutes les embuscades, jeux de cache-cache etc. Une esplanade gazonnée, sur le devant, permettait la pratique de tous les sports de balle et en particulier de notre foot favori. Nous passions là de formidables après-midi, alternant toutes sortes de jeux, en inventant bien souvent, parties de foot, jeux de foulard, parties de cartes et aussi parfois un petit roupillon en mâchonnant un brin d’herbe. Sur le coup de seize heures, c’était la pause pour avaler nos provisions et tenter de se désaltérer avec le coco qui a pris un coup de chaud et s’est imprégné de l’aluminium de la gourde. Reprise des activités et vers dix-huit heures. Il est temps de rentrer, sinon, nous aurons droit à « un sermon ». Vivement jeudi prochain, si le temps et les parents le permettent…
Pour compléter…
Le fort Macdonald de Mons-en-Barœul (59370), un outil innovant pour la défense du territoire, II/IV