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Salah ben Salah est une figure monsoise.
On l’aperçoit souvent, avec son fauteuil roulant, sillonnant les avenues du nouveau Mons ou la rue du Général De Gaulle où il a ses habitudes, au Saint Claude, près de l’ancienne mairie. En cette période électorale, il est souvent au marché, le dimanche matin. Il y distribue des tracts pour le Parti Socialiste. « Mon père était socialiste », explique-t-il, « j’ai continué la voie qu’il avait tracée. Il avait fait la guerre de 14 -18 et aimait beaucoup la France. Dans les années 20, il a fondé une famille, en Tunisie. Je suis son dernier enfant. Juste avant de mourir il m’a dit : « Pars pour la France. C’est beaucoup mieux pour toi ». J’ai suivi son conseil je me suis retrouvé ici, seul, à l’âge de 19 ans ».
Salah exerce divers métiers : ouvrier dans une ferme puis dans le bâtiment… ambulancier. Familier du CHR, il y obtient un poste. Ce sera le dernier de sa carrière. Un jour, à l’hôpital, il tombe dans l’escalier : « C’était quelque chose de banal», explique-t-il. « Je pensais pouvoir reprendre très vite le travail. Administrativement, j’ai été déclaré « en arrêt maladie ». Mais au lieu de guérir, mon état empirait. Mes jambes gonflaient et j’étais de plus en plus malade. Un jour, ce sont les pompiers qui sont venus m’évacuer de la maison. Ils m’ont transporté, dans la clinique la plus proche. Les médecins ne savaient pas trop ce que j’avais et mon état empirait. Au bout d’un long moment on m’a envoyé à l’hôpital Salengro».
Salah connaît le professeur qui s’occupe de lui. Il le voit désolé de devoir lui annoncer qu’un de ses membres est gangrené et qu’il va devoir procéder à une amputation : c’est le prix à payer pour qu’il reste en vie. Salah ne pourra plus jamais travailler. « Quand je suis allé un peu mieux», poursuit Salah, « je me suis aperçu que, parmi tous les papiers que j’avais signés, se trouvait ma demande de mise à la retraite anticipée ». Ce n’est pas sans conséquences. Il lui manque quelques années de cotisations pour prétendre à une retraite à taux plein. Actuellement il ne touche que 560 euros par mois.
Salah a entrepris beaucoup de démarches auprès de son ancien employeur et de la CRAM pour que cette décision puisse être annulée. « Il n’y a rien à faire », regrette-t-il, « je n’aurais jamais dû signer ce maudit papier. Je n’ai plus qu’un recours : m’adresser au Président de la République. J’ai écrit à Nicolas Sarkozy. Je vais recommencer avec François Hollande. Je me bats pour vivre. Je me suis toujours battu depuis que je suis arrivé, seul, en France. Il y a quelques années je me suis remarié et j’ai désormais une petite fille de sept ans. Je voudrais que, même s’il m’arrivait quelque chose, ma femme puisse l’élever correctement. J’espère que le nouveau Président voudra bien se pencher sur mon cas. Le nouveau gouvernement parle beaucoup de justice sociale. J’espère qu’il tiendra parole et qu’il aura une petite pensée pour moi. »