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Un nouveau chantier, situé à la limite des communes de Marcq en Barœul et de Mons en Barœul remet dans la lumière cette zone de la ville qui il y a quelques décennies était encore un charmant coin de campagne.

On vient d’y démolir la vieille maison du gardien et l’entreprise Goossens, qui avait colonisé les lieux dans les années 70. Auparavant, au bout d’un magnifique chemin bordé d’arbres, on découvrait le château de la Pilaterie et sa ferme éponyme. Tandis que le château appartenait à la famille Scrive, la ferme était exploitée par la famille Rousselle. Gustave Scrive et Anne-Marie Rousselle se marièrent. Gustave, excellent photographe a tenu sans le savoir la chronique en images de la ferme et du château. Anne-Marie nous a transmis les clichés et nous les a commentés. L’ensemble donne une idée de ce qu’était ce lieu dans les années 50 et 60.

Avant d’être la maison du gardien des entreprises Goossens, l’antique bâtisse récemment mise à bas était le logement de la cuisinière. On n’y était à l’étroit mais tous les habitants du château et de la ferme aimaient s’y retrouver, toutes générations confondues, pour partager un excellent repas mitonné par la maîtresse des lieux.
La vie à la ferme, dans les années 50 ou 60, n’avait guère varié par rapport à ce qu’elle était au début du siècle. On labourait, ont moissonnait avec des chevaux. Ils s’appelaient Joli et Gamin. C’était Jean le père d’Anne-Marie ou les ouvriers agricoles qui les conduisaient. À la ferme de la Pilaterie on cultivait le blé, l’orge, l’avoine, les betteraves et la pomme de terre.

À la maison, Clotilde, la mère d’Anne-Marie faisait la cuisine pour toute la maisonnée. La « cuisinière » était le centre stratégique de l’endroit. Elle servait à la fois de chauffage, de four, de moyen de faire cuire les aliments, bouillir l’eau du café, maintenir la bonne température le fer à repasser et la bouilloire. On y réchauffait aussi les briques réfractaires que l’on glissait dans le lit, au moment de se coucher pour avoir moins froid.
Avant les années 60, il y existait 15 fermes sur le territoire de la commune, mais le développement urbain allait sonner le glas de ce petit coin de paradis champêtre. La ferme et le château furent expropriés en 1963. On les rasa pour y construire une partie de la ZUP et de la zone industrielle de la Pilaterie. Cela permit également à la brasserie Heineken voisine de pouvoir s’agrandir.

L’an dernier, avenue Émile Zola, le dernier vestige agricole de la commune qui appartenait à la ferme d’Halluin a été rasé pour laisser place à un programme immobilier. Tant et si bien qu’il ne reste absolument plus aucune trace du passé agricole de cette ville, jadis entourée de campagne.
Alain Cadet